Mode sombre

Le Miradole a rencontré le musicien jurassico-folk Alexis Jacob dont la garde-robe s’étoffe d’une nouvelle casquette en ce début d’année 2020. JiM sort ces jours-ci un premier album six titres. Alexis Jacob y retrouve son vieux comparse Etienne Martin (Kerplunk, Barbershop) sans abandonner pour autant Chloé Alibert avec qui il poursuit l’aventure Adamsberg & Coco. On vous raconte tout ça pour ne pas que vous vous perdiez en route. Micro!

 

LE MIRADOLE.- Autodidacte ou Conservatoire?

ALEXIS JACOB.- Je n’ai pas fait le Conservatoire. J’ai pris quelques cours de piano à 9-10 ans avec François Chapuis. J’étais pas un bon pianiste. J’étais assez laborieux mais ça m’a donné les bases et puis du coup, ça m’a beaucoup servi après. C’est des choses que tu emmagasines sans forcément savoir bien faire au début. Mais en fait, c’est des connaissances que tu gardes en toi et qui peuvent te servir une fois que tu as un peu plus de maturité musicale.

LE MIRADOLE.- Tu n’as donc pas fait partie d’une chorale et pourtant tu es dolois d’origine?

ALEXIS JACOB.- Oui, 100% dolois.

LE MIRADOLE.- A Dole, faut le faire pour éviter le Conservatoire, les CHAM, les Caves…

ALEXIS JACOB.- Après… je suis un peu vieux. A l’époque, je sais même pas si les CHAM existaient déjà.

LE MIRADOLE.- Mais le Conservatoire existait tout de même.

ALEXIS JACOB.- Oui, mais mon père était jazzeux et avec François, c’était plutôt du piano jazz. C’était un peu plus libre comme jeu.

LE MIRADOLE.- Alors comment est-e que tu débutes dans ce qu’on va appeler la folk si du moins, tu as toujours été dans la pop folk?

ALEXIS JACOB.- Non pas du tout. Mon premier groupe, c’était Kerplunk. On était au milieu des années 90, début 2000, avec des influences Korn, Deftones ou en metal français Mass Hysteria avec des samples. Alors là, j’étais à la guitare, c’était vraiment punk metal. 

LE MIRADOLE.- Du gros son, quoi!

ALEXIS JACOB.- Oui, du gros son. On a vite arrêté les études, on était suivi par un manager et un producteur. On est parti sur les routes avec pendant une bonne dizaine d’années jusqu’en 2003-2005. On était très jeunes, on a commencé à 15 ou 16 ans.

LE MIRADOLE.- Vous aviez décidé de tout plaquer pour faire de la musique?

ALEXIS JACOB.- Ouais, ça s’est fait comme ça, on n’était déjà pas très studieux. C’était une bonne excuse. J’étais pas un bon exemple au niveau scolaire et après, je m’en suis un petit peu voulu quand je me suis re-formé. Mais voilà, on est parti sur les routes, on a fait pas mal de beaux concerts, de belles salles, et ça nous a donné un petit peu de bagage, on va dire. On était très jeunes. Alors, tu mets cinq jeunes gens sur les routes comme ça et tu imagines les conflits humains, les diverses expériences que tu peux faire. Donc, on était fatigué à la fin, fatigué humaine ment et aussi physiquement peut-être. En 2003 ou 2005, j’ai plus la date exacte, je suis monté sur Paris avec une amie à moi et on a monté Alice in Berlin qui était un projet folk…

LE MIRADOLE.- Il me semble avoir vu un clip où vous êtes dans une petite boutique…

ALEXIS JACOB.- Ah oui, il doit y avoir des trucs qui trainent sur Youtube.

LE MIRADOLE.- Et pour Kerplunk, y a encore des traces?

ALEXIS JACOB.- J’ai vu qu’il y a quelqu’un qui a mis en ligne l’album « Brotherhood ».

LE MIRADOLE.- Tu composais?

ALEXIS JACOB.- Dans Alice in Berlin, la chanteuse écrivait ses textes, en français principalement, elle avait des notions de guitare, elle écrivait un petit peu, je faisais beaucoup d’arrangements. Sinon je lui proposais des parties de guitare et du coup, elle mettais le chant dessus. C’est ça qui était le plus formateur pour moi au niveau folk, chanson française et tout ce qui était musique acoustique. J’ai troqué la guitare électrique metal contre une guitare folk. Et c’était très intéressant.

LE MIRADOLE.- Tu chantais alors?

ALEXIS JACOB.- Non, je ne chantais pas du tout. Dans le groupe précédent non plus. Je me suis mis à chanter quand j’ai écrit les chansons qui ont donné le début d’Adamsberg & Coco. Je suis resté 9 ou 10 ans sur Paris. Alice in Berlin s’est arrêté au bout de 8 ans et les deux dernières années, j’ai enregistré et j’avais découvert tout ce qui était un peu logiciels à la maison. Je faisais ce qui était un peu un journal intime musical. Je n’aurais jamais crû que ça allait sortir. Alors j’écrivais mes morceaux et je posais mes voix dessus sur l’ordi. Et quand je suis rentré à Dole en mars 2015, j’ai fait la rencontre de Chloé en juillet.

