Où étais-tu, mon élu?
Le 20 novembre dernier (avant-hier pour ceux qui me lisent aujourd’hui), ça bataillait ferme du côté de l’Assemblée nationale qu’on avait bien ceinturée, des coups que les sans-culottes s’invitent à la session. Alors je me suis dit : « Tiens, allons donc voir ce que le député de la 3ème circo du Jura a bien pu faire dans cette galère parlementaire. » Je dis ça parce que je veux faire l’intelligent. Parce qu’en fait, je sais bien qu’à la fin LaRem, ils sont toujours les plus nombreux. Et que les autres en face, ils peuvent bien dire ce qu’ils veulent, Macron et sa bande, ils s’en tapent. Le problème avec mon député de la 3ème circo, c’est qu’on sait trop bien s’il est en face, ou avec eux, ou de biais, ni jamais totalement pour, mais jamais vraiment là quand il faut être contre. Y a des mots pour le dire crûment mais je vais m’abstenir en souvenir de ma maman qui m’a bien éduqué.
Pas facile dans ces conditions de s’intéresser aux votes et aux lois d’autant que c’est tout de même pas très simple, le parlementarisme, tout ce merdier d’articles et d’amendements bizarrement ficelés. J’ai bien compris qu’il se passait un truc pas très net avec cette affaire de droit à l’image malveillante pour les flics qui dérapent mais j’ai pas bien compris l’enjeu de l’histoire pour les journalistes. En tous cas, ça vote à l’Assemblée. Mazette!… des pleines pages de codes, de dates et d’intitulés à rallonge sur le site du Palais Bourdon (NDLR: Bourbon). Je sais pas s’ils comprennent bien tous ce qu’ils font mais dame, ils appuient sur le bitogneau.
J’ai même été un peu curieux et j’ai cliqué sur analyse du scrutin pour l'amendement de suppression n°750 de M. Bernalicis à l'article 20 bis de la proposition de loi relative à la sécurité globale (première lecture) du 20/11/2020. Le 3207 qu’il y a devant, je sais pas à quoi, il correspond. Toujours est-il qu’à l’autre bout du clic, je trouve pas mon Jean-Marie Sermier. Madame Dalloz, la brave dame de la circo d’à côté, est bien sur la liste des gens qui ont voté contre l’amélioration de leur collègue. Je m’aperçois aussi que Benjamin Griveaux est sur la liste de LaRem: ça doit quand même pas être facile tous les jours au boulot...
S’il est pas là, Jean-Marie Sermier, c’est qu’il est sur FaceBook, que je me suis dit et hop, double click et en avant sur le mur du député. Je le trouve sans problème, fidèle au post. Ah mince, je l’ai raté de 72 heures!
Pourtant visiblement, ça l’intéresse, ces histoires de police mais il a sans doute pas pu dépasser le premier article parce que l’intro est bien longue et le style est assez soutenu, franchement austère et pour tout dire bien juridique. On voudrait que personne n’y voit goutte qu’on s’y prendrait pas autrement. Comment voulez-vous que les gens respectent des lois qu’ils n’ont déjà pas plaisir à lire? Néanmoins, toutefois, cependant, ça a l’air de donner de la satisfaction tout plein à notre chef de la police municipale de Dole. Je vois pas trop bien pourquoi mais je vous renvoie au texte, des coups que le confinement vous pèserait un peu trop.
http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b3452_proposition-loi
Mais le meilleur reste à venir parce que le policier municipal en chef est pas le seul à y être allé de son petit commentaire. J’ai un peu maquillé le bazar à cause de l’article 24 dont ils parlent tous et que, dans le doute, je floute, histoire d’assurer mes arrières. Mais je vous recommande la lecture attentive des questions et des réponses parce que j’aurais pas mieux fait moi-même.
Pour ceux qui sauraient pas, ACAB tout à la fin, ça veut dire All Cops Are Bastards, ce qui peut se traduire en gros par tout le monde a de bonnes raisons de détester la police. C’est sans doute exagéré parce que ces gens-là ont sûrement de la famille et que c’est bientôt Noël et qu’ils ont eu pas mal de primes en début d’année et pas trop le temps d’aller les dépenser à l’étranger.
Bon pour finir sur cet article 24, il semble bien que Jean-Marie Sermier ne l’ait pas voté. Il n’a pas voté contre non plus. Il était juste pas là. C’est malin !
DERNIÈRE MINUTE: une copine a reçu une lettre du député en question et une autre copine me dit qu'elle a reçu la même pour une autre loi sur le terrorisme avant. Faudra sans doute penser à lui envoyer autre chose que des lettres et des mails.
Madame,
Vous m’avez récemment envoyé un courriel pour me dire votre vive opposition à la proposition de loi LREM relative à la sécurité globale actuellement en discussion à l’Assemblée Nationale.
J’ai pris bonne note de vos arguments qui nourrissent la réflexion, ils rappellent notamment la nécessité d’aborder ce texte avec une dimension éthique ; ce que je partage évidemment.
La discussion parlementaire débute dans le contexte extrêmement préoccupant de la montée de la menace terroriste dans notre pays, qui n’épargne plus aucun territoire ni aucune profession, comme le lâche assassinat d’un professeur de lycée nous l’a rappelé cruellement.
Nous devons donc donner aux forces de l’ordre les moyens d’accomplir leur mission de service public et de mieux se coordonner entre-elles.
Il s’agit de trouver un équilibre juste entre la préservation des libertés individuelles et la protection des Français.
Bien cordialement,
Jean-Marie SERMIER
Député du Jura
Vice-Président de la Commission Développement Durable
Hôtel de Ville - Place de l'Europe
39100 DOLE
DEUXIÈME DERNIÈRE MINUTE: pour le vote du 24 novembre sur l'ensemble de la proposition de loi à la sécurité globale, Jean-Marie Sermier a fait sa réapparition pour voter POUR comme 98 de ses amis. C'est plutôt rassurant d'avoir un député qui assume. Mais alors pourquoi ne pas l'afficher sur sa page FaceBook ? Sans doute parce qu'il s'y montre plus préoccupé par l'écologie, les transport en commun et la survie des petits commerces et des tavernes. Sécurité, proximité et votez pour moi!
À propos de l'auteur(e) :
Christophe Martin
Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.
Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès
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