Mode sombre

Cet article fait suite à « 18 Mars, le soulèvement populaire ». C'est le troisième de la série sur la Commune.

Paris connaît son deuxième siège en moins d'un an. Cette fois, les assaillants sont des Français, les Versaillais. Paris est protégé par une enceinte. C’est Louis Philippe qui l’a fait construire entre 1841 et 1844. Et comme c’est le Président du Conseil, Adolphe Thiers, qui en a eu l’idée, cette enceinte porte son nom. L’enceinte de Thiers, le Périph' actuel suit son tracé. Elle n'a pas pour but de défendre Paris. Elle sert à menacer les Parisiens au cas où ils viendraient à se révolter contre le pouvoir. 

Dans un Paris assiégé, Pierre Bourgeois, l'indigné dolois, se porte volontaire pour intégrer la Garde Nationale. Les soldats y élisent eux-mêmes leurs sous-officiers et leurs officiers. La démocratie dans l’armée, c’est une nouveauté de taille.

La Commune est avant tout sociale et elle promulgue des décrets en faveur du peuple.

Mesure sociale (roulement de tambour)

Lors du premier siège par les Prussiens, les ouvriers au chômage ne peuvent donc plus payer leur loyer. L'État avait par conséquent déposé un moratoire sur les loyers. Mais le 10 mars 1871, le gouvernement provisoire de Thiers demande l'annulation de ce moratoire et réclame aux citoyens de rembourser la totalité de leur loyer aux propriétaires des logements. Pour pouvoir "rembourser" ces loyers, les tâcherons avaient régulièrement recours au Mont-de-Piété, « ma tante » pour les habitués. C'est un organisme où les sans-le-sous venaient échanger des objets (vêtements, meubles, couvertures) contre une certaine somme d’argent… souvent dérisoire. Pour pallier tout cela, la Commune instaure par décret la suppression du Mont-de-Piété et annule dettes et loyers pour les plus démunis.

Les autorités réquisitionnent également les logements vacants pour installer les familles dont les logements ont été détruits par les bombes des Versaillais.

Le travail de nuit est supprimé pour les professions telles que les boulangers.

Mais l'une des mesures révolutionnaires majeures, c’est la suppression du Concordat de Napoléon 1er. La religion est séparée de l'Etat Communard. Mais aussi de l'école. Louise Michel qui avait refusé de prêter serment à Napoléon III peut se réjouir et enseigner comme elle l’entend. Edouard Vaillant, délégué à l'Instruction publique, déclare : « Enfin nos enfants auront accès au savoir et à la science, c’est la fin d’un enseignement obscurantiste au service de l’Église et du pouvoir ! ».

Le Conseil Communal instaure une pension pour tous les gardes nationaux blessés. Elle profite également aux veuves et aux orphelins.

L'égalité de salaire pour les hommes et les femmes est promulguée.

La culture est privilégiée durant le siège grâce à un peintre franc-comtois, Gustave Courbet. A toutes et pour tous ! Les musées sont ouverts à la population. Des concerts sont organisés alors même que Paris est assiégé. 150 ans plus tard, ce n’est plus le cas. Voilà un an que notre culture est considérée comme non-essentielle par les technocrates de salon.

Comme chaque dimanche, un concert est organisé pour la population dans les jardins des Tuileries, palais des rois et des empereurs. Les Parisiens écoutent la fanfare de la Garde nationale. La fête bat son plein et la joie se lit sur les visages de l'auditoire. Un garde nationale monte sur l'estrade et déclare : « Je vous convie dimanche prochain, ici, à la même place, à notre second concert au profit des veuves et des orphelins ».

Au même moment, au bastion 64 (porte de Saint Cloud), un jeune mouchard nommé Ducatel brandit un drapeau blanc. C'est alors qu'un Versaillais monte sur le bastion. Il constate que la zone n'est pas protégée par les Communards. Il ordonne à la troupe de rentrer dans Paris. Nous sommes le dimanche 21 mai 1871. Il est 15h30. Le concert prévu le dimanche suivant n'aura pas lieu. Il sera remplacé par le vacarme des fusils et des canons, le choeur des cris et des râles.

A suivre...


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À propos de l'auteur(e) :

Baron Vingtras

Bourguignon échoué en Franche-Comté, enivré par le militantisme de Gauche avec un gros G et passionné par l'Histoire.


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