Mode sombre

Dole, dimanche 15 mars 2020, élections municipales: victoire écrasante de la liste de la bourgeoisie sans étiquette qui va donc de la droite extrême à l’extrême-centre. Dole est par conséquent une ville largement acquise au conservatisme sécuritaire, au rayonnement de clocher et au chlore de la piscine. Mais qu’il nous soit permis de regarder les chiffres des résultats d’un peu plus près.

Sur les 15869 inscrits des listes électorales de Dole, seuls 5838 clampins se sont déversés dans les urnes. 152 ont foiré avec leur bulletin. 58 ont voté blanc, soit 1%: c’est peu mais comme c’est nul, ça favorise l’abstention qui est tout de même la grande gagnante de ce scrutin sans beaucoup d’intérêt même si l’enjeu n’en manque pas. Jean-Baptiste Gagnoux revient dans son fauteuil grâce à 1 inscrit sur 5: c’est légal mais d’une légitimité on ne peut plus fragile. Une bonne campagne aurait pousser les gens à voter. « Une ville qui avance avec vous » ne marche pas toute seule. Une commune qui bouge implique un peu plus sa population.

Ah, il y avait le coronavirus! Eh bien, ce n’est pas moi qui ai maintenu les élections contre tout bon sens. Ce n’est pas moi non plus qui suis allé me frotter à mes co-listiers pour crier victoire salle Edgar Faure après avoir donné des leçons de civisme sanitaire la semaine dernière.

On notera tout de même le bel effort de cet électorat vieillissant et un peu sourd qui a bravé les recommandations de confinement pour remettre derrière son bureau un maire dont certains, à cause de leur imprudence, ne verront peut-être pas la fin du deuxième mandat. 

Mais le vrai constat problématique, c’est que les Dolois ne se sentent pas très concernés par la vie politicienne de leur cité. Ils en sont sans doute même affligés. Ou alors ils sont cons. Tout est envisageable.

Laissons donc la liste de droite à ses pitoyables réjouissances et prenons le vrai problème à bras le corps (c’est une image, ami du premier degré!). Il y a 2 dolois sur 3 qui ne trouvent pas leur compte dans la donne politicarde actuelle. Il y a 181 électeurs de Lutte Ouvrière que je salue pour leur constance mais à qui je rappelle qu’ils se sont trompés d’élection. Il y a une fausse conscience politique socio-démocrate et donc un peu mollassonne qui croit encore au suffrage universel à deux tours, à la démocratie représentative et à l’esprit scout. Il y a maintenant à l’hôtel de  ville un maire mal élu qui ne manquera pas, comme l’ont fait pas mal de donneurs de leçon du deuxième tour en 2017, de me dire un jour ou l’autre que je suis un piètre démocrate. Il est entouré des mêmes qui vont avoir à nous expliquer que notre ville est dynamique alors que la participation aux élections est de 37,42%, ce qui signifie que les deux tiers des Dolois, la gestion de leur ville et de leurs impôts, ils s’en battent les steaks. Ou est-ce qu’ils estiment que le système actuel ne leur permet pas de s’impliquer comme ils le souhaitent? Ou alors ils sont cons. Tout est envisageable.

Dans tous les cas, il n’y a aucune raison de se réjouir de ces élections municipales 2020. Que les résultats soient maintenus ou pas, va falloir se demander ce qui cloche, chercher des solutions et commencer à vraiment faire des choses là où ça se passe. En bas de chez nous, dans nos assiettes, sur nos écrans, dans nos poumons et dans nos têtes.

 

Crédit photos capture d'écran Mohamed Mbitel


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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