Mode sombre

La multiplication des provocations en direction des opposants à la vaccination obligatoire contre le covid-19 devrait nous alerter. La macronie ne chercherait-elle pas à faire diversion? A enfermer le débat public dans cette nasse? Faut pas être grand clerc pour trouver la réponse. Pendant qu’on se gratte la tête à propos des endroits où on pourra enlever le masque tout en présentant quand même son pass à partir du 28 février, le président par intérim de l’Union européenne Emmanuel Macron fait le kéké entre Poutine et Biden. Comme les rumeurs diplomatiques ne nous parviennent que par le crible de la presse, on ne peut que supposer que l’agitation du p’tit gars de chez Rothschild n’a que peu d’impact dans le bras de fer. Mais avant d’officialiser sa candidature, le président sortant espère bien engranger un succès de façade sur le plan international alors que son équipe de bras-cassés allège au compte-gouttes les restrictions à la mords-moi-l’noeud dont on cherchera encore les fruits à la prochaine épidémie de connerie.

Mais il va se trouver quelques bonnes âmes pour défendre l’action de Véran et de Castex (en dehors de ceux qui risquent le poteau d’exécution bien sûr) et se résigner à soutenir la candidature du fringant quadra en costard de luxe qui a plus peur de se ridiculiser devant Poutou que devant Poutine. Du coup, on se demande si le candidat du NPA aura ses parrainages. 

Cependant une chose est sûre : les manifestants des « convois de la liberté » et leurs soutiens ne s’y trompent pas. Au lieu de focaliser sur les libertés individuelles et le pass inique, ils ont élargi leurs revendications au prix des carburants bien sûr mais aussi à la chute du pouvoir d’achat. Devant l’abondance du ravitaillement à chaque étape, un vieux GJ normand déclarait à Ouest-France: « Depuis trois ans que je manifeste, on n’a jamais vu une solidarité comme cette nuit. On a perdu la liberté, on a perdu l’égalité, heureusement qu’on a encore la fraternité. » Les Français ont donc bien conscience que c’est au niveau du frigo que ça se passe. Alors que le porte-feuille des actionnaires n’a jamais été aussi gonflé (tout comme leur arrogance d’ailleurs), le porte-monnaie des moins-nantis se vide. 80% de la population souffrent (ou vont souffrir dans les années qui viennent) de l’incurie gouvernementale sur le plan économique. Notre balance commerciale n’a jamais été aussi déficitaire et de l’avis des économistes clairvoyants et donc hétérodoxes, on n’a pas encore touché le fond.

Pour la macronie, le fiasco économique doit soigneusement être dissimulé aux électeurs encore majoritairement européistes surtout que l’Allemagne, à l’inverse, bat des records à l’exportation. Bonjour la solidarité européenne! 

Alors bravo aux manifestants des convois qui sortent de la nasse vaccinale dans laquelle la propagande macroniste aimerait bien nous enfermer. Si la question des libertés individuelles est loin d’être négligeable, il ne faudrait pas s’arcbouter sur cette problématique qui ne permet pas d’avoir une vision globale du problème Macron: la volonté délibérée de toute une sphère stato-financière de tirer le maximum de profit de notre pays au détriment de celui-ci et en conséquence la détérioration du service public. Par exemple, les laboratoires pharmaceutiques en grande partie américains se sont enrichis de tout l’argent que l’État français n’a pas investi dans les hôpitaux, la formation des soignants et la prévention des épidémies. L’affaire du pass vaccinal qui était destiné à diviser la population et qui y a plutôt bien réussi jusqu’à présent ne doit pas nous égarer sur les sentiers libertaires. Même topo pour les questions identitaires et sécuritaires qui n’ont rien de prioritaires et dont Zemmour, Pécresse et Le Pen font leur fond de commerce sans autre perspective économique que ce que pratique l’actuel gouvernement.

La question de fond reste sociale, c’est à dire économique et politique. A quoi bon avoir le droit de tout faire quand on ne peut financièrement plus rien faire? La réouverture des restos, des boites, des théâtres, des concerts, des MJC et des cinémas sans pass, ça fera une belle jambe aux chômeurs et aux faibles revenus. Ils resteront à l’écart des loisirs vivants trop onéreux, condamnés à CNews, Metavers et Netflix. Marx raillait en son temps l’hypocrisie des Lumières et de ses libertés réservées en fin de compte aux privilégiés. 

La condamnation de la dérive fascistoïde du régime doit s’accompagner d’une dénonciation du saccage économique du pays orchestré par le gouvernement. Les deux vont de paire parce que la crise sanitaire lui a permis de masquer localement une crise mondiale du capitalisme bien plus catastrophique encore.

La stratégie de campagne macroniste va consister à allumer des feux de diversion et à mentir sur son bilan. Le « convoi de la liberté » ne s’y trompe pas et a mis le cap sur Bruxelles. Et là, il ne s’agit plus uniquement de libertés individuelles ni de pass discriminatoire mais bien de politique économique désastreuse et de souveraineté nationale écrabouillée.


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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