Mode sombre

A l’origine, ce texte est l’édito de l’édition papier du mois de mars mais les évènements qui se précipitent ne me permettent pas de le publier tel quel. Au moment où je l’écrivais à la fin du mois de février, les salariés descendaient dans la rue pour défendre leur avenir. Mais à Dole en tous cas, ils le faisaient jusqu’alors sans réelle conviction victorieuse ni véritable combattivité contagieuse. Les Gilets jaunes nous ont habitués à plus de détermination sans calcul. A ce moment-là, beaucoup de manifestants paraissaient assez résignés sur l’issue de l’attaque de la bourgeoisie contre nos retraites même si je rencontrais des camarades déterminés à mouiller la chemise pour déclencher un mouvement de fond dans le coin, histoire de ne pas avoir à courir derrière le bus au cas où ça se mettrait en branle.

Mais ces derniers jours, c’est carrément à la république que s’attaque le gouvernement. Elle est merdique, cette constitution, on est d’accord et je rêve de voir tout ce petit monde parlementaire à la rue. Mais on me chuchote à l’oreillette droite d’être un peu patient. Dans mon oreille gauche, on me dit que c’est le moment de tourner le curseur vers l’option RADICALISATION.

« Face à ce fatalisme, il nous faut vite repasser à l’initiative, ai-je écrit fin février, la réaction néolibérale nous attend sur une ligne de front entre 64 et 60 ans. Prenons-là par surprise, bien au-delà de ses positions : RÉCLAMONS LA RETRAITE À 50 ANS. » 

L’idée, c’était de demander le max, de prendre de l’avance sur ce coup-là, de profiter de toutes les occasions pour planter des banderilles dans le dos de la bourgeoisie affairiste, de l’UE dévoyée et des profiteurs de la Vème république. Je suis même allé jusqu’à dénoncer le système néolibéral fascistoïde (aujourd'hui carrément fascisant) tout en reconnaissant qu’il nous laissait encore des interstices de liberté pour le faire capoter. Je rappelais que penser autrement, ce n’est pas en appeler au grand chambardement (le jour du Grand Soir, vous allez voir ce que vous allez voir!), ce n’est pas même sortir de l’illusion des remèdes-miracles du libre-arbitre autoproclamé (je pense, donc je suis la solution), ce n’est pas non plus « penser par soi-même » et hurler sur les réseaux qu’on emmerde le système, le climat et les mougeons. J’ajoutais même que penser autrement, c’est emprunter à d’autres qui nous ont précédés dans l’histoire des luttes, les moyens pour éviter les pièges que nous tend le discours dominant et les raisonnements foireux que distillent les porte-voix du pouvoir.

Bref tout ça, c’était très bien mais depuis, le pouvoir macronard a franchi un cran supplémentaire vers l’autoritarisme et la négation de la démocratie. Que Macron marche sur la gueule de nos parlementaires, ça ne m’étonne guère. Que ceux-ci croient encore à leur efficacité, ça ne me surprend pas beaucoup plus. Mais à ce rythme-là, on n’a pas encore touché le fond du bourbier. La droite n’a jamais été plus faux-derche. Il n’y a plus rien à attendre non plus des cris d’orfraie de la gôche à l’Assemblée, de leurs petits panneaux ridicules, de leur Marseillaise mal à propos et de tout ce qu’ils vont nous proposer, motion de censure comprise. C’est dans la rue que ça se passe, c’est dans la rue qu’on stoppera la démence de Macron, c’est dans la rue que la bourgeoisie va perdre du terrain. Et un peu sur le net aussi tout de même.

RÉCLAMONS LA DESTITUTION IMMÉDIATE D’UBU-PRÉSIDENT ! 

RÉCLAMONS SA MISE EN RÉSIDENCE SURVEILLÉE AU REZ-DE-CHAUSSÉE D’UNE BARRE DE HLM D'UNE VILLE TIRÉE AU SORT OU VOLONTAIRE !

RÉCLAMONS UN GOUVERNEMENT DE TRANSITION POUR GÉRER LES AFFAIRES COURANTES ! Sans Gérard Larcher tout de même...

RÉCLAMONS UN DÉSENGAGEMENT TOTAL DE LA FRANCE EN UKRAINE !

RÉCLAMONS UNE SORTIE IMMÉDIATE DE L'OTAN, DE L'EURO ET DE L'UNION EUROPÉENNE !

RÉCLAMONS UNE NOUVELLE CONSTITUTION ET DES CORNICHONS À VOLONTÉ À LA CANTINE !


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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