LE MIRADOLE.- Donc tu es resté à Paris de 2005 à 2015 en gros…

ALEXIS JACOB.- C’est ça. Et entre temps, on avait remonté un truc après Kerplunk qui s’appelait Barbershop. Là, c’était plus du rock. C’était en 2012 mais ça n’a pas duré parce qu’Etienne avec qui je fais JiM était sur Paris aussi, on écrivait des chansons en guitare-chant et les autres étaient sur Besançon. C’était très compliqué, énormément d’amendes de train, du coup, pour les allers-retours, c’était très compliqué. On a arrêté parce que c’était techniquement pas possible. Et delà, en juillet 2015, j’ai rencontré Chloé, je lui ai fait écouter les morceaux que j’avais faits sur mon ordi et je lui ai demandé si elle pouvait chanter ce que moi, j’avais chanté et ça s’est fait tout de suite. Ensuite, Chloé a participé à la création.

LE MIRADOLE.- On en arrive donc doucement à ton dernier projet… Ça a germé quand?

ALEXIS JACOB.- Etienne et moi, en fait, on se connait depuis la naissance. Nos parents se connaissaient avant qu’on soit né. On a été élevé comme des frangins. Quand j’étais parti à Paris en 2005, lui, il est resté à Londres et quand il est revenu sur Paris, tout de suite, on s’est retrouvé et on a continué les discussions comme si on s’était quitté la veille. Et du coup, on n’a pas besoin de se parler pour savoir ce qu’on aime et ce qu’on veut. On s’influence les deux.

LE MIRADOLE.- Musicalement, c’est vachement important.

ALEXIS JACOB.- Oui, c’est vrai. Je pense qu’on arrivait tous les deux à une certaine maturité musicale, entre guillemets, sans prétention tu vois, et on a commencé à écrire. Ça date d’avril 2019. On a écrit un ou deux morceaux. Et puis on s’est dit qu’on allait les enregistrer. Yoann Bernard…

LE MIRADOLE.- Ton « monsieur son »?

ALEXIS JACOB.- C’est ça. Et qui du coup va faire partie intégrante du groupe: il va faire des claviers et puis les choeurs en concerts. C’est lui qui nous a proposé d’enregistrer chez lui et puis quand il a entendu les morceaux, il nous a dit: tiens! vous pourriez pas en faire un troisième? Puis après un quatrième, un cinquième. Et puis on va sortir un six titres dans la première quinzaine de janvier.

LE MIRADOLE.- Du coup, vous formez un trio?

ALEXIS JACOB.- On veut garder la formule duo où Etienne et moi, on peut faire les concerts les deux. Mais on est en train de monter le groupe qui va nous suivre dès qu’on aura des dates un peu plus importantes.

LE MIRADOLE.- C’est comme les formations de jazz à géométrie variable.

ALEXIS JACOB.- Voilà. j’aime bien que ce soit « flexible », entre guillemets. Brainans nous a contactés pour jouer au mois de septembre dans une médiathèque à Voiteur. Il y a peut-être un festival qui nous a demandés fin août. Il y a des choses qui tombent un peu comme ça. C’est assez motivant et gratifiant pour nous de savoir qu’il y a… peut-être pas une attente… mais une curiosité autour de ça. Surtout pour Etienne parce que ça faisait plus longtemps que moi qu’il n’avait pas fait de concert. Ça lui redonne envie de se remettre un petit peu dans le bain. On veut être maitres du projet tous les deux. C’est ce qui avait peut-être été compliqué à la fin avec Barbershop. Une forme de démocratie participative dans un projet musical, ce n’est pas forcément idéal… paradoxalement.

LE MIRADOLE.- Les Beatles n’ont pas fonctionné comme ça non plus. Vous chantez donc tous les deux? 

ALEXIS JACOB.- Etienne est le chanteur principal et moi, derrière, je fais les choeurs mais vraiment plus poussés, avec des parties un peu libres parfois. Au-delà du style qui est différent avec Adamsberg & Coco, dans JiM, je vais écrire tout ce qui est partie instrumentale et je ne vais vraiment pas essayer de trouver les parties chats pour laisser à Etienne un maximum de création et de marge de manoeuvre pour son chant alors qu’avec Chloé, ce sont des mélodies qui viennent et qu’on se partage.

LE MIRADOLE.- Et du coup, qu’est-ce qui sort là? C’est enregistré?

ALEXIS JACOB.- Là, j’ai enregistré le dernier morceau, les parties de guitare et on attend d’enregistrer le chant, les choeurs et tous les arrangements sur ce morceau-là, finir le mix et sortir ça direct.

