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Va y avoir du sport ! (rechargé comme Matrix)

Publié le 04/08/2024 à 10:03 | Écrit par Christophe Martin | Temps de lecture : 04m32s

L’édito du numéro papier de juillet était un édito d’actu et qui dit actu dit actualisation nécessaire: c’est ce que nous fîmes. Le numéro papier est toujours disponibles chez Opus et à Au détour. Nous serons aussi vraisemblablement présents au marché paysan du jeudi 8 août.

Les Jeux des BRICS ont eu lieu dans un silence retentissant côté occidental alors que le moindre étron qui flotte sur la Seine fait la une des JT. Pour ceux qui n’en aurait pas entendu parlé, les jeux des BRICS ont été organisés à Kazan par les Russes entre le 12 et le 23 juin avec 97 nations (contre 206 aux JO de Paris), rien que pour faire chier le Comité international olympique qui a accusé Poutine de politiser le sport et de promouvoir le sambo. C’est cocasse quand on sait que c’est justement le CIO qui empêche les athlètes russes et biélorusses de participer au JO de Paris s’ils ne sont pas capables de montrer patte blanche vis à vis du conflit en Ukraine. D’un autre côté, on ne se porte pas plus mal quand les sportifs de haut niveau ne l’ouvrent pas à propos du devoir de voter contre les extrêmes.

Question rumeurs sur les JO, le Point et le JDD ont joué avec nos nerfs en faisant circuler l’information que Thomas Bach, le président du CIO, flipperait grave après l’annonce de l’éventualité d’une « guerre civile » entre les extrêmes victorieuses par le très disruptif Emmanuel Macron. Thomas Bach aurait ainsi envisagé de tout annuler. 

Oh mais dis donc, mon petit Bach, va falloir soigner tes états d’âme ! Les Jeux de Paris vont avoir lieu quoi qu’il en coûte. On n’a pas décommandé les moissons dans la Beauce, risqué un conflit nucléaire avec le Guatemala, viré tous les SDF et les migrants d’Ile de France et économisé depuis des années sur le budget de nos services publics, pour que tes vapeurs de chochotte viennent tout gâcher à la dernière minute ! Même sous les bombes, il est hors de question de remettre les Jeux de Paris aux calendes grecques.

(NDLR: Depuis, Bach a eu le temps de se remettre et de faire un discours terriblement officiel et lénifiant pour l’ouverture des JO entre Estanguet et Macron, et ça n’a pas l’air d’aller trop mal pour lui.

Il va pas non plus falloir que les écolos viennent nous étriller les tympans avec cette affaire de climatisation et d’explosion du bilan carbone. C’est tout de même pas la faute de l’équipe à Tony Estanguet si les délégations veulent des climatiseurs. C’était même une super bonne idée, les chambres du village olympique, rafraîchies par « les prouesses des nouvelles techniques de construction ». En théorie, les bâtiments du village ont été conçus pour garantir une différence négative de 6 degrés par rapport à la température extérieure. 30 dehors, 24 à l’intérieur: c’est cool. Après, 20 dehors, ça fait du 14 dedans et là, vaut mieux ouvrir la fenêtre pour se réchauffer. Faut juste espérer qu’Anne Hidalgo a pensé à réserver l’été. En plus, un système de géothermie devait optimiser le refroidissement des pièces. En prime, on a installé des ventilos dans les chambres. 

Tout roulait nickel sur le papier. Mais voilà, les risques de canicule inquiètent les délégations étrangères. Le directeur adjoint du village, Augustin Tran Van Chau (c’est pas une blague, ce nom de famille!), l’a reconnu mardi 2 juillet lors d’une visite pour la presse à laquelle participait Libres Commères : il y aura des climatiseurs dans les appartements. Et même beaucoup de clim’. On en est à 2500 engins réservés. Et le chiffre pourrait encore augmenter si les prévisions météo annoncent des températures suffocantes. « L’objectif était vraiment de répondre à ce besoin extrêmement ponctuel pour des athlètes qui jouent le match ou la compétition de leur vie, m’a confié ATVC, et qui peuvent avoir des exigences de confort et de récupération supérieures à un été standard. Et donc, vous comprenez, Mr Martin de Libreukhomer, on a eu à peu près 2500 climatiseurs qui ont été commandés ». Alors moi du tac au tac, je rebondis : « Mais dites-moi, Augustin, vous permettez que je vous appelle Augustin? Ça fait une clim’ pour quatre pèlerins durant une quinzaine de jours si je ne m’abuse. Vous continuez à parler de besoin ponctuel? »

Les Etats-Unis, l’Australie et le Canada auraient annoncé qu’ils avaient l’intention de venir avec des congélateurs et de dormir la porte ouverte.    ATVC a des sueurs froides rien qu’à penser à la facture d’Enedis, pourtant partenaire officiel mais sous influence de la Commission européenne. « On a donné des guides de contraintes techniques, notamment pour la consommation énergétique et la qualité niveau A de leurs équipements, pour avoir du matériel qui soit à jour ». C’est pas gagné pour autant mais du côté de la gestion du village, on espère faire des économies sur la durée des douches et la gestion des toilettes. Une circulaire a été envoyée à toutes les délégations: « Prière de ne tirer la chasse qu’en cas de grosse commission. » Mais Anticor s’est emparé du dossier et s’inquiète déjà des conséquences d’éventuelles rétrocommissions dans la Seine. 

(NDLR: Depuis certains athlètes ont émis de sérieuses réserves sur les conditions d’hébergement, notamment sur la bouffe et Dieu sait si un sportif, ça engouffre. Les Anglais auraient même fait venir leur propre chef-cuisinier. Vous m’avez bien lu! « Sodexo Live ! », la boite à tambouille collective qui fournit les JO, n’assure pas trop et les Anglais revendent leurs boites de corned beef et leurs petits pois surgelés. Oh la la!)

Et pourtant vivement le 26 juillet, vive le sport, vive le handicap et vive le haut niveau !

(NDLR: Pour l’instant, les Français sont très bons. Avec trois médailles dans la compétition de petits vélos bas du cul sur piste pleine de bosses et une pyjama party chez les énervés du tatami, on exulte!)




À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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