Mode sombre

Quand le numéro de mars arrive, j’ai d’habitude l’embarras du choix des jeux de mots faciles. Mars attaque, un coup de barre et ça repart, seul sur Mars, y en a mars, attention à la mars, mars ou crève, Mars…upilami. Mais là, rien du côté du calembour à la con. Ça ne veut pas venir ! Faut dire que la situation n’est ni au beau fixe ni aux fariboles vaseuses. A l’Est, il y a du nouveau. Et du lourd. Les impérialismes de tous bords se foutent sur la gueule et c’est encore les civils innocents qui vont trinquer. Les marchands d’armes et les vendeurs de gaz se frottent les mains. Nous, on sera tout juste bons à payer la note.

A domicile, on subit la campagne présidentielle la plus basse du front qu’on n’ait jamais eue, une bourgeoisie financière toujours plus cupide, une haute administration corrompue, une police en roue libre, des mass médias aliénés, une éducation au rabais. Notre pouvoir d’achat va se casser la gueule. Le nombre de pauvres va grimper. Véran va rester ministre de la santé jusqu’à l’arrivée du covid-24 et BHL discute encore avec Glucksmann pour savoir quelle tenue ils vont porter au prochain gala de l’OTAN. A part la sortie d’un formidable album de Fontaines DC en avril, je ne vois aucune raison d’espérer.

Et pourtant on n’a pas d’autre choix que d’y croire. La France reste un pays où il fait bon vivre. Pas parce que l’eau de la douche y est chaude ou qu’on a la meilleure cuisine du monde. Non, là n’est pas l’essentiel. La France reste un pays dont on peut être fier parce qu’on n’y pense pas tous pareil. Pas encore en tous cas. Certes les cons n’y manquent pas, les néocons non plus. Les néocons, ce sont les nouveaux conservateurs, les rapaces étasuniens ou atlantistes qui nous pourrissent la vie et qui déteignent sur nos branleurs locaux mondialistes, ceux qui veulent nous faire croire que le progrès est dans la concurrence, le profit et l’accumulation. Mais passons.

En février, j’ai fait de belles rencontres sur le web et dans la vie. J’ai lu des articles stimulants, vu un film islandais tristement optimiste, rigolé avec mes copines de la vraie gauche révolutionnaire. JJ est contente que la candidate de LO ait tous ses parrainages. Les assos’ commencent à retenter le coup. Quelques Gilets jaunes ont repris le chemin des ronds-points. Les antipass n’ont pas lâché l’affaire. Y a encore des foyers de contestation, de résistance et de révolte, et même si la grande majorité d’entre nous va manquer de couilles dans les semaines et les années à venir, globalement, j’aime bien vivre en France. En fait, j’aime bien vivre tout court.

Malgré la farce démocratique. Malgré le niveau du débat électoral. Malgré les naïfs qui bouffent de la propagande libérale et les pièges dans lesquels ils se jettent avec la meilleure foi du monde. Malgré la mauvaise foi des religions et la bien-pensance des socio-dem’. Malgré le cynisme des connards de droite et la bienveillance emmerdante des benêts. Malgré le climat qui se détraque et le capitalisme qui fait tout pour. Malgré le pass, les masques et toutes les doses de poison à venir. Malgré moi, j’aime bien vivre. Parce que quand je serai mort, il sera trop tard.


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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