Étant immergé dès la naissance à l'intérieur de cette société, on ne s’en rend pas toujours compte. Pourtant, ça devrait nous sauter aux yeux. Nous sommes prisonnierEs d'une société productiviste jusqu'à l'absurde.
Pourquoi ? Pour ajouter des zéros sur des comptes, de l'argent fictif, car les propriétaires ne pourront pas le dépenser dans leur vie. Jeu d'egos malades, course folle au « toujours plus » condamnant les autres au « toujours moins ». Pour chaque super riche, combien de vies détruites ? Il y a de nombreux livres où un œil extérieur hallucine en découvrant le monde, de la lettre d'un singe aux êtres de son espèce, aux récits de Belzébuth à son petit-fils en passant par les dépossédés. Depuis la pandémie, quand l’état nous a interdit d’aller dans la nature sans autre raison que d’appliquer la stratégie du choc, nous vivons dans la sidération, le pire est devenu l’ordinaire. Un visiteur serait surpris de la passivité de la population, ne sachant pas que l'état nous terrorise par la répression, la mutilation, l’emprisonnement pour celles et ceux qui défendent juste leur droit de vivre. Il y a aussi les résignés qui acceptent une lente agonie sans comprendre que dans la logique de l’abattoir il n'y a pas d'échappatoire. Ils ne peuvent pas s'arrêter, ils n'ont pas le temps, rouages pris dans l'engrenage du système, ils le font fonctionner parce qu'ils ne veulent pas relever la tête, pas voir ce qui les attend au bout du compte. C'est un peu comme le déni climatique. Tout autour d'eux est truqué. Rien est vrai, tout est mensonge : le gouverneMENT. Les médias des milliardaires aussi et même le camarade à la manif qui croient qu’un syndicat fait réellement autre chose que réclamer sa part du pouvoir (un article pour l'éclairer). Le 10 septembre j’ai rencontré des être vivants qui veulent lutter ensemble pour une société solidaire, pas pour poursuivre le spectacle affligeant des faux semblants.
Il y a encore des gens qui croient vivre dans une démocratie, parce qu’il leur reste le droit de vote, même si c’est pour des politiciens qui ne les représentent jamais. Ils se contentent de voter contre. Il y en a d'autres qui s'en foutent, l'éducation nationale leur a appris à obéir, dans une société de consommation, il faut bien consommer, alors ils s'appliquent en espérant que leur maître ne les punisse pas. Le reste, c'est trop compliqué. Pour eux, être heureux, c’est le chemin le plus court à la récompense et ce n'est pas grave s’ils piétinent leur prochain en jouant à candy crush.
Le 18 septembre à Dole, je pense que si les syndicats avaient osé poser la question : Est-ce qu’on veut jouer à saute-moutons avant des négociations pour poser quelques rustines sur nos bouées de sauvetage, ou, la gREVE générale pour aller vers une nouvelle société, ils auraient compris que les gens ne viendront plus si c’est pour faire semblant. À Lons, avec celles et ceux du mouvement, c'était différent, peut-être parce que quand on s’auto-organise, même si on est en colère, c’est l’espoir qui est aux commandes. Pourquoi la fête est subversive ? Parce que l'on prend le temps d'être vivant, c'est un des rares espaces où l'on a le droit de ne rien faire, de ne pas produire. Pourquoi le gouvernement à travers la sécu, la retraite ou le chômage s'attaque à l'oisiveté ? Parce que dans ces moments, nous sommes ensemble, nous échangeons, nous partageons, nous prenons conscience, que le travail est l'esclavage : la servitude volontaire.
Et que ce que nous désirons, ce n'est pas faire de l'argent, mais donner du bonheur aux autres et en recevoir. Un autre monde est possible si nous retrouvons notre jeunesse, si nous sommes là avec eux pour leur montrer autre chose que les fantasmes des influenceurs. Dans le monde de mes rêves, il n'y a pas de leader ou de porte-voix, nous parlons plus ou moins bien, comme nous pouvons, mais avec le cœur.
Robot Meyrat, 18 Septembre, Dole.
Illustration de Trefilis https://pixelfed.social/Trefilis

À propos de l'auteur(e) :
Robot Meyrat
Éternel débutant, Chercheur de singularités, Créateur de chimères, Expérimentateur d’inédits. Inscrit dès la naissance à l’école de la Vie. Il m’arrive d’être drôle à mon insu. Je suis mon chemin. Résister au courant principal jusqu’à la Mort et au-delà.