Mode sombre

Le manichéisme est partout.

De plus en plus tranché.

Il est doublé d'une infantilisation totale.

Le résultat est le suivant: notre identité contemporaine est celle de gamins coupables.

Quand je dis ça, loin de moi l'idée de jeter la faute sur quelqu'un en particulier. Force est de constater simplement qu'en ce moment ce manichéisme coupable et infantilisant est professé par tous les camps audibles. 

D'un côté on a les injonctions gouvernementales, annoncées par les médias à leur solde :

" le monsieur vaccin du gouvernement annonce que tout le monde devrait être vacciné."

On serait tenté de répondre que ça dépend des annonces de monsieur LBD, reprises au 20h par monsieur patate, notre premier ministre.

"Un anti vax, avant de mourir du covid, fait volte-face et fait promettre à son frère de faire vacciner ses enfants."

Celui qui meurt vacciné fait-il promettre à son frère de ne jamais faire vacciner des enfants ?

"Les restaurateurs qui ne joueront pas le jeu du pass sanitaire ne recevront aucune aide."

Allez hop les restaurateurs: privés de dessert et au lit! C'est pas moi qui le dis, c'est le monsieur fellation-Bernard-Arnesque du gouvernement.

C'est grossier, ça joue sur les grosses ficelles de la peur et des émotions profondes pour justifier d'une stratégie qui ne fonctionnera pas, mais ça pétille comme un Efferalgan dans un verre de gnôle.

De l'autre côté audible de la pièce, on a les complotistes, les nazillons en herbe, les fachos décomplexés qui en profitent pour nous gerber dessus leur haine dégueulasse. Et pour eux aussi ça ne sert que leurs intérêts. 

On ne sait plus où donner de la peur.

En étau entre ces deux polarités tendues, nous finissons par imploser.

Évidemment, il est hors de question de donner une tribune aux voix qui questionnent avec justesse notre rapport à la liberté. Dès que quelqu'un sort du sentier du pour ou contre, il est exclu. 

On sent ici que la campagne présidentielle a déjà commencé. Le deuxième tour est déjà là: ce sera celui qu'on vous annonce à la téloche depuis 4 ans.

Mais tout ça pour quoi? 

Je ne vais pas revenir sur la source de tout ce bordel, les médias, qui écrivent, filment, orientent, sous-entendent etc. On a trop parlé d'eux pour s'y attarder une fois de plus.

Il est temps, je crois, d'aborder nos mécanismes intérieurs. 

Il y a en nous une agitation semblable à une cascade d'eau, arrosant nos émotions ancestrales, archaïques, en tout cas immuables.

Cette agitation est liée à notre besoin viscéral d'action. 

Celui-ci n'est pas rassasié à sa juste mesure. Et pour cause: dans nos sociétés occidentales contemporaines on supplante l'activité à l'action, croyant mettre du poids et de la profondeur à des ersatz de réalité. 

Le plus drôle est le cynisme dont l'homme du XXIème siècle fait preuve. 

On parle de principe de réalité quand il n'y a aucune réalité. 

On parle de vérité quand il n'y a que des suppositions.

On parle d'humanité quand on déshumanise.

Derrière cette cascade agitatrice d'émotions, il y a une grotte.

Vous pouvez la nommer âme, humanité, inconscient, grandeur... à votre convenance !

Le lieu reste le même.

Cet endroit attend toujours que la cascade irrigue les émotions en les nourrissant, renforçant ainsi un réseau qui transformera à la longue la grotte en cathédrale, si vous me pardonnez une analogie religieuse de mauvais goût. 

Quand ce n'est pas le cas, la grotte rétrécit, se ramollit, se flétrit... à mesure que nous nous fanons. 

Placée en état d'urgence permanent, elle devient de plus en plus efficace, donc de moins en moins vivante, et pense à sa survie à très court terme.

Alors elle cherche des réponses, quelles qu’elles soient. 

On s'agite encore plus quand on entend son cri. 

Vu que nous n'avons plus aucun tronc sur lequel nous reposer, on se raccroche à la première branche pourrie qui passe. 

Je suis persuadé qu'il y a moins d'un pour-cent de macronistes véritables, tout comme il y a moins d'un pour-cent de fachos véritables.

L'humanité est grande et belle, elle a simplement perdu sa boussole. 

Elle a perdu son socle il y a bien longtemps quand elle a cru qu'elle était plus importante que la planète sur laquelle elle vit.

Les palliatifs qu'elle a trouvés au fil des siècles pour se croire encore toute puissante se sont étiolés. Aujourd'hui, elle n'a plus d'autre idole que son smartphone.

Alors, pour que notre avenir soit plus lumineux que celui qu'on nous annonce, il est temps de respirer un bon coup et de se rappeler que, de tous temps et pour toujours :

Les questions sont plus importantes que les réponses.

 

Benjamin Alison 

 

*Je parle ici de "nous", "on", etc. Mais nous sommes tous différents et je ne nous mets pas tous dans le même sac. Je parle ici d'une tendance générale qui n'a aucun rapport avec celle de nos lecteurs, bien trop intelligents pour en faire partie.


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