Parmi les nombreuses invitations que je peux recevoir, mon agenda m'a permis de répondre à celle de la séance du conseil municipal des enfants. Une occasion de voir comment fonctionne cette institution dont la seule chose que je connaissais était ce qu'un enfant-électeur m'en avait rapporté : son camarade de classe a été élu parce qu'il avait promis d'augmenter la durée des récréations.  On imagine aisément en tant qu'adulte que ce n'était pas, et que ça ne sera jamais, un sujet à l'ordre du jour de ce conseil municipal des enfants. Électeurs et candidats avaient-ils seulement conscience de ce qui peut l'être ? Beaucoup des jeunes élus l'ont sûrement découvert après coup. Cet espace offert par les adultes et supposé initier les CM1-CM2 à la démocratie, a au moins le mérite de montrer aux quelques petits élus qui les représentent à quoi ressemblent les institutions. Mais sont-ils seulement en mesure de distinguer ce à quoi renvoient ces 2 mots quand les élus adultes emploient à dessein le premier pour désigner le second. 

De ma position d'élu municipal, j'ai été agréablement surpris d'entendre les enfants évoquer leurs travaux en commissions de travail, qui, à la différence de celles du conseil municipal des adultes, ressemblent à des lieux de discussion et de décision des projets. « Pour la solidarité, nous pouvions agir pour les animaux, les soignants et les personnes âgées et nous avons voté pour les personnes âgées », ou « Nous avions plusieurs projets comme une fête sportive et une espèce de grosse « boum » pour danser, on a choisi de faire un grand événement qui mélange tout ça ». Certains propos peuvent faire sourire mais ils ont le mérite de la fraîcheur des mots d'enfants encore loin de la langue de bois de leurs aînés. Encore qu'on sente bien que les adultes sont derrière. C'est bien normal me direz-vous de faire coller les idées des enfants à ce qui est réalisable dans la réalité du budget et des prérogatives de la municipalité. Mais c'est un peu malaisant d'entendre les enfants répéter sans réserve les arguments qui leur ont été donnés comme ceux sur le nombre de participants possibles à un événement. Ça l'est encore plus de voir leurs aînés élus suggérer en pleine séance les prochains projets des enfants qui colleraient parfaitement avec ceux en cours ou à venir du conseil municipal et d'agglomération. On n'oublie pas le cadre pédagogique non plus : le conseil municipal des enfants a pour objectif de leur apprendre ce qu'est la démocratie. Quand un enfant s'interroge sur le choix d'une des commissions de travail, le maire intervient : « On n'est pas toujours d'accord, c'est normal, il y a des élus qui posent des questions et d'autres qui leur répondent, c'est ça la démocratie ». La démocratie rapportée à sa propriété la plus limitée dont le corollaire est que si cette condition n'est pas remplie, ce n'est pas la démocratie. 

Que penser alors quand certains décident de tout et ne permettent pas à ceux qui les interrogent  d'accéder aux dossiers malgré leurs demandes répétées ? Donner des exemples aux enfants c'est une chose, mais pour que cela ait une quelconque valeur, il faudrait commencer par donner l’Exemple.

Nicolas Gomet