Culture

Objectif Bombay

Publié le 12/02/2020 à 16:04 | Écrit par Christophe Martin | Temps de lecture : 01m35s

L’Asie ne fait pas que nous pourrir l’existence avec des fringues de mauvaise qualité et des virus nettement plus résistants. Ce grand continent produit aussi de très beaux films. Dernièrement à Dole, on a pu en voir une poignée, et des meilleurs, dans la même semaine et voilà que ça continue. Le Photographe de Ritesh Batra sera encore sur un des écrans du Majestic jusqu'au 18 février. Son réalisateur Ritesh Batra ne vous aurait sans doute pas permis de gagner en 57ème semaine de Qui veut gagner des Millions? à moins que vous n’ayez un ami cinéphile ou indien, et peut-être même les deux. J’avais moi-même oublié son nom depuis The Lunchbox (titre non-traduit mais qui serait La Gamelle) que j’ai pourtant beaucoup aimé. Ce type a le chic pour trouver des titres insolemment banals pour des films originaux dont le génie réside sans doute dans l’enrayement du quotidien d’antihéros patentés: des gens ordinaires à qui le hasard va offrir un chemin de traverse vers la dignité et les sentiments. Ritesh Batra (vous vous souvenez, c’est le réalisateur) ne semble pas vouer une admiration sans bornes à la comptabilité: dans Le Photographe, le gratte-papier soupe au lait de The Lunchbox cède sa place à une jeune et brillante étudiante plongée dans ses livres de comptes jusqu’à l’ennui. On y sent la chaleur épaisse et la fraicheur de la mousson, on y respire la bouffe des rues et la fumée des bidis, on y croise les tares de la société indienne: les barrières entre castes, les dettes transmises aux enfants, le patriarcat (et le matriarcat) et les mariages arrangés, la pression des structures familiales comme dirait Todd. C’est social sans pathos, sensible sans sirop, exotique sans paradis. Le cinéma d’art et essai nous permet encore de nous immiscer dans la vie de gens qu’on ne croisera probablement jamais alors que les Marvels courent les rues et que les Tuche sont à nos portes.  

Cinéma Le Majestic à Dole, jeudi 13 février : 15h45; vendredi 14 : 20h15; samedi 15 : 15h45,  dimanche 16 : 18h00; lundi 17 : 15h45; mardi 18 : 13h30 et 20h15

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19583110&cfilm=257183.html




À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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