International, Société

De Mickey Mouse à Che Guevara, une trajectoire improbable - 4ème partie : Un médecin communiste chez les bourgeois (1968-…)

Publié le 25/10/2024 à 21:22 | Écrit par La Rédac' | Temps de lecture : 16m06s

LE MIRADOLE.- On s’était arrêtés en 1968. Tu es rentré en France et tu vas t’engager, en quelque sorte, dans SOS Médecins.

MICKEY.- C’est ça. Je me suis engagé dans SOS Médecins qui venait d’être créé. J’ai été en contact avec  Marcel Lascar, le médecin qui a eu l’idée d’une médecine d’urgence capable d’intervenir à tout moment de jour comme de nuit, ce qui n’existait pas encore à Paris. Il y avait les urgences bien sûr, le 15, mais lui, avait l’idée de fonder un petit groupe de médecins dont le métier serait exclusivement d’assurer les urgences avec une voiture-radio. Quand j’ai su cela, je me suis adressé à lui et il m’a proposé aussitôt d’intégrer le projet. J’ai été l’un des tout premiers à travailler dans ce cadre. Mais je ne l’ai pas connu personnellement, je ne l’ai entendu que par téléphone. 

LE MIRADOLE.- C’était une embauche rapide, dis donc!

MICKEY.- Il m’avait expliqué qu’il avait besoin de médecins pour mettre en œuvre son idée. Alors je lui ai dit que ça m’intéressait, que j’arrivais de Mexico et que je voulais poursuivre ma carrière à Paris.

LE MIRADOLE.- Tu ne t’installes donc pas dans un cabinet, tu n’en avais peut-être pas les moyens?

MICKEY.- Étant donné que je revenais à Paris, l’idée était de m’y installer et de me mettre à mon compte. Après tout, c’était, à beaucoup d’années de distance, ce que mon père avait fait, mais lui avait trouvé un cabinet et s’était associé pendant un petit temps à un collègue, puis ils s’étaient séparés et chacun avait créé sa consultation propre. C’est ce que j’ai pensé faire à mon tour en arrivant à Paris.

LE MIRADOLE.- A l’époque, est-ce que c’était difficile d’ouvrir un cabinet?

MICKEY.- Oui, quand on n’a pas un sou, comme moi !

LE MIRADOLE.- Tu n’avais pas fait fortune à Cuba, on est bien d’accord !

MICKEY.- Rien. Ma mère m’a donné asile pendant quelques temps avec ma famille. Elle habitait un petit appartement rue de Grenelle, un quartier très aristocratique. Cet appartement d’ailleurs avait la particularité, mais c’était un pur hasard, de se trouver juste en face de l’ambassade russe. Nous avons vécu là quelques semaines. 

LE MIRADOLE.- Tu étais avec ta femme et tes enfants?

MICKEY.- Oui, et ce n’était pas très commode pour ma mère… ni pour nous d’ailleurs ! D’autant que l’école où avaient été scolarisés nos 3 enfants  avait détecté un handicap mental important chez ma deuxième fille pour laquelle il avait fallu se mettre en quête d’une institution spécialisée. Au Mexique, on n’avait pas pris la mesure du problème psychiatrique et on en était restés au handicap moteur…L’atterrissage était donc particulièrement compliqué… Ensuite nous nous sommes débrouillés pour trouver un petit appartement ailleurs. Ça a été difficile, ces premières semaines !

LE MIRADOLE.- La vie parisienne était déjà difficile à l’époque?

MICKEY.- Très difficile. On a trouvé un petit appartement à Boulogne-Billancourt, au diable par rapport au centre ville. On a changé plusieurs fois d’appartement avant de trouver un endroit où se loger au long cours.

LE MIRADOLE.- Si on en revient à SOS Médecins… Est-ce qu’il te fallait une voiture?

MICKEY.- A SOS Médecins, on nous octroyait une voiture-radio. On prenait les appels et on y allait…

LE MIRADOLE.- Dans la série télévisée, SOS Médecins circulait en R5. C’est le genre de voiture populaire que tu avais?

MICKEY.- Oui, c’est ça. Ce n’était pas commode pour moi, d’abord parce que je n’avais jamais exercé de cette façon et ensuite parce que je ne connaissais plus Paris. Je devais avoir un plan et le consulter à chaque instant. On m’envoyait dans tous les coins et il fallait être disponible pour aller n’importe où. Il y avait des quartiers que j’ignorais complètement mais toujours dans Paris intra muros. 

LE MIRADOLE.- Mais quand même, ça reste immense.

