La cour à la cantine
Dolexpo accueillait début avril le forum national de l’association Agores qui regroupe des acteurs de la restauration collective publique : agents, collectivités, établissements médico-sociaux. L’association encourage l’évolution de ces structures vers plus de local, de bio et moins de plastique. 3 jours de colloques, présentations et autres stands réservés à ce public averti et souvent impliqué donc.
Mes visites de la cuisine centrale de Dole et de celle de Lons-le-Saunier durant le mandat m’avaient démontré que le secteur était en mutation et le sujet d’importance. C’est donc avec intérêt que j’ai accueilli l’invitation (reçue dans un délai raisonnable me permettant d’y répondre) à la séance plénière du matin du dernier jour de forum. Je m’y suis donc inscrit comme demandé. Une invitation à un vin d’honneur en mairie la veille au soir était également présente dans le mail du cabinet du maire ainsi que la mention de la « présence de la Ministre de l'Agriculture » lors de la plénière.
Précision qui expliquait que j’ai croisé 2 policiers sur chacun des 3 rond-points précédant Dolexpo, ce matin-là. N’ayant pas eu de confirmation de mon inscription ou d’information comme quoi un badge d’accès m’attendait à l’accueil de la mairie, et voyant la sécurité déployée aux alentours, j’espérais qu’on me laisserait bien rentrer. Me présentant à l’entrée de l’édifice, on me renvoya vers d’autres personnes qui m’indiquèrent, sans plus de justificatifs, de longer le bâtiment jusqu’à une porte par laquelle les exposants chargent et déchargent habituellement leur matériel. J’étais légitime à entrer, mais n’importe qui, avec un peu de culot, y serait rentré également, et que les dizaines de policiers disposés sur le trajet auraient été plus utiles ailleurs.
En entrant dans le bâtiment, j’eus l’impression de débarquer dans une pièce où avait été organisé un anniversaire surprise : je me retrouvai nez à nez avec une rangée d’élus et représentants de l’État côte à côte, concentrés à attendre l’arrivée de la représentante du gouvernement au point de ne pas me répondre quand je les ai salués. N’étant pas venu pour leur faire la bise pas plus qu’à Madame la ministre, je contournai le groupe et rejoignis la salle de la conférence où les congressistes étaient déjà installés. Après quelques minutes d’attente, les « officiels », en costumes souvent sombres et en dorures préfectorales, remontèrent en silence l’allée centrale en direction de la scène. L’image me fit penser immédiatement à un cortège funèbre dans une église, ce que je confiai à une personne assise à côté de moi après qu’elle ait lâché un « Il faut vraiment qu’on se modernise en France ! ».
Je ne vais pas développer ici le contenu de la conférence qui a abordé des sujets variés et complexes notamment de la confrontation difficile des exigences de la passation des marché publics aux exigences de la loi Egalim, le nécessaire aspect pédagogique des repas qui devrait être inclus dans un projet avec les écoles. Après avoir lancé les débats, la représentante de l’État est quand même restée 1 heure, sur une conférence de 2 heures , ce qui n’est pas mal quand on a un « emploi du temps de ministre ». Tout le premier rang (j’ai vu seulement après que les chaises comportaient des panneaux « réservé élus », un peu comme pour la famille du défunt à l’église) s’est alors levé pour la saluer et la remercier, puis lui a emboîté le pas, quittant la suite des discussions, dans un convoi composé également de photographes et de caméras. Une véritable envolée de moineaux. Ou de coucous.
(NDLR : Nicolas Gomet n'est pour rien dans le choix de l'illustration. Merci au service com' de la ville de nous fournir des clichés inoubliables.)

À propos de l'auteur(e) :
Nicolas Gomet
Scientifique polyvalent et explorateur des institutions locales.