Alors ? « C’est pas exclu », « on verra plus tard » ou « c’est tout vu » ?
N’étant moi-même pas encarté, cette rencontre entre partis, je n’y étais pas vraiment convié. Les collègues des « écologistes » avaient profité du manque de clarté de l’invitation qui parlait de « Groupe vert » pour m’y associer et faire en sorte qu’il y ait un autre membre du collectif. Le PCF nous avait informés qu’il avait déjà été sollicité pour une rencontre plusieurs mois avant, pour tenter de l’extraire de la démarche unitaire de ce qui est devenu ensuite « Dole, naturellement ! ».
Malgré des incitations répétées au PS dolois pour continuer à travailler ensemble au-delà des instances et du mandat actuel, il avait officialisé en septembre 2024 qu’il ne s’impliquerait pas dans le travail commun entrepris par l’opposition doloise. Il prétextait alors travailler de son côté pour faire des propositions plus tard. Depuis, il y a eu plusieurs relances, puis des questions pour clarifier certaines attitudes lui avait été aussi adressées. Et puis, malgré les liens maintenus opportunément pour préparer les conseils municipaux, il y a eu l’impossibilité à la dernière minute de participer à la cérémonie des vœux des élus de l’opposition (tout en affirmant dans la presse soutenir la démarche du collectif citoyen) ; l’absence de publication de la vidéo commune des vœux (tout en ayant participé au tournage du clip) ; l’annulation 3h avant la réunion, de leur participation à une rencontre entre militants politiques du Grand Dole, après que leur chaperon en ait eu vent…
Ce matin de mi-mars, ils étaient bien là, pour finalement répondre à nos interrogations légitimes. Leur chef de file a rappelé qu’il était encarté depuis mon année de naissance et que, de cette expérience, il ne connaissait que le « rapport de force entre partis » et « ne comprend pas le collectif citoyen », le fait « que ce ne soit pas les partis qui donnent des places sur une liste ».
Voilà donc le nœud du problème : alors que le collectif fait la part belle aux compétences des personnes tout en respectant leur appartenance politique, le porte-parole de la section grand doloise du PS (4 votants au dernier congrès) a exprimé au contraire que cette appartenance prévalait pour constituer une équipe. Il estime son parti redevenu hégémonique et veut pouvoir attribuer des places aux municipales, en faisant valoir le score de Place publique aux européennes (un peu moins de la moitié des voix de la gauche à Dole). Propagande malhonnête ou clair manque de contextualisation : oserait-il prétendre que le candidat LR local ne pourrait espérer que les 9 % de Bellamy, ou même 23 % si on y ajoute le score de la liste macroniste ? J’ai voulu leur rappeler le résultat, dans une campagne bien plus locale, de 5 % avec leur candidature dissidente à l’union de la gauche aux législatives. Mais « l’eau a coulé sous les ponts », le comportement de leur candidate est devenu problématique même pour eux, les relations ont été interrompues, et la responsabilité de l’échec électoral à mettre à son compte…
Avant que nous nous quittions, notre collègue a défendu deux points de vue opposés puis a insisté sur le fait « qu’on ne doive pas montrer notre division au conseil municipal ». Nous avons confirmé que ce n’était pas notre intention mais redit qu’à force d’absences de sa part, cela finirait par se voir. Finalement, les trois mêmes font étalage dans la presse six semaines plus tard de divers points de vue dans leur propre camp : le premier dit que monter une liste dissidente n’est pas exclu, le conditionnel reste toutefois de rigueur et il n’y a pas d’échéancier. La deuxième croit qu’il y a bien un calendrier, c’est le résultat de leur congrès de juin qui décidera les choses. Le troisième annonce déjà qu’ils justifieront cette liste par une consultation locale sur les réseaux sociaux, média qui, en plus d’avoir l’avantage d’une économie de moyens militants, permet de collecter les avis de la droite et de l’extrême droite qui s’empresseront, eux aussi, de tout faire pour écarter une liste unitaire à gauche.

À propos de l'auteur(e) :
Nicolas Gomet
Scientifique polyvalent et explorateur des institutions locales.