MICKEY.- J’ai fait ça pendant quelques semaines, je ne me souviens plus combien, mais je cherchais autre chose. J’ai mis des annonces un peu partout pour trouver notamment des remplacements. Comme c’était les vacances, j’ai trouvé quelques médecins qui avaient besoin de quelqu’un. J’ai trouvé aussi, et c’est surtout ça qui m’a aidé, aussi étonnant que ça puisse paraitre, quelques grandes banques parisiennes… 

LE MIRADOLE.- A qui tu n’as pas dit que tu étais marxiste bien évidemment (rires)…

MICKEY.- Qui avaient besoin de quelqu’un pour assurer le service médical. J’ai donc trouvé des vacations.

LE MIRADOLE.- Une sorte de médecine du travail?

MICKEY.- Oui, c’est ça. J’ai donc travaillé à la BNP, au Crédit Lyonnais… Ensuite, j’ai trouvé un poste dans les dispensaires de la Sécu. J’ai fait aussi des remplacements à la Centrale de la Sécu à Paris. J’ai travaillé au dispensaire espagnol de Neuilly où je pouvais soigner la communauté espagnole dans sa langue et faire de belles rencontres humaines… Bref j’ai trouvé du boulot sans trop de difficultés.

LE MIRADOLE.- Malgré ta longue absence?

MICKEY MOUSE.- Oui. J’ai fait aussi des choses très difficiles. Par exemple un remplacement à Nanterre où existait encore le bidonville. Le bidonville de Nanterre, c’était affreux, un terrain vague où les gens s’entassaient au point que pour les trouver, il fallait que la police accompagne le médecin parce qu’elle seule connaissait les lieux. C’était un terrain vague, les gens campaient dans la boue. Il y avait des nouveaux-nés par terre. Je me souviens d’avoir été appelé auprès d’une mère sur le point d’accoucher. Grâce à la police, j’avais trouvé la dame qu’il fallait transporter d’urgence dans une maternité ; il y avait à côté d’elle un nourrisson, je ne sais pas quel âge il pouvait avoir, qui dormait dans un carton et des rats tournaient tout autour…

LE MIRADOLE.- On ne les avait pas encore relogés dans des ZUP. 

MICKEY.- Puis j’ai fait plusieurs autres remplacements quelques semaines ici, quelques semaines là. 

LE MIRADOLE.- Mais est-ce que tu y trouvais ton compte?

MICKEY.- Ça restait des petits boulots. Je ne gagnais pas beaucoup d’argent, c’est sûr.

LE MIRADOLE.- Et tu n’avais pas vraiment ton destin en main non plus.

MICKEY.- Je cherchais… Et puis j’ai rencontré un médecin cubain installé depuis des années à Paris. Je lui ai raconté mon histoire. Il était très sympa, très gentil et il m’a proposé de me présenter à l’un de ses amis médecin, qui avait l’intention d’ouvrir un centre de prévention médicale. Ça n’existait pas encore. L’idée était de faire de la prévention de maladies endémiques graves dans le cadre d’un projet de recherche sur les maladies de civilisation (diabète, hypertension artérielle, infarctus…) et de former une équipe pluridisciplinaire, neurologue, psychiatre, gastro, urologue, cardiologue, capable certes de soigner mais surtout de déceler et d’analyser les facteurs de risques conduisant à telle ou telle maladie. Ça m’a intéressé et j’ai accepté d’entrer dans le groupe.

LE MIRADOLE.- C’était encore un projet !

MICKEY.- Oui mais le fondateur avait déjà trouvé des collaborateurs. Je suis donc devenu le cardiologue attitré du centre de bilans. Nous avions des réunions toutes les semaines où nous faisions ensemble la synthèse des dossiers après avoir fait toutes sortes d’explorations. On donnait ensuite les résultats au patient lors d’un long entretien et on proposait un traitement. C’était ça, notre travail.

LE MIRADOLE.- Et ça concernait quelle clientèle?

MICKEY.- C’étaient des cadres de grandes sociétés industrielles françaises, Saint-Gobain, Snecma, Rhône-Poulenc…

LE MIRADOLE.- Pas l’ouvrier de base, j’imagine, mais plutôt le dirigeant?

MICKEY.- C’est ça, ça n’était pas pour les petites mais pour les grosses têtes !

LE MIRADOLE.- De la prévention donc mais pour des gens qui en avaient les moyens, pour des boites qui avaient tout intérêt à avoir des dirigeants en bonne santé.

MICKEY.- C’est vrai car un bilan médical, ça coûtait très cher et c’était les sociétés qui payaient. 

LE MIRADOLE.- Ça m’étonnait aussi que la Sécurité sociale offre ça à tout le monde. Tu avais quel âge? 

