Mode sombre

Hier, lundi 13 avril, on avait décidé à la maison de ne pas écouter le discours de Macron. On a dîné tard exprès mais à 20h24, heure du four, je me suis dit : « Tiens, mettons la radio. Le laïus est terminé et on saura directement jusqu’à quand le confinement va durer. » Putaaaaaaiiiiiin !!! Le mec y était encore. Avec son éloquence à deux balles, ses mots creux et son plein de mensonges. On a d’abord ri en l’entendant. Ridicule et long. Démesuré. Macron ne peut pas se contenter d’être minable : il faut qu’il soit in-ter-mi-na-ble. Montfleury a trouvé son Cyrano (Montfleury, c’est le comédien raté à qui Cyrano vient clouer le bec sur scène au début de la pièce) mais personne dans l’entourage du Montfleury de l’Élysée ne peut lui dire que ses mauvais monologues n’ont jamais trouvé preneur. En trois minutes, l’enfoiré a tout de même réussi à me filer un coup de sang : « … et nous retrouverons les Jours Heureux. » Voler ce slogan au Conseil National de la Résistance et au peuple insoumis, c’est ni plus ni moins dégueulasse. Abject. Obscène.

27 minutes, 3 473 mots, 21 907 caractères espaces compris, et une seule annonce au milieu de tous cette coulée de fadaises et d’enflures. Je ne m’attarde pas sur le contenu, vous y êtes habitué, rien de nouveau dans cette glose boursouflée et sirupeuse qui n’accroche pas. On en reprend sans surprise pour quatre semaines. Et il reste encore deux ans.

Toujours en famille, on a discuté un peu de la pathologie de Macron.  Ou plutôt des pathologies possibles du personnage. Pas facile de faire un diagnostic et son cas est encore à l’étude. Pour le moment, je me dirige vers une paraphrénie. 

Dans le jargon de la clinique médiationniste, nous appelons cet enfermement narcissique « trouble déontologique de la Personne », dont la schizophrénie est l’autre forme. Chacun d’entre nous est capable de s’octroyer une part sociale, de la défendre et de la négocier. Chacun s’estime doté d’une qualité de compétence qui lui permet d’obtenir et de tenir une place plus ou moins importante dans la société. Chacun est aussi capable d’avouer qu’il a merdé ou qu’il ne se sent pas de taille tout seul. La responsabilité, ça se gère. Le chef de l'État n'y arrive manifestement pas.

Macron se la pète très sérieusement et il est ridicule parce que la charge présidentielle est non seulement trop lourde pour lui mais démesurée pour un seul individu. Vu qu’il est très mal entouré, personne ne va oser le lui dire dans son palais, personne, là-haut dans les dorures, ne va balancer que la Vème république est dangereuse entre de telles mains. Avec la rue contestataire assignée à résidence, la France est dans une merde noire et silencieuse.

Toute cette clique au pouvoir est pathétique, ridicule et indigne, sans oublier d’être contente d’elle et suffisante, des notables locaux qui s'amusent à recycler des montgolfières en surblouses de fortune au président de la république aussi engoncé et risible que Kim Jong-un mais plus lugubre et nettement moins télégénique. Tous ces dirigeants suffisamment aveugles pour ne pas voir qu’ils nous mènent droit dans le mur en revenant au monde d’avant le virus n’ont pas leur place au volant du bus. Et nous, révoltés ou affolés, on ne peut pas descendre en marche… ou plutôt si : on peut encore descendre En Marche, virer d’une manière ou d’une autre tous les incompétents de la politique et les recycler dans de petits postes où leur pouvoir de nuisance sera sous contrôle. 

Et puis il faudra s’attaquer en profondeur à l’économie et là, ça va être long, beaucoup plus long car le bus de la consommation qui va d’autant plus vite que pas mal d’entre nous pédalons à l’arrière pour le faire avancer, va mettre du temps à freiner dans nos têtes. Pour Libres Commères, c’est une priorité.

C’est plus la peine de discuter, Macron est dans les limbes à délirer (mais là encore je peux me tromper, ce n’est peut-être qu’un sombre salaud), les capitalistes ne veulent rien entendre, et nous, on en a assez entendu. A nous de penser et de faire autrement et sans eux !


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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