Politique

Urgente constituante

Publié le 24 avr. 2025 à 09:08 | Écrit par
Un radis noir
| Temps de lecture : 04m32s

Ces derniers jours ont vu deux poids lourds de la vie politicarde française se manger le mur de la justice en pleine tronche : Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. Parmi leurs points communs, des discours récurrents autour de la “tolérance zéro” face à la délinquance, du laxisme de la justice, du désir de peines planchers automatiques, de la restauration de l’autorité et autres postures moralisatrices si chères à la droite. Par souci de place, on laissera le soin au lecteur gourmand d’aller rechercher leurs déclarations fameuses et plus que jamais risibles dans la mémoire d’Internet. 

Réactions d’une large part des gros acteurs politico-médiatiques de droite : indignation, scandale, dénonciation de “mise à mort politique”, du “gouvernement des juges”, de l’atteinte à la “démocratie” et à la “liberté des électeurs” de pouvoir voter pour leur ordure favorite, etc. Bref, le deux poids deux mesures si caractéristique de la mentalité de droite. 

Mêmes types de réactions de l’espèce d’internationale fasciste qui a actuellement le vent en poupe : la solidarité n’est manifestement pas l’apanage de la gauche. D’autant que les casseroles judiciaires semblent clairement faire partie du kit de base de tout leader d’extrême-droite, quelle que soit la latitude. 

Quant à la gauche française, elle est – là aussi – divisée sur le cas Le Pen. Cocos, écolos et socialos saluent cette décision en rappelant l’égalité devant la loi et la justice et en rappelant l’importance de la séparation des pouvoirs. Tandis que les insoumis prennent acte du verdict tout en “refus[ant] par principe que le recours soit impossible pour un justiciable” (ce qui n’est pas le cas en l’espèce) et affirme crânement que LFI “n’a jamais eu comme moyen d’action d’utiliser un tribunal pour se débarrasser du Rassemblement National” et qu’elle le combattait “dans les urnes comme dans la rue, par la mobilisation populaire du peuple français, comme [...] lors des élections législatives de 2024”. 

Quoi qu’on pense de la présomptuosité de cette dernière position (car si feue la coalition du NFP est arrivée en tête en 2024, le RN est bel et bien le premier parti de l’hémicycle et connaît une dynamique fulgurante), il ne faudrait pas se réjouir trop vite de la mise à l’écart (encore virtuelle) de MLP pour la prochaine élection présidentielle. Les discours désormais de plus en plus assumés des droites contre l’État de droit montrent que les patients et répétés coups de boutoirs contre lui le feront très probablement bientôt chuter, et peu importe au profit de qui : macronistes, LR, RN, peu importe la nuance de droite autoritaire, nous en serons les victimes, nous, en bas et à gauche. 

Et c’est ici que l’on pense à Hamlet et Lénine : Que faire ou ne pas faire ? Telle est la question ! 

On peut faire comme d’habitude et attendre bêtement la prochaine élection, en faisant semblant de ne pas voir que la dernière décennie a été gâchée par les gauches qui n’ont pas été foutues de construire quelque chose de solide pour combattre efficacement les droites et leurs politiques délétères. On a bien eu quelque espoir avec la NUPES et le NFP, mais bon, apparemment les partis de gauche semblent partisans d’une stratégie shadock et croire que plus ça rate, plus il y a de chances que ça réussisse. Avec beaucoup de chance, les appétits des iznogouds de droite se concurrenceront et permettront cette fois de se faufiler dans le fameux “trou de souris”. Mais la normalisation et la centralisation progressive du RN ne garantit absolument plus qu'il perdrait au second tour face à une gauche même très molle. 

Ou alors on peut enfin prendre le taureau constitutionnel par les cornes et œuvrer à la mise en place d’une Assemblée Constituante populaire pour enfin mettre à bas cette foutue Cinquième bonapartiste. 

De toute façon, cette république est à bout de souffle, et l’éclatement de la scène politique ne permet même plus à la bourgeoisie de mener sa barque en père peinard sur la grand mare des connards. Le problème n’est donc pas de savoir si un changement de Constitution (partiel ou complet) aura lieu, mais quand et comment il aura lieu. 

Si c’est la droite bourgeoise qui est à la manœuvre, on aura droit à une approche bien technocratique et anti-démocratique, et au final à une Constitution sur mesure pour conserver le pouvoir et ses avantages malgré la volonté du peuple ; une sorte de merde à la sauce européenne comme le TCE où l’on conservera l’ultime artifice pseudo-démocratique : des élections qui ne servent à rien d’autre que donner le change. 

Si c’est la droite “populiste” (ou plutôt plébiscitaire) et raciste qui conduit le projet, ce sera peut-être sensiblement pire pour monsieur et madame tout le monde, mais ce sera hardcore pour qui est trop à gauche, trop contestataire, ou tout simplement trop pas dans la norme (et Michael Jackson pourrait témoigner de la difficulté de rentrer dans la norme niveau couleur de peau). 

Alors il faut que ce soit la gauche qui prenne l’initiative d’une Constituante. Mais il faudra qu’elle fasse l’effort d’être moins conne et sectaire que d’habitude, faute de quoi elle sera minoritaire et on risquera de se prendre le boomerang en pleine gueule. Alors exit les postures des puristes à la con qui se croient au-dessus de tout le monde. Il va falloir aller discuter avec toutes les composantes du peuple français, avec humilité et ouverture. Il va falloir sérieusement travailler et œuvrer avec intelligence et réalisme pour le bien commun. Il va falloir se mobiliser et mobiliser en masse. La bonne nouvelle, c’est qu’on a déjà fait ça il y a 20 ans. On peut le faire. On doit le faire. 

Et pour commencer, on peut signer et faire signer la pétition “Pour la 6e République - Pour la convocation d'une Assemblée Constituante” déposée par LFI et accessible sur le site dédié de l’Assemblée nationale : 

https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives/i-2793 



À propos de l'auteur(e) :

Un radis noir

Être radical, ce n’est pas être extrémiste ni fanatique : c’est s’intéresser à la racine des choses… À la racine des mots, pour pouvoir aiguiser les idées et les concepts… À la racine des maux, pour pouvoir espérer y remédier.

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