MICKEY.- Entre 40 et 50 ans. Mes collègues avaient le même âge que moi. Il y avait un professeur agrégé de médecine qui était notre coordinateur général et 4 ou 5 médecins spécialistes.

LE MIRADOLE.- Te souviens-tu de personnalités de l’époque qui étaient passées par ton cabinet?

MICKEY.- Tous les grands patrons de grandes sociétés, on les a vus là. Je ne saurais plus te dire les noms. Enormément d’Algériens aussi car l’un des médecins avait des contacts privilégiés la-bas… Quelques artistes de renom…

LE MIRADOLE.- Est-ce que votre centre faisait une sorte de démarchage pour attirer cette clientèle? 

MICKEY.- Oui, c’était le directeur qui s’en occupait très activement. Le Centre de bilans était situé dans un très bel endroit, en face de la grande entrée du parc Monceau, boulevard de Courcelles, c’était un quartier très luxueux et c’était la grande aristocratie de l’industrie française qui y venait.

LE MIRADOLE.- En peu de temps, tu passes donc de SOS Médecins où tu as dû voir la misère humaine à la prévention pour personnes aisées encore en bon état…

MICKEY.- Oui, de la médecine de luxe ! Et là, je suis resté des années puisque j’y ai fait presque tout ma carrière parisienne. J’ai commencé comme médecin associé à ce groupe puis au bout d’un certain temps, le directeur m’a proposé d’y ouvrir aussi mon propre cabinet. Je participais donc aux bilans de santé le matin et l’après-midi, j’avais ma clientèle personnelle. 

LE MIRADOLE.- D’accord. Donc là, tu t’installes.

MICKEY.- Oui. Ça avait l’avantage d’être très joli, très élégant et j’ai commencé à avoir mes propres patients, beaucoup plus mélangés socialement..

LE MIRADOLE.- Une patientèle comme en recherche tout médecin classique. Et tu t’embourgeoises sans problème? Après ta période cubaine qui était un moment d’aventure assez excitant, tu réponds finalement au schéma qu’on attend de toi à Paris ?

MICKEY.- Si ce n’est que dans le même temps je divorce et que je n’ai guère l’opportunité de m’embourgeoiser !!! La galère continue…

LE MIRADOLE.- Tu m’as déjà dit être passé à travers les évènements de 68 sans bien comprendre ce qui se passait…

MICKEY.- J’ai compris qu’il se passait des choses mais j’étais complètement en dehors du coup, complètement déphasé par l’ampleur de mes problèmes personnels à régler...

LE MIRADOLE.- A quoi penses-tu que ce soit dû? Malgré tes lectures, tu n’as pas senti un mouvement révolutionnaire dans la jeunesse de l’époque?

MICKEY.- C’est vrai que l’époque était riche et intense, mais je suis passé à côté de tout ça. Tous ces mois de galère, à Mexico, puis à Paris, avec une famille nombreuse à mener de continent en continent… mon esprit n’était plus disponible pour autre chose… 

LE MIRADOLE.- Par la suite, tu évolues donc dans un milieu bourgeois…

MICKEY.- C’est le moins qu’on puisse dire.

LE MIRADOLE.- Alors comment ça se passe pour toi sur un plan psychologique? 

MICKEY.- Je savais bien de toutes façons qu’en rentrant à Paris, il faudrait que je m’adapte à la situation de médecin parisien. Mais je me suis tout de même inscrit au Parti… 

LE MIRADOLE.- Ah bon!?

MICKEY.- Oui. Je pensais que je me devais de garder la ligne que j’avais toujours suivie depuis le Mexique et Cuba. Par fidélité à tous ceux qui m’avaient ouvert les yeux sur les injustices du monde… Et d’ailleurs, à cette époque, puisque c’était une période de troubles sociaux, je me souviens être allé au siège du Parti qui était encore rue La Fayette. Quand les communistes parlaient de la rue La Fayette, il parlait du 120. L’immeuble était complètement barricadé, on ne pouvait pas y pénétrer sans montrer patte blanche. C’était barricadé comme s’ils craignaient à tout moment d’être attaqués.

LE MIRADOLE.- Par qui? Des gens de la rue?

MICKEY.- Je ne sais pas... les ennemis ne manquaient pas… J’ai été reçu très cordialement par des responsables qui m’ont inscrit. 

LE MIRADOLE.- Et te voilà donc officiellement communiste !

MICKEY.- Oui, j’ai adhéré au Parti mais ne m’y suis pas réinscrit. J’y suis resté un ou deux ans et n’ai pas renouvelé ma carte parce que les réunions du Parti ne m’intéressaient pas beaucoup.

