Politique

Débloquons-nous

Publié le 23 sept. 2025 à 18:46 | Écrit par
La Rédac'
| Temps de lecture : 04m35s

Discours de manif prononcé à Lons-le-Saunier le jeudi 18 septembre

Jusqu’à présent, à quoi ont servi les manifestations ? A rien !

A quoi veut-on qu’elles servent ? A tout !

Aujourd’hui nous ne manifestons pas. Nous tournons en rond, dans le centre-ville, encadrés et surveillés par la police, par la préfecture, par l’Etat, par le pouvoir.

CE qui se manifeste, c’est la routine éculée et fade de notre impuissance et de notre résignation, de vaines promenades sous l’œil attentif et jaloux des autorités, du pouvoir, de la police. Nous pouvons « dire » notre mécontentement, mais c’est tout, et encore, nous n’avons même plus les mots.

Ceux qui protègent les milliardaires et les grandes multinationales, sont les mêmes qui nous promènent comme un berger ses moutons, les caméras et les flingues en plus.

Aux manifestations des retraites nous étions jusqu’à quatre millions dans les rues, l’opinion publique nous était acquise.

Quelle a été la réaction du pouvoir ? Du président Macron ? Du gouvernement ? Rien. Ils et elles ont continué leur politique, car ils et elles ne veulent que continuer leur politique. Quitte à mutiler, à emprisonner, à tabasser.

Jusqu’à présent, à quoi ont servi nos manifestations ? A pas grand-chose !

A quoi veut-on qu’elles servent ? A changer quelque chose.

Quelle est la réaction du pouvoir ? De quoi avons-nous peur ? De qui avons-nous peur ?

Quand l’ancien monde tarde à mourir, que le nouveau tarde à naître, c’est dans cet intervalle que les monstres naissent. Le nôtre n’a pas encore de nom, mais son visage est connu. Macron, Lecornu, Bolloré, Faure, Hollande, Borne, Le Pen et compagnie, la liste est en fait assez courte pour désigner cette clique de parasites, ces vampires qui sucent la sève de l’avenir, nous précipitent dans le chaos, la destruction du vivant, la guerre. Bien sûr qu’ils et elles ne sont pas seuls. Le fascisme américain, russe ou chinois sponsorise nos propres vermines. Mais toutes ces mafias, ces bandits en costume qui pillent et qui violent impunément depuis des siècles, se retrouvent finalement tous et toutes sous le même uniforme : celui de la police et de l’armée.

Souvenons-nous de ce Lecornu, qui n’a pas cessé une seconde d’être ministre depuis 7 ans, ami intime d’Alexandre Benalla, qui se déguisait en flic pour tabasser des manifestants.

De quoi avons-nous peur ? De qui avons-nous peur ?

De la police. De l’armée. De ceux qui commandent cette force d’occupation et de domination sans précédent.

Et quand on voit déployer, tel un cancer généralisé, un tel dispositif, plus de 80 000 policiers et policières, sans compter les espions, les bureaucraties, les nervis, nous devons à notre tour nous poser la question.

De quoi ont-ils peur ? De qui ont-ils peur ?

Ils et elles ont peur de la vérité. Ils et elles ont peur de la paix et de la justice. Ils et elles ont peur de la liberté, de l’égalité sociale, de la fraternité et plus encore de la sororité. Ils et elles ont peur de nous. Car, mieux que nous, ils et elles savent qu’à l’instant, à la seconde où les habitant.e.s de France se solidariseront, ils et elles perdront leurs privilèges. Leur pouvoir. Ils et elles seraient comme nous. Et c’est insupportable pour ce corps étrangers qu’est la bourgeoisie.

Ils et elles ont peur de nous, ils et elles ont peur de nos rêves, de nos désirs, de notre dignité.

C’est pour ça qu’ils et elles n’auront de cesse de nous diviser, de nous contrôler, de nous manipuler et, si nous nous unissons, si nous nous indignons, si nous essayons de bloquer, ils et elles nous réprimeront, impitoyablement.

