Politique

Municipales 2020 à Dole : la liste fantôme

Publié le 24/03/2021 à 09:58 | Écrit par La Rédac' | Temps de lecture : 03m20s

Un an après les élections municipales, je propose un (premier) retour sur la campagne doloise. Celles et ceux qui s'y sont intéressés se rappellent peut-être de la présence de quatre listes, du renoncement du Rassemblement national à présenter une liste autonome et de l'absence de liste LREM. Sur ce point, il faut rappeler que, statistiquement, LREM avait tendance à soutenir le candidat sortant quand elle n'avait pas les effectifs pour monter une liste dans une ville, et le candidat de droite quand elle avait présenté une liste qui ne parvenait pas à passer le premier tour. Le vernis du leader, ancien ministre d'un gouvernement PS, se proposant comme la « synthèse » en même temps de droite et de gauche, et comme un rempart à l’extrême-droite, a craqué. Quelques années après son élection, la communication politique a changé : soutien massif de candidats de droite, répression, lois sécuritaires et propos de députés et de ministres que ne renierait pas l’extrême-droite. Une adaptation au contexte qui montre que ce qui ne change pas, c'est l'opportunisme. Mais revenons aux élections municipales de 2020 à Dole.

Pas de liste LREM donc, pourtant, le nom du parti présidentiel était sur beaucoup de lèvres. Des affichages sauvages « voter Gagnoux = voter Macron », des accusations à l'encontre de la liste verte et ouverte d'avoir rassemblé jusqu'à des personnes qui « ont voté pour Macron » en 2017 (ce qui montre l'incompréhension aussi bien de la sociologie et que du scrutin local par une partie des militants de gauche, et leur culture de l'entre-soi), des questions de journalistes au maire sortant pour savoir si ce soutien n'était pas plus gênant qu'aidant... mais peu de visibilité d'adhérents « En Marche » dans la campagne. Y en a-t-il finalement ? L'anecdote suivante nous apprend que oui, elle nous informe aussi sur leurs motivations.

Alors que les colistiers n'étaient pas encore dévoilés au public, les têtes de listes ont été contactées par des lycéens qui présentaient un sondage plaçant le maire sortant en ballottage, et potentiellement perdant en cas d'alliance des listes qui pourraient se maintenir. La fiabilité du sondage était tout à fait fantaisiste : la sociologie des sondés n'était pas respectée, et, même si elle l'avait été, la taille de l'échantillon, moins de 100 personnes, donnait une marge d'erreur de 10%. Inexploitable donc, mais ceux qui y avait travaillé pendant de longues semaines, y croyaient. D'après le témoignage d'un sondeur, le maire de Dole aussi y a cru puisqu'il se serait liquéfié en l'apprenant. À tel point qu'un jeune, qui a eu au moins l’honnêteté de se présenter comme un membre (NDLR: L'article faisait précédemment mention de "représentant", après vérification, au moment des faits, la personne en question n'était pas encore représentant.) des jeunesses macroniennes de la région, a pris contact avec la tête de liste écologiste en exprimant tout d'abord son soutien au candidat sortant par fidélité pour LREM, puis s'est dit « ouvert à toutes discussions concernant le scrutin dolois », en vantant « l'écologie pragmatique » de son mouvement (on a vu par la suite ce que cela voulait dire avec le glyphosate et les néonicotinoïdes...). C'est dingue l'effet que peut avoir un sondage sur la capacité de certaines personnes à créer des liens et « discuter »! Si l'opportunisme n'est pas une matière enseignée au lycée, elle l'est visiblement dans les colonies de vacances de LREM... la prochaine génération de politicards est déjà en marche. Il me reste le doute de savoir s'il s'agissait d'une démarche personnelle ou si cette « relève » macronienne était téléguidée par des candidats à la candidature plus mûrs.

Ce doute a été renforcé par une demande de rendez-vous faite par une personne qui fut candidate LREM, sans se présenter et sans en préciser l'objet. Là, je ne veux pas sur-interpréter, je me contenterai juste des éléments factuels et laisserai le lecteur en faire ce qu'il veut. Cette demande a été formulée le jour même où le maire de Dole allait rendre sa liste de colistiers publique et cette personne n'était pas sur cette liste. Cette personne ne souhaitait pas que le rendez-vous ait lieu dans un lieu public et a finalement annulé.

LREM locale espérait-elle des places sur la liste sortante ? Aurait-elle été cocufiée par la droite doloise et se serait-elle tournée vers d'autres listes par opportunisme ou par esprit de vengeance ? Peut-être ses adhérents oseront-ils en témoigner dans Libres Commères ?

PS: je n'ai cité aucun nom par correction, mais je dispose de documents attestant de mes propos.

Nicolas Gomet




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