LE MIRADOLE.- Tu te souviens de la date?

MICKEY.- C’était avant 1970. 

LE MIRADOLE.- Et tu te rappelles le nom du secrétaire général de l’époque?

MICKEY.- (Longue hésitation) C’était peut-être Georges Marchais… j’ai oublié (NDLR: en fait, c’était encore Waldeck Rochet).

LE MIRADOLE.- Les médecins avec qui tu travaillais ont-ils eu vent de ton passage à Cuba?

MICKEY.- Non, je ne m’en suis pas vanté devant le directeur du Centre. Il ne m’a jamais posé de questions, a été très discret et il n’a donc jamais été question de Cuba ni d’inscription au Parti. Peut-être se doutait-il qu’il y avait quelque chose de pas très catholique dans mon cursus. Mais il n’a jamais été inquisitorial.

LE MIRADOLE.- Tu étais donc un infiltré parfait…

MICKEY.- Et puis j’ai fait la connaissance d’un Cubain installé à Paris. Ce Cubain avait vécu aux États-Unis, s’était ensuite installé en France dans un beau quartier parisien et je suis resté en contact avec lui. Il était devenu médecin de l’ambassade de Cuba à Paris. Quand je l’ai connu, il pensait quitter ce poste et m’a proposé de lui succéder, ce que j’ai accepté. J’ai donc fait la connaissance de l’ambassadeur qui venait d’être nommé et de son épouse et suis devenu l’un de leurs familiers jusqu’à ce qu’ils soient envoyés dans un autre pays.

LE MIRADOLE.- Fidel Castro était toujours en treillis militaire. Et l’ambassadeur?

MICKEY.- Non, non, c’était un vrai ambassadeur ! Il avait la particularité d’avoir été l’avocat de Fidel quand celui-ci avait été foutu en prison pour rébellion au début de sa carrière.

LE MIRADOLE.- Ce n’était donc pas n’importe qui ! Avec les Cubains, tu te sentais bien, tu te sentais dans ton élément. Mais comment te sentais-tu dans ton autre milieu de médecine et d’argent?

MICKEY.- Ce n’était pas commode. J’étais souvent mal à l’aise. Mais je n’avais pas la possibilité de choisir. Qu’est-ce que je pouvais faire d’autre? Il fallait bien que je gagne ma vie. J’avais une famille et on me proposait un milieu tout à fait bourgeois, que je récusais pour des raisons politiques mais que j’étais bien forcé d’affronter parce que je gagnais ma vie dans ce milieu.

LE MIRADOLE.- Le paradoxe, c’est que tu es plus riche qu’à Cuba mais que tu es moins libre.

MICKEY.- Oui, sans aucun doute.

LE MIRADOLE.- Mais je sais ce que c’est : j’ai travaillé pour le ministère de l’Éducation à Monaco. Cela dit, tu t’étais constitué une culture marxiste…

MICKEY.- Philosophiquement, je restais sur des positions matérialistes historiques. 

LE MIRADOLE.- Ça, c’est sur un plan philosophique. Mais ce que j’aime chez Marx, c’est que c’est une philosophie vers l’action. Alors comment ça se passe dans ta tête, ça n’a pas dû être facile?

MICKEY.- Non, il y avait en moi pas mal de contradictions. Mais je me rassurais en me disant que mes bases restaient philosophiquement matérialistes historiques.

LE MIRADOLE.- Tu n’as pas eu l’impression de trahir la cause? Est-ce que tu ne t’es pas dit qu’à Cuba, pendant plusieurs années, tu avais fait ta part?

MICKEY.- Je restais très lié à Cuba. J’étais d’ailleurs à l’origine de la création d’une association médicale franco-cubaine dont j’étais le secrétaire général. Un peu plus tard, au temps de la révolution sandiniste, je serais un moment secrétaire de l’association scientifique France-Nicaragua.

LE MIRADOLE.- Tu étais donc encore activiste…

MICKEY.- Ah oui, oui. On envoyait à Cuba des médecins, des infirmières, du matériel, des médicaments, pour partager des techniques nouvelles. C’était leur mission. Cela faisait partie des choses qu’on organisait pour entretenir des relations avec Cuba et continuer à les aider concrètement.

LE MIRADOLE.- Et cela, complètement en marge du PCF?

MICKEY.- Oui.

LE MIRADOLE.- Et tu trouvais des gens qui voulaient bien coopérer avec toi et un pays un peu paria?

