Mode sombre

Ils sont bien gentils, nos amis de l’Assurance Maladive, de prendre soin de la confidentialité de mes données personnelles. Pas de hacker à venir fouiller dans mes ordonnances pour savoir si je consomme des anxiolytiques ou du viagra. Y a que moi, ma pharmacienne et Ameli qui sommes au courant pour mes aphtes et de mes hémorroïdes.

" Bonjour Christophe MARTIN,

La sécurité de vos données c'est essentiel pour vous, comme pour nous. C'est pourquoi l'Assurance Maladie renforce la sécurité d'accès au compte ameli.

Pour cela, vous êtes invité(e) à modifier votre mot de passe lors de votre prochaine connexion.

Le mot de passe doit adopter les recommandations de sécurité des données et comporter au minimum :

- une majuscule,

- une minuscule,

- et au choix un chiffre ou un caractère spécial.

Attention, il ne doit pas contenir votre N° de sécurité sociale, votre date de naissance ou une partie de celle-ci.

Enfin, pour limiter au maximum le risque de piratage, pensez à changer votre mot de passe régulièrement (tous les 3 à 4 mois).

Cordialement

Votre correspondant de l'Assurance Maladive"

Sauf qu’on sait maintenant depuis deux semaines que nos pharmaciens transmettent docilement la liste de tout ce qu’on prend pour se soigner directement à une entreprise américaine qui s’appelle IQVia (traduire par « à travers ton Q ») et dont le président pour la France Jean-Marc Aubert semble entrer et sortir du service public quand bon lui semble ou plus exactement quand c’est utile aux intérêts de certains. J’ai d’une manière générale une forte aversion pour les collecteurs de données de ce type, surtout quand il essaie de nous faire croire que c’est pour le bien de l’humanité. Nourrir l’intelligence artificielle pour se remplir les poches, on connait la chanson. Mais ceux-là détiennent le pompon avec un invraisemblable protocole déontologique, mis au point avec la CNIL (sur laquelle la macronie s’essuie de plus en plus souvent les pieds) et impossible à respecter dans les faits. IQVia prend soin de ses donneurs (6 euros par mois pour la pharmacie, c’est tellement ridicule que c’en est louche) et « grâce à la base Pharmastat, je gère mieux mes prix et suis plus compétitif ! », confie Gilles du 92, adhérent à Pharmastat depuis 14 ans, sur le site d’IQVia. Ben, voyons, Gilles, bien te placer sur le marché du médicament, c’est essentiel. Y a pas de raison que tu n’aies pas ta part de gâteau chez Big Pharma car ta petite épicerie du médoc’ ne connait pas la crise. Et ton serment de Galien, Gilles, tu l’as oublié ? Les règles de l’honneur, de la probité et du désintéressement, ça te le remet un peu en mémoire? Tu n’es pas un vendeur de poudre de perlimpinpin, Gilles, même si ton rayon parapharmacie donne l’impression du contraire.

Quand nous, les consommateurs, on n’est pas des vaches à lait, on est des ânes à duper. Ça commence vraiment à bien faire, tous ces profiteurs qui engrangent discrètement du pognon pendant que l’ensemble de la population s’appauvrit. Il faut que Lise Lucet aille enquêter pour qu’on découvre l’existence de ces entrepôts de la data médicale basés aux États-Unis : Snowden et la NSA, ça ne nous a pas suffi? Mais il y a mieux.  

Le Fil d’Actu nous apprend que le gouvernement Macron s’apprête bien imprudemment à "confier" aux gros gérants du cloud américain la sauvegarde des données de l’administration française. Je ne sais pas au juste ce que le gouvernement yankee pourrait en faire mais éthiquement, y a un bug. Le même que j’avais soulevé lors d’un atelier de l’Éducation nationale où on nous apprenait à faire transiter en toute sérénité toutes nos créations pédagogiques par Google Docs.

Alors je garde mon mot de passe chez Ameli à qui je ne vais jamais rendre visite de toute façon et je conseille à la Sécu de s’occuper de la sienne de sécurité car les grosses compagnies d’assurance privée sont bien décidés à avoir sa peau, d’autant que le vaccin anticorona est loin d’être gratuit en fin de compte. Encore une fois, ça m’est égal qu’on utilise mes données et même tout ce que je produis sur le web. Ce que je ne supporte pas, c’est que ça se fasse au nom du pognon pour enrichir des parasites et qu’en plus, il faudrait dire merci.


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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