Mode sombre

Alternatiba a appelé à manifester le 3 octobre dernier devant les aéroports dans la bonne humeur et dans toute la France. A Tavaux, les réseaux associatifs franc-comtois (France Nature Environnement, Attac, Greenpeace, la FNAUT, plusieurs organisations "pour une autre agriculture"...) ont fait leur œuvre.

Le type des « RG » était là (seul ?). Plantation de pancartes, chaîne humaine aux maillons reliés par des banderoles, chansons, "die in" (c'est quand tout le monde se met par terre et fait le mort), prises de parole. Dispersion au son d'une guitare. Une action bon enfant pour passer un message qui nécessite de la pédagogie, ce à quoi beaucoup préfèrent renoncer et ne prennent courageusement pas position ou se drapent dans les arguments fournis par le pouvoir.
Aux temps soi-disant de la transition écologique, l'argent public sert toujours à financer des activités qui nous précipitent dans le mur climatique à vitesse supersonique. Il a été aussi beaucoup question de la casse sociale du secteur aéronautique (conditions de travail elles-aussi low-costs et plans de licenciements) malgré ces subventions. Le gouvernement fait passer l'intérêt collectif après celui des lobbies: les mesures de la convention citoyenne qui concernaient l'aviation ont toutes été écartées. L'absence de taxation du kérosène est un autre exemple de subvention (comparé au prix du carburant automobile constitué de 60% de taxes).

Localement, il ne s'agirait pas de fermer l'aéroport mais de ne plus financer celles de ses activités coûteuses et inutilement "climaticides" (on ne peut pas tuer le climat, mais vous avez compris l'idée). 2 millions d'euros par an d'argent public pour 500 vols vers le Maroc ou le Portugal principalement, c'est sûr que le billet peut ne pas être cher ! Mais à qui cela profite ? Les voyageurs ne font que garer leur voiture et prendre l'avion, le rayonnement du territoire s'arrête là : pratiquement aucun touriste n'arrive pour visiter les vignobles jurassiens et la ville natale de Pasteur. Parmi les voyageurs qui partent, il y a une minorité de jurassiens (principaux contributeurs pourtant). Le Conseil départemental qui veut garder « son » aéroport mais ne veut plus payer presque seul, essaie d'en refiler le financement à la Région. Celle-ci devrait prendre le relais mais ne veut pas financer directement du « low-cost socialement irresponsable » (mais bien sûr d'autres collectivités locales paieront cette part...)

Subventions et aides pour un secteur que la lutte contre le dérèglement climatique devrait condamner, prétentions locales de garder une structure loin d'être indispensable et qui ne concerne qu'un petit nombre de personnes : visions court-termistes et démagogiques qui montrent que le monde d'après ressemble comme deux gouttes de kérosène au monde d’avant.

Démagogie ou pédagogie ?

Il est parfois tentant de faire l'autruche et de préférer la démagogie à la pédagogie.Il faut dire que parler dialectique marxiste ou écologie, c'est s'adresser à l'intelligence de son interlocuteur, maintenir son attention et pouvoir parler de vérités qui peuvent remettent en cause sa zone de confort. Parler du prix de la côte de bœuf, c'est parler déforestation de l'Amazonie, Glyphosate, soja OGM, transports mondialisés... C'est compliqué et pas déstabilisant quand on en mange. Certains préfèrent ne pas écouter. 

Il n'est pas simple de prendre le temps d'expliquer et trouver le bon angle pour présenter les choses différemment de ce que la personne connaît ou croit connaître. C'est confronter les points de vue. La démagogie, c'est instiller ou conforter un point de vue simpliste par des assertions. C'est rassurant pour celui qui écoute et utile pour celui qui parle. Cela nécessite moins d'attention de l'interlocuteur. " L'aéroport de Tavaux permet de rendre attractif le territoire." Le démagogue peut en dire un peu plus si on lui pose une question, mais ça n'arrive pas souvent, mais il doit toujours rester affirmatif : « les subventions, ce n'est pas grand chose sur le budget d'une collectivité, et un aéroport, c'est un investissement, cela rapporte! ». Alors, vous, vous avez la patience et le courage d'écouter les argumentations sur-mesure ou vous préférez le prêt-à-penser?

Nico Mégot


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