LE MIRADOLE.- Ça se passe où?

ALEXIS JACOB.- Chez Yoann, dans son studio, sur Dole, avec du super matériel. Lui est vraiment très doué dans ce qu’il fait. Il m’a impressionné. Il avait un petit peu participé à l’enregistrement de « Sisyphus » pour Adamsberg. Mais là, il a proposé des arrangements, il a rajouté des claviers, des synthés.

LE MIRADOLE.- Des percussions?

ALEXIS JACOB.- Pour l’instant non. On verra. Ça pourra venir si on fait de plus grosses scènes. Là, on est en train d’auditionner un bassiste et puis, peut-être un batteur après par la suite.

LE MIRADOLE.- Et au niveau des textes?

ALEXIS JACOB.- Etienne écrit principalement.

LE MIRADOLE.- Et musicalement ça ressemble à quoi?

ALEXIS JACOB.- C’est de la pop dream folk. C’est le côté folk que tu peux avoir avec la guitare acoustique et aussi le côté pop parce qu’il y a des morceaux un peu plus électrique où on s’est inspiré, même si ça ne va pas forcément se ressentir… mais Etienne et moi, on écoute pas mal Curtis Mayfield et des trucs comme ça. Et avec les claviers, il y a un côté un peu planant, un peu rêveur. C’est le côté maturité qu’on a pu trouver. On est des quarantenaires maintenant, on se fait un peu plus vieux. On parle sur nos expériences de vie, dans des textes où on va essayer d’être positifs sans être cucul. Ça peut autant parler de voyages qu’on a pu faire que de l’envie de paternité, d’environnement sans être non plus donneur de leçons. C’est plutôt des constats. Comme quand tu te poses et que tu regardes, une analyse quoi… sans jugement.

LE MIRADOLE.- Sans militantisme.

ALEXIS JACOB.- Sans militantisme, je cherchais le mot. 

LE MIRADOLE.- En français?

ALEXIS JACOB.- Non, en anglais.

LE MIRADOLE.- Pourquoi JiM?

ALEXIS JACOB.- Au départ, c’était Jacob Etienne Alexis Martin, JEAM et ça s’est transformé en JiM et puis maintenant le i, on peut dire que c’est le i de «yo ». C’est très dur de trouver un nom et c’est Chloé qui nous l’a trouvé.

LE MIRADOLE.- Le trio imprévisible de Jules et Jim, ça va bien.

ALEXIS JACOB.- Et puis il y a le fait que ça pourrait être le nom du personnage qui incarne nous deux et qui raconte ces histoires-là.

LE MIRADOLE.- C’est facile à retenir et énigmatique. C’est bon signe.

ALEXIS JACOB.- Il y aura une sortie numérique. Yoann va aussi nous graver des disques, des CD avec une pochette plastique à prix libre. J’aime bien le principe. Et puis on a d’autres morceaux sous la main. Quand on a un morceau, on l’enregistre. L’idée, c’est de ressortir un cinq titres en juin par exemple.

LE MIRADOLE.- C’est l’avantage. Vous n’êtes pas obligés de faire des sessions studio. Vous pouvez enregistrer presque quand vous voulez.

ALEXIS JACOB.- On a une énorme chance à ce niveau-là. C’est à Dole et on peut presque y aller en pantoufles.

LE MIRADOLE.- Dis pas ça! C’est pas très rock’n’roll.

ALEXIS JACOB.- J’ai des superbes charentaises.

LE MIRADOLE.- Tu continues à composer pour les mômes?

ALEXIS JACOB.- Oui, oui, c’est un but qui est absolument non lucratif. Quand je suis rentré sur Dole, j’ai eu la chance de pouvoir faire tous mes stages à l’Île Enchantée pour mon CAP petite enfance et que la directrice me laisse aller à la garderie tous les jours avec ma guitare. Donc du coup, j’ai commencé à mettre en musiques les chansons qu’on faisait à la garderie en langage des signes et j’en ai créé selon les évènements. je vais normalement faire un concert pour les Restos du Coeur en janvier ou au service pédiatrique de l’hôpital, ou comme je l’ai fait à la Bobine (NDLR: bar associatif dolois). C’est un grand plaisir pour moi mais c’est là aussi, avant les concerts pour enfants, où j’ai le plus de pression.

Pour écouter Alexis Jacob en attendant JiM:

Adamsberg & Coco

https://adamsbergcoco.bandcamp.com/releases?fbclid=IwAR0fPd4R1PZhFGaS-qGJ63y71ll_VN7tmvmCWVnVmGbprpAaI9JxSJsFguM

Kerplunk

https://www.youtube.com/watch?v=jPU3tBbTqCU&list=PLGHVUMrhbMWlAvQ0kfULh0bV1O1LFZY06&index=3

 

Crédit photo Yoann Bernard - Etienne Martin et Alexis Jacob

Crédit photo Yoann Bernard - Etienne Martin et Alexis Bernard


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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