Nous avons peur mais nous sommes également en colère. Et en espérance. Car derrière ce mur de police. Derrière les lacrymogènes et les armes de l’Etat, il n’y a pas d’autres murs.

Il n’y a qu’un bourgeois qui remplace un autre bourgeois. L’un qui couvre ses amis pédocriminels, l’autre l’arriviste mafieux qui dine chez Le Pen et chez les trafiquants de drogue.

Mais ce dernier, le Lecornu, c’est l’ultime provocation. C’est l’aveu du choix irresponsable de se mettre dans la main du fascisme, de l’Etat policier et raciste, du masculinisme et du militarisme le plus crasse. Regardez cette classe politique corrompue et décadente qui ne tient que par sa police.

Regardez cet ultime mur que forme la police pour protéger un pouvoir inique et décadent. Ce mur, aujourd’hui nous le contemplons. Ces hommes et ces femmes derrière l’uniforme, seraient-ils et elles vraiment prêts à frapper, à tirer, si nous allions demander des comptes à monsieur le préfet ? A l’ami intime de l’ignoble Retailleau ? Nous sommes plusieurs milliers aujourd’hui dans la rue. Si nous le voulions, nous prendrions la préfecture comme nos ancêtres ont pris la Bastille. Dans la ville de Rouget de l’Isle, si nous voulions, nous écririons un nouveau couplet de la Marseillaise.

Ce n’est pas les flics qui nous empêchent d’aller chercher le préfet par la peau des fesses. C’est nous. C’est notre peur. C’est notre doute.

Nous devons bien sûr faire grève. Nous devons bien sûr continuer de nous organiser. Dans les syndicats, dans les partis, dans les groupes autonomes. Nous devons continuer les assemblées citoyennes pour monter collectivement en conscience comme ce soir à la maison du peuple vers l’ancienne caserne de pompiers. Mais nous devons avoir conscience que ce genre de manifestation ne fera pas reculer d’un pouce un pouvoir déterminé aux pires extrémités. Il y aura une prochaine intersyndicale car les bureaucraties syndicales sont en difficulté pour proposer d’autres formes de lutte. Le problème sera le même, mais peut-être nous, aurons-nous changés.

A défaut de pouvoir tout bloquer, débloquons-nous. Débloquons-nous, commençons à envisager le pouvoir pour ce qu’il est, l’ennemi du peuple. Débloquons-nous et commençons à envisager nos manifestations pour ce qu’elle doivent être : un moment révolutionnaire.

A la prochaine manifestation, monsieur le préfet, peut-être que ce mur de flics qui est en nous sera surmonté. Peut-être que nous prendrons la préfecture. Et vous devrez rendre des comptes.



À propos de l'auteur(e) :

La Rédac'

Donner la parole à ceux qui ne l'ont pas, voilà une noble cause ! Les articles de la Rédac' donnent le plus souvent la parole à des gens que l'on croise, des amis, des personnalités locales, des gens qui n'ont pas l'habitude d'écrire, mais que l'on veut entendre...

Lire plus’

Le 10 septembre, tous à la BASE !

04/09/2025 08:38
Christophe Martin

Brèves d’ici et d’ailleurs

13/09/2025 08:54
La Rédac'

Lordon, affects, nation, etc.

01/09/2025 20:59
Un radis noir

Retrouver notre jeunesse.

21/09/2025 12:11
Robot Meyrat
Agenda’
03
oct.
Etoffe de philosophe fait sa rentrée
MJC rue Sombardier
19h00
Réflexion sur l'engagement par Anthony Monot et Stéphane Haslé
05
oct.
Troc à troc
Place de la Concorde, Damparis
08h00

Fin de l'évènement le 05 oct. à 17h00

05 oct. 17h00
Troc à troc propose d'échanger des affaires ou de venir montrer son savoir-faire, le tout...
09
oct.
Palestine au Coeur
Le Majestic, Dole
20h00

Fin de l'évènement le 13 oct. à 22h00

13 oct. 22h00
Festival du film palestinien, une manière de soutenir les Palestiniens en restant dans son fauteuil