Société

Migrants: le Cercle de Silence hausse le ton

Publié le 03/03/2023 à 07:59 | Écrit par Christophe Martin | Temps de lecture : 03m10s

Le samedi 4 mars va être une journée nationale de mobilisations contre le projet de loi Darmanin (Asile & Immigration) partout en France. Le Cercle de Silence de Dole qui se réunit tous les premiers samedis du mois s'arrêtera donc à 10h30 pour se déplacer de la Place du 8 Mai jusqu'à la Sous-Préfecture où il se reformera pour procéder à une lecture de l'Appel de l’UCIJ (uni.es contre l’immigration jetable). Pour ceux qui ne viendront pas, le texte se trouve ci-dessous. La veille, une délégation aura été reçue en Sous Préfecture avec des représentants du Cercle de Silence-Dole, de la  Ligue des Droits de l’Homme, de l’Association pour le désarmement nucléaire et de l’Accueil Citoyen des Réfugiés. 

Encouragée par le ministre de l’intérieur, le RN, le gouvernement et les gros médias, l’idée que les migrants représentent un gros problème pour la France reste ancrée dans l’esprit de certaines populations qui se sentent déclassées et qui au lieu de lever le nez, ont la vue basse. J’ai pu le constater au détour d’une conversation il y a peu avec un couple de retraités qui n’avait bien sûr aucun chiffre à avancer, aucune source précise afin d'étayer ses dires et pour qui la vue d’un jeune noir sur une trottinette électrique constitue un scandale: « On leur donne tout et nous, on a rien ». Le problème n’est pas pour autant à négliger mais il faut le déplacer et essayer de comprendre comment des gens peuvent encore croire que leurs problèmes vient de l’immigration quand sous leurs yeux, les scandales financiers se succèdent. C’est une tendance sociologique qu’Emmanuel Todd évoque dans un de ses ouvrages sur l’état de la France: la propension générale à trouver un bouc-émissaire plus faible que nous. Toujours est-il que on sera sur place pour protester une fois de plus contre l’abjection gouvernementale.

CM

« Appel  "Uni.es contre l’immigration jetable. Pour une politique migratoire d’accueil"

« Nous refusons le nouveau projet de loi Asile & Immigration du gouvernement qui conduit à une négation radicale des droits fondamentaux des migrant-es. Il a pour objectif de graver dans le marbre et de radicaliser les pratiques préfectorales arbitraires et répressives : systématisation des OQTF et des IRTF, dans la suite des instructions déjà prises pour augmenter les assignations à résidence et le nombre de Centre et Locaux de Rétention Administrative.

Le projet s’inscrit délibérément dans une vision utilitariste et répressive dont témoigne l’obsession des expulsions et l’inscription des sans-papiers au fichier des personnes recherchées. Les migrant-es sont déshumanisé-es et considéré-es uniquement comme de la main d'œuvre potentielle, qui n’a droit qu’à des propositions de régularisations précaires, limitées aux métiers dits “en tension”. Alors que la dématérialisation prive de l’accès au séjour de nombreux étranger-es, le droit du séjour et le droit d’asile vont être encore plus restreints. Le projet prévoit des moyens pour empêcher d’accéder ou de rester sur le territoire, au lieu de les utiliser pour accueillir dignement celles et ceux qui fuient la guerre, les persécutions, la misère ou les conséquences du dérèglement climatique... Les droits protégés par les conventions internationales sont de plus en plus bafoués (asile, droit de vivre en famille, accueil des femmes et des personnes LGBTIA+ victimes de violences…) y compris ceux des enfants (enfermement, non-respect de la présomption de minorité, séparation des parents…). Les droits des étranger-es sont de plus en plus précarisés.

L’attaque s’inscrit dans l’agenda global du gouvernement : chômage, retraites, logement, santé…

En 2006 déjà, nous étions uni-es contre l'immigration jetable, nous appelons donc à nous mobiliser contre cette réforme qui, si elle était adoptée, accentuerait encore le fait que les étranger-es en France sont considéré-es comme une population de seconde zone, privée de droits, précarisée et livrée à l’arbitraire du patronat, de l’administration et du pouvoir. Il est de la responsabilité de nos organisations, associations, collectifs et syndicats de réagir.  Nous appelons à la mobilisation la plus large possible sur tout le territoire dans les prochaines semaines. » 




À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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