Mode sombre

Les cérémonies du 11 novembre font l’objet de multiples discours plats, empreints d’un lyrisme à deux balles et nourris à un nationalisme héroïque aussi désuet que mal venu. Heureusement les pacifistes profitent de l’anniversaire de l’armistice pour évoquer l’actualité tout en faisant un sort aux véritables fauteurs de troubles, ceux d’hier étant finalement les descendants de ceux d’aujourd’hui. Voici donc la prise de parole de notre camarade Daniel Brémond, membre de la Libre Pensée, ou plus exactement son projet d’intervention, sa version définitive ayant entre temps été légèrement modifiée. Cette version n’en sera donc que plus cinglante.

« Amis, camarades, je vous adresse le salut fraternel de la section de Dole de la Libre Pensée.

Deux expressions résument l’horreur de la guerre de 14 : l’une c’est « fusillés pour l’exemple », l’autre bien qu’antérieure à cette guerre, c’est « chair à canon ».  À elles seules, elles nous rappellent jusqu’à quelles  violences peuvent aller les gouvernements, non pas contre un ennemi extérieur mais contre leurs propres peuples. Après les révoltes paysannes et ouvrières qui avaient éclaté dans toute l’Europe allant dans notre pays jusqu’à la rébellion des braves soldats du 17ième, ajouté au souvenir de la Commune,  la vie des appelés ne valait pas cher. Un historien Jacques Bainville, de la même famille politique que les va t-en guerre Daudet et Maurras  est allé jusqu’à écrire «  de ces sacrifices une race fortifiée va naitre » ….ce qui revient à dire « on est enfin débarrassé de la piétaille ». C’est abject. Ce sont les mêmes qui ont armé le bras de Raoul Vilain, l’assassin de Jean Jaurès alors qu’il  jetait toutes ses forces pour empêcher la tuerie, fort de ses convictions de militant de l’Internationale socialiste. Il ne  cessait de dénoncer le capitalisme fauteur de guerre. Il fallait qu’il meure car il avait raison. Car c’est bien la révolution socialiste en Russie qui s’est propagée à l’Allemagne qui a mis fin à la tuerie. Nicolas Il a été fusillé, Guillaume II a abdiqué le 9 novembre 1918. Il s’est réfugié aux Pays Bas pour ne pas subir le même sort que son cousin. Deux jours après l’état major allemand signait l’armistice.

Aujourd’hui le capitalisme continue ses ravages. Il a plusieurs visages : une façade chaotique : avec ses crises successives, depuis celle de 1929 à celle des subprimes, les délocalisations stupides : on n’a pas de masques, de vaccins, ni même de microprocesseurs ! Il faudrait le réformer disent certains. Le deuxième, c’est celui de l’oppression économique, des travailleurs de plus en plus pauvres, et une caste de plus en plus riche. Le troisième, c’est celui de l’oppression politique. Le souvenir de la révolution de 1917 est encore vivant : pour eux, plus jamais ça ! Pas de quartier !  Çà  commence par la main mise sur les médias pour museler les opposants. Çà va jusqu’à leur extermination  comme Lumumba ou Salvador Allende pour finir par des guerres meurtrières. Le souvenir des crimes déjà commis peut, à juste titre, faire froid dans le dos. Les signaux d’alerte ne manquent pas, telle cette idée insidieusement répétée qu’on est trop nombreux sur la Terre. Mais il y aussi les guerres en cours et leurs flots de réfugiés, les armes en stock, de nouvelles si activement préparées et le pire, le risque d’un conflit entre les  Etats-Unis et la Chine qui aurait des répercussions planétaires, menaçant toutes les formes de vie sur terre.

Dans notre pays, le chef de l’Etat et les membres du gouvernement usent complaisamment d’un vocabulaire militaire : conseil de défense, déplacement « sur zone »… Ils améliorent de mois en mois leur arsenal législatif qui restreint de plus en plus nos libertés fondamentales. Nous ne sommes déjà plus dans un régime démocratique mais dans un système qui s’apparente au corporatisme inspiré de la doctrine sociale de l’Église. Il faudrait de nouveau réaliser l’Union sacrée pour une bonne cause, mener la chasse contre les réfractaires ou autres récalcitrants, tous ensembles patrons et ouvriers. Excusez-moi d’employer un gros mot : la lutte des classes, connait pas ! C’est encore le capitalisme qui est le moteur de la destruction des services publics vitaux comme la santé et l’instruction publique. La politique du gouvernement ouvertement contre la jeunesse est un autre signal d’alarme. Elle est méprisée : avec le contrôle continu, le baccalauréat est, à très peu près, transformé en un certificat de présence. Et il faut la mettre au pas avec le SNU. Je vous incite à lire le témoignage publié par nos camarades libres penseurs du Cercle Martinet de Dijon qui rend compte de leurs méthodes. De nombreuses associations dont notre fédération nationale rentrent dans le collectif national qui revendique « Non au SNU ! Abrogation du SNU ! » Des collectifs se sont créés par département. Pourquoi pas un collectif du Jura pour l’abrogation du SNU, auquel on pourrait adhérer en tant qu’association mais aussi à titre personnel ? Pour notre part nous sommes disposés à y participer. 

A bas la guerre, à bas toutes les guerres, ni dieu, ni maître, à bas la calotte et vive la sociale. Je vous remercie. »


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