Ruée vers l’or gazeux
Mais qu’est-ce que j’apprends ?! La France a découvert une réserve colossale d'hydrogène naturel de 46 millions de tonnes en Moselle. Non, non, vous avez bien entendu, en Moselle, là où, il faut bien l’admettre et appeler un chat un chat, il ne se passe plus grand chose depuis que les Allemands n’enfoncent plus nos frontières à coups de bottes. On évalue ce gisement à plus de 80 milliards d’euros, soit l’équivalent du PIB de la Moselle depuis sa création au XIIe siècle par des moines du monastère de San Lorenzo en Campanie… Oups, excusez-moi, je confonds avec la mozarelle. Bref, c’est beaucoup de profit en perspective, cavalière ou non. Cette découverte d'« hydrogène blanc », un combustible entièrement naturel et totalement décarboné, aurait le pouvoir de révolutionner le secteur en révélant une source d'énergie propre, abondante et respectueuse de l’environnement, un environnement social particulièrement dévasté par la mondialisation et la désindustrialisation. Mazette, quelle aubaine pour ces pauvres gens ! Le projet de recherche se nomme non sans humour Regalor pour Ressources gazières de Lorraine. Contrairement à l'hydrogène gris, l'hydrogène blanc peut être extrait avec un impact minimal sur la campagne lorraine qui n’est pas plus moche qu’une autre puisque le fils du roi, bon, vous connaissez la chanson. L'exploitation de cette vaste réserve pourrait réduire considérablement la dépendance aux combustibles fossiles de tout le pays, renforcer la sécurité énergétique de la France entière et stimuler la croissance économique en créant des milliers d'emplois dans les secteurs de l'extraction, de la transformation, de la recherche et de la restauration de tout ce petit monde. Bon, ça, c’est sur le papier ! Pour l’heure, la société FDE creuse un trou de 4000 mètres pour aller voir de quoi il retourne là-dessous. Ça va prendre du temps et de toute façon, l’exploitation proprement dite ne devrait pas intervenir avant 2028. D’ici là, Vladimir Poutine aura lâché ses hordes de cosaques sur l’Europe, on servira de la vodka dans les stations-service et les services techniques russes auront remis Nord Stream en état pour le faire fonctionner à l’envers. Ainsi la Lorraine n’aura plus que ses sabots pour pleurer.

À propos de l'auteur(e) :
Christophe Martin
Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.