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Comtois, rends-toi dans les 80’s ! Nenni, ma foi !

Publié le 08/11/2024 à 10:38 | Écrit par Robot Meyrat | Temps de lecture : 04m45s

Des fois, il y a des évidences qui devraient vous sauter aux yeux, tellement elles sont énormes, mais il se produit comme une latence… C’est ainsi qu’il y a quelques jours, lors d’une discussion à bâtons rompus avec un ami cela m’a percuté avec la force de l’évidence : Les dolois sont réfractaires !
 Même si l’idée à l’origine du groupe fakebook dolois Réfractaires est sans doute plus celle de la résistance, vu que le terme a été utilisé, entre autre, pour désigner ceux qui désertaient pour ne pas aller au Service du Travail Obligatoire, ce lointain ancêtre bien connu de France Travail. Il n’en reste pas moins qu’ils ont mis pile le doigt dans le mille sur l’identité secrète de la ville. Car si on y réfléchissait bien, cela expliquerait un certain nombre de singularités locales.
 
 Ce qui à l’origine était une qualité commune à la Franche-Comté, s’étant sans aucun doute forgée lors de la résistance à l’envahisseur français, est devenue, au fil du temps, une sacrée tare. Je m’explique, on dirait qu’en parallèle de cette qualité, quelque chose de fort regrettable s’est développé, on ne parle plus de résistance, mais d’un certain conservatisme, voir d’une posture assez réac. Du genre à expliquer comment Gilbert Barbier a pu se faire réélire autant de fois qu’on a fini par ne plus les compter. Après, ma réflexion est tout hypothétique, ça se trouve cela n’a rien à voir, c’est peut-être juste que le degré de corruption d’un élu local est un facteur de longévité. Pourtant, ce qui est certain, c’est que quand un étranger visite la ville, une de ses premières impressions est un décalage temporel avec le reste de l’hexagone. Que ce soit par le style vestimentaire souvent échappé des années 90 ou au moins avec 10 bonnes années de retard. Ou par des petits détails, tel ce coiffeur qui depuis plus de 30 ans n’a pas changé sa devanture avec des modèles de coupes découpés à la main dans un magazine féminin de l’époque.
 
 Cet été, j’ai aidé à l’organisation d’une exposition de vinyles « Retrovision 80 » qui aura lieu du 30 novembre au 15 janvier au bar Au Détour. https://audetour-dole.fr/evenements-culturels-concert-expo/
La spécialité d’un des deux disquaires qui y participent étant la New Wave, j’ai choisi comme thème les années 80. Peu de temps après, je suis tombé sur cette blague qui en dit long sur la politique culturelle de la ville : « Back To 80's ». Dans un article précédent, j’avais mentionné la tendance de l’été 2023 à claquer l’argent public dans des « tributes» au lieu de favoriser l’émergence d’une scène locale. Cette fois-ci, j’ai d’abord cru l’espace d’un instant à une hallucination. Faire venir un artiste qui n’a rien fait sur ces 4 premiers albums, ni composé, ni interprété ses chansons... Un cas d’école d’imposture. Vraiment, c’était juste incroyable de mépris pour les passionnés de musique ! Et ce même si le premier LP qu’il a présenté est bien plus intéressant que les hits des 3 autres vedettes que la ville de Dole a jugées en phase avec le public dolois. Qu’une star has been n’hésite pas à montrer ses seins en concert pour palier au manque d’attrait de sa musique, je ne peux lui jeter la pierre, c’est triste, mais c’est hélas la règle du showbiz. Et si depuis quelques années même les interprètes de musique classique se retrouvent à poser avec leur anatomie bien mise en valeur, c’est que même à notre époque cela fait encore vendre. Mais le plus triste, c’est que chaque fois que l’arrivisme politique condamnera le public à la prison dorée de la nostalgie, il y aura des gens pour applaudir et remercier, inconscients de s’être fait pigeonner. Tel sur la page de Dole du Jura les dolois qui ont loué cette grande fête populaire couronnée par un feu d’artifice surprise.
 
Bref, un bel exemple de pseudo programme politique : « Chers Réactionnaires, soyez réfractaires au changement, car il ne vous apportera qu’insécurité et déception.» 
On ne peut pas leur donner tort pour Macron, vu qu’un usurpateur qui prétend incarner le changement, reste un usurpateur. Mais la morale des grenouilles qui demandent un roi est affligeante, car s’il est vrai, que sans rien changer, on risque un roi pire, si l’on apprend à ne plus se laisser gouverner, notre changement entraîne le changement de la société. Même si cela ne se fait pas sans lutter contre ceux qui ont le pouvoir.
 
Pour en revenir à la musique, aujourd’hui, j'aime autant balayer devant ma porte que faire du air guitar quand j’étais plus jeune, alors je n’oublie pas que « Retrovision 80 » pourrait en partie flatter la nostalgie. En réalité, à part quelques exceptions, ce sera surtout l’occasion de permettre au public de découvrir des artistes méconnus. D’ailleurs ce qui chatouille le plus mon éthique, c’est que personnellement je n’achète quasi plus de disques. Ce n’est pas tant le côté fétichiste du collectionneur qui me pose un problème, mais le fait que le marché du disque d’occasion profite bien plus aux spéculateurs qu’aux musiciens. Et aussi, je suis moi-même un peu trop ancré dans cette période... Le paradoxe de la new wave est d’être à la fois un des genres les plus lamentables, dans sa capacité à mettre en orbite des coquilles vide de musique plastique. Enfin quand on parle de ce que la télé appelle new wave. Tubes intemporels diront certains, qui n’ont pas les mêmes goûts que moi. Et en même temps un des genres les plus remarquables, même si c’était parfois en se revendiquant de différents courants : coldwave, voir no wave, ou post-punk, tant il a donné naissance à des groupes et des albums réellement intemporels, qui continuent d’inspirer les générations futures.
 
Pour terminer avec une touche d’humour, je t’invite à comparer les affiches des deux évènements et à essayer de deviner laquelle a été réalisée bénévolement ? 
Ceci dit, j’étais particulièrement concerné et l’infographiste de la ville était peut-être simplement... consterné. 




À propos de l'auteur(e) :

Robot Meyrat

Éternel débutant, Chercheur de singularités, Créateur de chimères, Expérimentateur d’inédits. Inscrit dès la naissance à l’école de la Vie. Il m’arrive d’être drôle à mon insu. Je suis mon chemin. Résister au courant principal jusqu’à la Mort et au-delà.


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