Aujourd’hui, on n’a plus le droit…
Aujourd’hui, on n’a plus le droit… Ces quelques mots nous renvoient rapidement à la chanson des Restos du Coeur, un hymne rempli d’altruisme, de générosité, de lutte contre la pauvreté. Toutefois, derrière ce bel élan, peuvent se cacher des réalités parfois moins reluisantes notamment à cause de volontés venues d’en haut pour faire perdre toute notion d’humanité et de respect à une base militante souhaitant “respecter la loi”. Dura lex, sed lex (la loi est dure mais c’est la loi).
C’est ce qui s’est passé ce vendredi 15 octobre 2021 à l’occasion de la réunion de lancement de la campagne d’hiver des Restos du Cœur dans le préau du Pôle Courbet où une centaine de personnes (sur 140 bénévoles pour Dole) étaient présentes pour recueillir les consignes pour cette nouvelle période.
“J’avais eu l’information que le passe sanitaire était demandé mais j'espérais, sans trop d’illusion, qu’on me dise de rester, même à l’écart” explique Christiane Thiebaud, bénévole depuis une quinzaine d’années dans cette association.
Arrivée à l’entrée, elle a donc été renvoyée. Malgré tout, elle a tenu à ce que l'animateur de la réunion précise les raisons de son départ .“La devise des restos, c’est l’accueil inconditionnel des bénéficiaires, heureusement! Mais ça peut être aussi entre bénévoles. Je me suis sentie pas mal humiliée…” On peut la comprendre, dans une période où les personnes bénévoles sont des denrées rares, comment peut-on se passer de bonnes volontés comme Christiane?
Les Restos, elle les a rejoints par l’entremise d’une personne avec laquelle elle marchait. Très investie, elle œuvre également pour des associations d’éducation populaire, de soutien au développement dans les pays défavorisés, de commerce équitable ou encore d’aide aux migrants. “Sans idéologies, discours ou baratins” (comme dirait Coluche), elle donne sans compter de son temps pour les autres bien loin du procès “en égoïsme et en irresponsabilité” véhiculé par un président de la république à l’encontre des personnes non-vaccinées.
Alors, quand la première vague est arrivée, Christiane s’est retrouvée en première ligne aussi en continuant la distribution hebdomadaire malgré la sidération générale de toute la population. “On a du louper qu’une seule distribution au début de la crise. Du coup, aujourd’hui, je me sens un peu, dans une moindre mesure évidemment, comme les soignants qui se sont retrouvés au front, en prenant des risques et qui sont désormais suspendus, interdits d’exercer leur profession".
Je précise toutefois que les bénévoles et les bénéficiaires ne sont pas soumis au passe sanitaire et que c’est bien seulement à l’occasion de cette réunion des bénévoles que celui-ci a été appliqué. “On a le droit d’aller pratiquer mais on n’a pas le droit d’aller aux réunions qui organisent la pratique, c’est quand même un comble…D’ailleurs, à ce jour, je suis toujours en attente des consignes”
Avec un tel épisode, on peut se demander: Où est l’esprit des Restos? Que penserait Coluche de tout cela?
Thomas Gaillard
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