Soutien total aux ayatollah iraniens
Le titre est putaclic, mais je pense que si les islamistes ont voulu interdire la musique en Iran en 79, c’était qu’ils avaient des renseignements solides, trois ans à l’avance, sur les projets de Jack Lang pour transformer chaque 21 juin en grand concours de la nuisance sonore. Je savais déjà que la Fête de la Musique avait mauvaise réputation, et des rares fois où j’y ai assisté enfant à Bourgoin, il me restait un vague souvenir de beuveries et surtout d’un vacarme infâme. Depuis, j’ai toujours esquivé plus ou moins volontairement cet événement, car la foule et le bruit, c’est vraiment pas pour moi. Mais cette année, impossible d’y échapper, car depuis un an, j’ai quitté la Bedugue et j’ai emménagé dans la Grande Rue. Pour me rassurer, je me suis dit qu’en 20 ans, ça avait dû changer, et les organisateurs avaient sûrement compris que c’était une mauvaise idée de mettre quatre groupes au style totalement différent à quelques mètres de distance avec d’énormes amplis. J’ai vite déchanté quand j’ai vu DJ Oldskool (on devrait toujours se méfier quand il y a un K dans le pseudo) installer sa table de mixage et ses enceintes au Cercle des Arômes, alors qu’à exactement 40 mètres, une scène s’apprêtait à accueillir deux groupes de chanson française et pop rock, avec des baffles encore plus imposantes. Résultat évident : une bouillie insupportable. Il faut tout de même reconnaître le professionnalisme du DJ, capable de s’ambiancer comme si de rien n’était au milieu d’un chaos sonore total, faisant mine de produire quelque chose de cohérent. On me traite parfois de rabat-joie, mais j’ai remarqué que ceux qui font ce reproche n’habitent que rarement en centre-ville, et quand ils en ont marre, eux, peuvent tranquillement rentrer dormir dans leur paisible zone pavillonnaire. Nous, ça a duré jusqu’à 3h00 du matin. Pourtant, je ne suis pas fermé d’esprit et je suis même favorable au maintien de la Fête de la Musique, mais à une condition : on interdit les amplis et on autorise uniquement des instruments acoustiques. Ce serait déjà plus fidèle à l’idée de musique qu’un DJ un peu beauf qui balance des boucles électroniques à fond en essayant tant bien que mal de couvrir de tapage de chanteurs approximatifs qui beuglent à côté, sans qu’on sache bien si c’est encore de la musique ou juste le bruit des balayeuses de voirie.

À propos de l'auteur(e) :
Léandre
Néo-dolois radicalisé. Je dessine des personnages avec des gros yeux.