Mode sombre

Elle est extraordinaire. Elle n’en rate pas une. Elle assume parfaitement de mentir pour protéger son président. Plus qu’une porte-parole, Sibeth Ndiaye fait rempart de son corps : noire et femme, elle semble intouchable, protégée sur ses ailes par les féministes et les indigénistes. Il faut donc l’attaquer de front sur le fond  et il reste tout de même de quoi faire. Elle est allée à bonne école : lycée Montaigne, UNEF, PS tendance DSK, En Marche dès les premiers pas. D’abord dans l’ombre de quelques socialistes bon teint avant de surfer sur le sillage de celui qu’elle présente comme « d’un abord agréable, avec beaucoup d’humour  » (sic et sans rire), elle devient une porte-parole remarquablement voyante, d’une visibilité ostentatoire par ses tenues et ses postures. Elle ne lésine pas sur les gaffes, les déclarations à l’emporte-pièce, les bouffonneries. Son coeur de métier, c’est la com’ et elle en fait des tonnes. L’équivalent masculin, ce serait Huggy « les bons tuyaux » en justaucorps multicolore. Sibeth Ndiaye est tellement évidente qu’on ne peut pas la manquer, ni elle ni ses bévues qui captent les quolibets plus efficacement que Pénicaud, Buzyn et Belloubet réunies. Elle fait diversion en divertissant. Chacune de ses apparitions est un show et ses bourdes entrainent des commentaires à n’en plus finir : son histoire de 65 référendums fait causer du Figaro à Libération. Même au Monde, on commente ce qui n’aurait dû rester qu’une boutade hyperbolique. Comme si on pouvait encore prendre au sérieux ce gouvernement qui ment comme il respire, c'est-à-dire très mal depuis qu’il a chopé le coronavirus qui n’achève, comme on le sait, que les organismes en mauvais état. C’est d’ailleurs tout le mal que je lui souhaite. Quand à  Sibeth Ndiaye, elle va continuer à épater la galerie avec tout ce qui lui passe par la tête. Elle assume parfaitement de se ridiculiser pour protéger son président. A côté d’elle, il a l’air sérieux et compétent : c’est dire comme elle remplit parfaitement son rôle de faire-valoir. En comparaison, Nadine Morano passe pour une endive amère et jalouse : c’est ce qui explique d’ailleurs ses saillies assez tartes sur la porte-parole de la Macronie. Sibeth Ndiaye est une cible facile, un piège à vacheries racistes, machistes et vestimentaires. Ça fait des « checks du coude » à l’Elysée, ça divertit et ça éparpille les médias qui ne demandent que ça. Pendant ce temps-là, le sinistre barbu Philippe enterre la république pour le compte de son patron qui joue les french doctors en bras de chemise à l’hôpital. Les ploutocrates ont décidément mis au pouvoir une fine équipe qui peut se passer des Guignols mais pas des gogos.


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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