L'itinéraire atypique d'un rockeur texan
La vie, comme nous le savons, est une succession de rencontres et de séparations, plus ou moins heureuses ou douloureuses, et ça dès le commencement, la naissance... Et si tu ne pleures pas, on te frappe, « non mais... y se prend pour qui celui là ? ».
En mai 1990, au fabuleux Montjoye à Besançon, je découvre stupéfait, le look épatant d'un rockeur texan, dont le regard clair en disait long sur la dureté de son parcours, ainsi que les traits déjà ridés de son visage, qui faisait penser à une carte d'état-major. Il n'avait que 42 ans, venait de faire son premier album avec le label français New Rose, qui l'a déniché dans les rues et les bars d'Austin... Calvin Russell.
Quelques mois auparavant, un pote m'avais filé une K7 audio en me disant « Toi qui aimes le rock sudiste, ça devrait te plaire ». J'étais sous le charme, rien qu'avec le son qui sentait bon la révolte et l'espoir, alors quand j’apprends qu'il passe au Montjoye, ni une, ni deux, je prends un ticket et me voilà entouré des habitués (une bonne centaine) de cette scène bisontine...
Quand Calvin Russell, arrive humblement sur scène, avec sa guitare acoustique, son chapeau tracé de sueur, on a tous pensé qu'on allait vivre un grand bout de vie... Et ce fut le cas. Le public a de suite été envoûté par sa voix, par le charme discret de la pauvreté qu'il transpirait, par ses textes et ses chansons.
Sa muse lui colle à la peau comme un chewing-gum à ses bottes poussiéreuses, après une dure vie d'errance, de vagabondage et bien sûr, d'excès... Et au Texas, ça ne rigole pas : le tarif pour consommation de cannabis était de sept ans de prison !!! Il a connu aussi les geôles mexicaines pour le même motif. « Quand on aime, on ne compte pas » ou « tant qu'je perds, je joue », ce qui est peut-être la psychologie du joueur, ou son objectif. Au total, il passe 12 ans derrière les barreaux... avant de connaître ce soir-là un triomphe, décuplé en décembre, dans un Montjoye plein comme un œuf, pour saluer et reconnaître ce personnage, resté sans succès au Texas.
Pour aller le voir et le revoir, j'en ai fait des kils...Mon bilan carbone pour cette seule raison est catastrophique, et devrait me faire culpabiliser... Mais je ne regrette rien... Loin de là.
Juste qu'il s 'est éteint en avril 2011 (après une vie saine et sans excès aucun).
A Crack in time, Sounds from the Fourth World et Soldier, ses trois premier albums, restent pour moi des références incontournables, musicalement et politiquement, car il chantait l'espoir pour une Amérique laborieuse, pauvre et qui souffre de l'injustice et de misère. Le quart-monde, oui, ça existe, et dans ce que je connais, bien sûr aux États-Unis... qui subit les décisions de quelques traders dont les têtes devraient être mises à prix... WANTED.... Dead or alive... ce sont des nuisibles.
Respect Calvin, long live rock...
et pour vivre dangereusement, portez le masque, celui de l'indifférence ou de Salman Rushdie...
Hasta... Siempre...
À propos de l'auteur(e) :
Miguel Staplinkrust
Révolté de nature et pirate indépendant, le rock et le blues m'ont toujours aidé à cheminer. Passionné d'Histoire, de préhistoire aussi, d'humanité en fait, dans un monde qui en manque cruellement, la pratique du rugby m'a convaincu de l'importance de la solidarité, du combat, et par conséquent de l'espoir... Aujourd'hui, à travers Libres Commères, j'essaye de partager ma vision d'un monde que je continuerai de rêver plus juste, malgré tout... Hasta... Siempre
Révolutionnaire en retraite
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