MICKEY.- Oui, il y avait des gens qui acceptaient de travailler sur des thèmes particuliers, médicaux ou médico-sociaux. 

LE MIRADOLE.- Et dans un milieu que tu m’as décrit comme plutôt conservateur, comment arrivais-tu à recruter pour aller filer un coup de main à un pays non seulement sous-développé mais surtout communiste?

MICKEY.- A cette époque-là, on trouvait dans le monde intellectuel assez facilement des gens qui acceptaient d’apporter leur soutien à des sociétés en voie de développement comme on pensait qu’était Cuba. On a fait connaitre notre association et j’ai trouvé assez facilement des volontaires. Je me souviens qu’il y avait à Paris un pédiatre très connu qui s’appelait Minkowski, Minko pour les amis... Je l’ai recruté et il m’a aidé à trouver des gens acquis à la cause. Son fils, très jeune à l’époque est devenu musicien, chef d’orchestre, à son tour très renommé.

LE MIRADOLE.- C’est donc plutôt le côté tiers-mondiste que communiste qui te facilitait la tâche ? Et toi, est-ce que tu vas un petit peu renouer avec le PC?

MICKEY.- Non, en dehors de l’épisode où j’ai été vendre l’Humanité au coin de la rue. Au début quand j’étais inscrit au Parti, les copains m’ont demandé de les aider. Et c’est ainsi que le dimanche matin aux aurores, j’ai vendu l’Humanité, le souvenir m’est resté, à la sortie du métro, en face de chez ma mère, rue de Grenelle…

LE MIRADOLE.- Ah ah ah…

MICKEY.- C’était bien l’endroit ! La rue aristocratique par excellence !

LE MIRADOLE.- Et tu as réussi à vendre des exemplaires?

MICKEY.- Ben oui ! Je me souviens que les copains venaient m’apporter des croissants parce qu’il était très tôt et qu’il fallait vendre l’Huma à cette heure-là… presque sous les fenêtres de ma mère ! Les copains communistes me disaient: tu dois vendre l’Huma pour soutenir le Journal, mais pour t’informer, il vaut mieux lire le Monde… Et ils le disaient sérieusement !

LE MIRADOLE.- Les temps ont bien changé.

MICKEY.- A cette époque, c’était comme ça. J’ai vendu l’Humanité pendant quelques semaines …

LE MIRADOLE.- Tôt le matin, il fallait vraiment être militant. Ça, c’était plutôt les années 70. Quand vas-tu cesser de faire toutes ces vacations?

MICKEY.- A partir du moment où j’ai été accepté par le fondateur du Centre de bilan. Quand il m’a proposé de travailler à part entière chez lui, j’ai laissé tomber tout le reste et j’ai fait de la musique...

LE MIRADOLE.- Dans ton cabinet, tu faisais de la cardiologie ou de la médecine générale?

MICKEY.- Les deux, mon général. Au départ, je ne faisais pas le difficile. J’acceptais tout et puis peu à peu, j’ai commencé à sélectionner mes patients pour ne conserver que la cardiologie. Mais au départ, je faisais de la médecine générale car, officiellement, j’étais généraliste. La France ne reconnaissait pas la formation mexicaine qui était pourtant de tout premier ordre, et il aurait fallu que je passe le diplôme de spécialité parisien. Je n’ai pas eu la pugnacité de mon père qui, lui, en son temps, s’était plié aux caprices français… je n’avais pas envie de me soumettre à tout ça ! La médecine générale m’a d’ailleurs permis de privilégier l’expérience humaine de mes patients et de pratiquer la médecine que j’aimais, une médecine lente où on ne regarde pas l’heure…

LE MIRADOLE.- Et tu étais donc établi dans le XVIIème?

MICKEY.- Oui, un très bel immeuble haussmannien avec tout le personnel pour recevoir les patients, une infirmière, deux techniciennes radio, des secrétaires, tout ce monde-là faisait partie du groupe, c’était un environnement de luxe pour un médecin qui venait de s’installer !

LE MIRADOLE.- Et tu as ainsi croisé des personnalités célèbres de l’époque?

MICKEY.- Oui, mais là, je suis tenu au secret professionnel…

LE MIRADOLE.- Bon, je pense qu’on peut s’arrêter là pour cette fois-ci.




À propos de l'auteur(e) :

La Rédac'

Donner la parole à ceux qui ne l'ont pas, voilà une noble cause ! Les articles de la Rédac' donnent le plus souvent la parole à des gens que l'on croise, des amis, des personnalités locales, des gens qui n'ont pas l'habitude d'écrire, mais que l'on veut entendre...


Média associatif

Retrouvez tous les articles de La Rédac'