Mode sombre

J’aime les vagues. J’aime en faire et plus que tout, j’aime me faire porter par elles, en sentir la puissance et jouer avec leur force. Sans planche ni bouée. Juste le corps. C’est tout un art. 

Il faut tout d’abord évaluer la taille de la vague à l’horizon, ce qui pour une taupe myope comme moi est déjà un exploit en soi. Ensuite, il faut sentir le reflux qui permet d’estimer si cela va valoir le coup de se lancer avec ou pas. Enfin, et c’est là que ça se corse même si la vague est bretonne, il faut trouver sa place dans la déferlante. Trop en retrait, elle te dépasse. Trop sur la crête et tu t’écrases comme une merde sur la grève, non sans prendre le bouillon. 

Avec les mouvements sociaux, c’est pareil. Il faut en être sans se vautrer. En palper la consistance sans rater la marche. Y participer sans chercher à récupérer ce qui doit nous dépasser et submerger les rues. Je comprends que ça en effraie plus d’un, d’autant que comme pour la déferlante des Gilets jaunes, la vague anti-pass n’est pas homogène. Sans compter que les médias du pouvoir ont sorti l’artillerie lourde pour jeter la confusion dans les esprits qui ont parfois déjà du mal à s’y retrouver. On peut accuser le gouvernement Macron-Castex de tous les maux mais il n’a pas son pareil pour semer la zizanie, diviser la population, dérouter la contestation et au final, affaiblir la France.

Alors que faire? S’il n’est pas souhaitable de céder au sentiment  d’impuissance, à la frustration et au désespoir, il n’est pas réaliste non plus d’enfourcher le taureau par les cornes et de s’imaginer qu’on va tout changer tout seul et vite fait. 

A Dole, je suis allé aux Rendez-vous Vis la Joie les semaines passées. Je ne m’y retrouve pas, trop pacifiques, trop évanescents, pas revendicatifs du tout, apolitiques une fois de plus. J’y ai fait de belles rencontres mais ceux qui ont envie d’actions percutantes n’y trouvent pas leur compte et ont déjà quitté la barque. L’agitateur situationniste que je demeure y ronge son frein et je ne les rejoindrai plus. Je suis habitué à participer à des mouvements de contestation qui n’ont pas ma radicalité ou mon anticapitalisme (courant néo-communiste). J’essaye alors de me faire une place dans le rouleau naissant pour l’aider à prendre de l’ampleur et une orientation qui me convient. Identifier le véritable ennemi est primordial et débiner joyeusement le totalitarisme pseudo-libéral, c’est dans mes cordes. Sans oublier la dénonciation des travers de nos potentats locaux. Dans Libres Commères, quelques plumes bien acérées s’y emploient déjà.

On est nettement moins bon pour présenter les bretelles de sortie du capitalisme néolibéral, les expériences associatives et les initiatives citoyennes, alors même que ça devrait constituer le versant ensoleillé de ce journal. Et c’est là que nous avons besoin de votre aide. Votre participation à Libres Commères peut justement constituer une bonne part de votre action politique. Si vous n’êtes pas trop porté sur les manifs ronronnantes, les diatribes au courrier des lecteurs du Progrès ou les campagnes traditionnelles, Libres Commères peut vous permettre de trouver votre voie, votre place dans la vague car vous l’avez sans doute ressenti, il y a comme un frémissement contestataire dans l’air de la rentrée sociale et de la houle subversive contre un régime en plein délire. Oh, ce n’est pas énorme ni fulgurant surtout à Dole la mollassonne mais la révolution se fait petit à petit dans une guérilla plus ou moins à couvert, par renversement de l’hégémonie idéologique et culturelle avant de défoncer la porte et d’égorger tous les bourgeois. Nan, je déconne! On n’abimera pas la porte. 

Il y a donc un vieux monde à saper et un nouveau modèle à construire. Il faut jouer de la dynamite et de la truelle à la fois. Gueuler et imaginer un avenir.

Libres Commères est anticapitaliste parce que c’est un vilain petit canard associatif qui ne cherche pas à faire de profit et qui appartient à tous ceux qui le font vivre, lecteurs, contributeurs et distributeurs. Le travail y est gratuit et l’effort à la mesure de chacun. Y participer d’une manière ou d’une autre, c’est militer pour une autre modèle économique, une forme de gouvernement inédite et un nouveau mode de vie. Pour ma part, je sais ce que je ne veux plus car je l’ai sous les yeux tous les jours. Dans les pages de Libres Commères, j’essaie de dessiner les linéaments de la société à laquelle j’aspire quand je ne fais pas l’imbécile dans la rue. Venez y inscrire vos idées et vos combats, vos projets d’actions et vos besoins. On vous aidera à trouver votre place dans la vague. A nous de faire une rentrée au diapason de la colère et des espoirs qui montent dans tout le pays.


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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