Économie

Quand les filles et les fils de famille nous servent la soupe

Publié le 11 avr. 2025 à 10:21 | Écrit par
Christophe Martin
| Temps de lecture : 02m08s

Savoir que Bernard Arnault a placé ses cinq enfants à des postes clefs de ses affaires devrait me faire crier au népotisme. Mais non ! Bien au contraire, j'y vois la preuve irréfutable du bien fondé des thèses de Bernard Friot et de Réseau Salariat. Je m'explique. 

Bernard Arnault a beau être une vieille crapule, je suis intimement persuadé qu'il aime ses enfants. Pour quelles raisons exactement ? Ça, je n'en sais rien mais toujours est-il que, alors que les cinq rejetons pourraient s'épanouir dans une oisiveté dépensière financée par Papa, ils travaillent tous, sans exception, ou en tous cas, font mine d'exercer une activité professionnelle. Les fils Pinault aussi. On voit mal leurs milliardaires de pères les laisser à la rue s'ils avaient décidé de ne pas en branler une. Et pourtant, ces gosses de riches donnent le change : ils ont fait un brin d'études et occupent aujourd'hui des postes à responsabilités, probablement limitées par des fondés de pouvoir diligentés par les vrais boss, mais ces engeances de bourges richissimes sont soucieuses de s'activer au sein des affaires familiales. La descendance de l'aristocratie d'antan aurait répugné à lever le petit doigt pour mériter la moindre indemnité pécuniaire : être et paraître leur suffisaient. Quoiqu'assurés de toucher la rente, les héritiers d'aujourd'hui entendent tirer leur épingle du « game » patrimonial. Un constat qui corrobore la thèse selon laquelle un humain touchant sans condition un salaire à la qualification décent, et donc libéré de l'obligation de produire de la merde pour un employeur sans scrupules, chercherait à le mériter par un travail d'intérêt général. On n'en est pas encore là chez les enfants de riches, cupidité oblige. Mais ce désir de se rendre utile, ou tout au moins d'en avoir l'air à ses propres yeux, et sans doute aussi, à ceux des autres, tend à prouver qu'un salariat débarrassé de l'obligation de travailler pour survivre n'en continuerait pas moins à s'organiser pour produire ce dont la société a besoin, et cela avec l'envie de bien faire qui manque à tous ceux qui vendent à contrecœur leur temps, leur force de travail, voire leur santé, aux détenteurs du capital qui les exploitent. 

Un phénomène similaire avait été observé sur des foyers au-dessous du seuil de pauvreté à qui l’État accordait une aide financière qui leur aurait permis de cesser toute activité salariée. Pourtant débarrassées de la nécessité de travailler pour subvenir à leurs besoins vitaux, ces personnes ont montré une capacité insoupçonnée à poursuivre leurs efforts pour améliorer leurs conditions de vie en poursuivant leur activité salariée ou mieux, en recherchant des postes plus en phase avec leurs vœux de producteurs de richesse. 

Ça ne marchera sans doute pas sur tout le monde et en tout cas, pas tout de suite, mais il y a fort à parier que la pression sociale, et non plus patriarcale, sera un facteur déterminant pour le communisme à venir.



À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.

Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès
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