Horizontal ou vertical : la position est de taille
Que ce soit au travail, dans nos rapports parents-enfants, dans nos rapports enseignants-élèves, dans nos relations duels ou plus selon les mœurs, dans nos rapports thérapeute- « thérapisé », notre éducation veut qu’il y ait un chef qu’on respecte ou que nous soyons ce fameux chef respecté, selon notre statut, nos diplômes et/ou notre place dans la société.
Nous hiérarchisons, ordonnons, subordonnons nos rapports à l’autre. La hiérarchie tend à vouloir valoriser un « nous » pour la « comm » (autrefois, on le nommait « on », jusqu’à ce qu’on considère que « on » était vraiment un con). Ce « nous » est alors un leurre puisque la réponse à l’injonction ou à la commande naît, si ce n’est d’un désir de plaire à notre hiérarchie, tout du moins de répondre à la mission qui nous a été confiée afin d’en recueillir une certaine reconnaissance. La hiérarchie, quant à elle, jouit et assoit une certaine forme de pouvoir sur le subordonné. Ce pouvoir n’est pas nécessairement néfaste : il dépend surtout de celui qui l’exerce.
Dans cette verticalité, il y a donc nécessairement quelqu’un au-dessus, le savant ou le sachant, le puissant, et quelqu’un en-dessous, « l’ignorant », « le serf », « l’ingénu ».
Pour autant, dans de nombreuses organisations, il est constaté que ce fonctionnement s’essouffle et ne peut s’exercer aujourd’hui dans son origine. En effet, nombreux sont ceux qui souhaitent tendre à l’horizontalité des rapports, des réflexions, peu importe le statut des uns ou des autres. Il n’y a plus le savant qui dirige l’ignorant mais chacun est considéré d’égal à égal, chacun nourrissant l'autre de ses acquisitions, de ses connaissances et de ses réflexions.
Dans de nombreuses associations aujourd’hui, on tente de considérer l’autre comme un pair et non plus comme un subordonné. Chacun donne son avis, les réflexions et la construction sont collectives. Un groupe se retrouve autour d’une envie commune et rêve de construire cette entité commune.
En théorie, tendre à une construction horizontale des rapports humains est simple.
En théorie seulement. En effet, l’horizontalité demande une autre temporalité. La construction mutuelle demande l’échange, le partage des idées, des réflexions pour aboutir à une seule. La pluralité des pensées pour n’en faire qu’une, c’est long.
Elle requiert, aussi, une autre manière de considérer ou d’attendre la reconnaissance. Comprendre une reconnaissance mutuelle demande d’être juste tant avec soi qu’avec l’autre et de considérer l’ego dans une autre sphère, une autre dimension. Afin de rencontrer le nous, le je et le tu se doivent de se considérer comme étant le même et de se rencontrer dans une réalité transformatrice partagée.
Pour autant, dans les faits, il est souvent constaté que chaque protagoniste souhaite faire avec les autres mais, au bout du compte, un seul finit par faire pour les autres, et c’est souvent le plus pressé. Chacun aurait une tendance à défendre son pré-carré de connaissances pour accéder à une re-connaissance unique et absolue. On ne partage pas le talent (et c’est bien dommage). Nombreux sont ceux qui, intellectuellement pensent l’horizontalité tandis que l’affect et le besoin d’être le héros de l’histoire ruine cette conscience en voulant être le prem’s, écrasant quelque peu ceux qui s’étaient considérés, au point de départ comme pairs. Évidemment cet état d’être n’est pas conscient, et loin de moi la critique négative de cet état. C’est un fait.
L’humain est encore bien ancré dans sa vieille verticalité et son besoin viscérale d’être sur le podium, ou de se penser supérieur car il a le bon diplôme ou la bonne lecture. Ou, a contrario, le subordonné n’ayant connu que cette posture peine à se libérer de ses chaînes et reprendre le pouvoir et la responsabilisation de ses décisions et ses actions sans être dirigé par la hiérarchie, alors que, sans le savoir, il en a les moyens.
Souvent en compétition, non pas une compétition destructrice, évinçant l’autre, juste en compétition (il en existe tant que je ne peux les citer ici, le rédac chef va déjà trouver mon texte trop long), l’humain oublie que la seule compétition qui devrait, alors, être, si compétition il devait y avoir, est d’être en compétition avec lui-même et de s’élever lui-même.
Pour conclure, et si certains se posent la question de ce qui devrait être, sachez que les meilleurs moments de ma vie se sont toujours passés à l’horizontal.
Cassandre.
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