Libres Commères est signataire de l’appel du média Révolution Permanente qui exige l’arrêt des entreprises non-essentielles. En effet, le gouvernement a annoncé la fermeture des bars, restaurants, et autres commerces non-essentiels, mais il maintient l’activité pour le secteur industriel, sûrement dans le but d’essayer de maintenir l’économie à flot. Mais l’économie vaut-elle plus que nos vies ? Pour ces gens-là apparemment le choix est fait.
Je suis donc parti à la recherche de quelqu’un qui bosse dans le BTP, un secteur « forcé » de maintenir son activité, et qui à mon goût est loin d’être indispensable en pleine crise sanitaire majeure. Heureusement, j’avais une amie sous le coude prête à répondre à mes questions …
Quel est ton boulot exactement ?
Je suis secrétaire comptable dans une entreprise de BTP du coin.
Est-ce que tu considères ton activité comme essentielle ?
Non, mon activité n’est pas essentielle ! Surtout au vu de l’urgence sanitaire actuelle !
Qu’est-ce que vous faites en ce moment (au niveau de l’entreprise) ?
Nous avons arrêté tous les chantiers depuis le 17 mars. Les employés sont plusieurs dans les véhicules lorsqu’il travaillent, ils se passent les outils, rencontrent d’autres corps d’états (NDLR : d’autres ouvriers d’autres entreprises…). Les enlèvements chez nos fournisseurs sont dangereux également, et nous n’avons pas les protections nécessaires pour leur santé. Malgré la demande du gouvernement de maintenir le secteur du BTP au travail, nous sommes restés à l’arrêt. La CAPEB et la FFBTP (NDLR : deux représentants des employeurs du BTP) se battent afin que des sociétés comme la nôtre puissent bénéficier du chômage partiel pour réduire nos charges et assurer notre pérénnité. Beaucoup d’autres entreprises sont dans le même cas que nous.
As-tu peur pour ta santé ?
Je n’ai pas peur, actuellement je suis à la maison, hors de question pour moi de reprendre le travail.
Aviez-vous du matériel de protection à disposition des employés ?
Dans notre activité, il faut des gants et des combinaisons, aujourd’hui nos fournisseurs sont incapables de nous en fournir. Nous ne pouvons donc pas faire travailler les ouvriers dans les conditions ne serait-ce qu’habituelles, et nous n’avons pas non plus de masques ou de solution hydro-alcoolique. Nous avons fait don il y a 2 semaines de nos gants au CHU de Besançon.
J’ai également contacté un autre ouvrier, peintre cette fois-ci, qui travaille lui aussi dans une entreprise de BTP aux alentours de Dole.
Est-ce que vous considérez que votre activité est essentielle ?
Pas vraiment, ce qui est important, c’est surtout les métiers « alimentaires », les paysans et tout ça, il faut bien continuer à se nourrir, mais la peinture n’est pas essentielle durant cette période.
Votre entreprise est fermée depuis une semaine ?
Oui, elle a fermé le vendredi 21, soit à la fin de la première semaine de confinement. C’est l’employeur qui a décidé de cesser l’activité suite à l’avis de la FFBTP…
Est-ce que vous avez des informations vis à vis du chômage partiel ?
Rien du tout ! On est vraiment dans le vide complet, aucune informations. C’est l’employeur qui avance l’argent et il ne sait pas si il va être remboursé par l’État.
Il y a une semaine, nous étions confinés mais l’activité était toujours en cours, les employés étaient-ils inquiets vis à vis de leur santé ?
Oui oui ! Il y a eu une prise en compte de la santé des employés, certains étaient sceptiques vis à vis de la dangerosité du virus, mais le message a fini par passer, les employés ne se serraient plus la main, plus de contacts, etc … Nous n’avions pas de matériel de protection par contre. J’avais mon gel à moi, rien de plus.
Les entreprises du BTP donc, rangées derrière la FFTBP et la CAPEB (et surement d'autres ?) ont donc décidé de stopper leurs activités malgré la demande du gouvernement. Des négociations seraient en cours, mais les ouvriers commes les employeurs sont pour l'instant dans le flou.
Affaire à suivre !
À propos de l'auteur(e) :
Lucien Puget
J'ai toujours été intéressé par la politique et le fonctionnement de notre société. Au cœur des luttes sociales à mes heures perdues, j'aime me faire témoin des bribes de vie de vous autres les humains, et j'en tire mes doctrines de vie et quelques anecdotes amusantes...
Étudiant en informatique