Mode sombre

Cela fait des années que la politique scinde le peuple en deux: les fachos d'un côté et les néo-libéraux de l'autre. 

Une pelletée de connards contre une pelletée de connards. 

Aussi, quand j'ai vu cette élection arriver, j'y ai vu comme un espoir; le peuple n'allait pas se laisser berner par les médias, n'allait pas se tourner vers l'extrême droite pour incarner le contre pouvoir, c'était impossible, pas encore, pas cette fois, pas maintenant qu'on sait qu'on n'a que trois ans pour agir pour le climat, pour la justice sociale, pour changer notre république à bout de souffle. 

Et puis si...

Alors je suis là, à 20h05 dans ma cuisine ce 10 avril, hébété comme il y a 5 ans, à me demander comment tout cela a pu arriver.

Que les gens s'abstiennent je l'entends. 

S'il est un droit inaliénable, c'est bien celui de ne pas participer à l'élection de Mister France 2022.

Mais que malgré la transparence de la bêtise et de la méchanceté crasse des deux camps qualifiés le peuple ait pu choisir ces deux pôles comme avenir, il y a quelque chose qui m'échappe. 

Je n'en reviens pas.

Et puis,  je pense. 

Il y a de plus en plus d'entrepreneurs en France. 

On glorifie cette étrange manie de l'entreprenariat comme s'il s'agissait du salut de notre pays. 

Les entrepreneurs rêvent de mérite, de fric et de ne pas se soucier d'autre chose que leurs insignifiantes affaires. 

De l'autre, un peuple qui se laisse embaucher, qui se laisse cajoler et embarquer dans le bateau de la course à l'échalotte économique en croyant aussi que le salut se trouve dans le progrès, dans YouTube, chez Hanouna, partout sauf dans les livres, partout sauf dans l'art, partout sauf dans leurs intériorités.

Résultat : une France coupée en deux. Un peuple de cons qui en veut, un peuple de cons qui est exploité. 

La France est devenue moche.

Raciste. 

Bête. 

Et on nous bassine avec le Siècle des Lumières ! Ah ils seraient heureux les lumières de se pointer en 2022! 

Puisqu'on parle de mérite, voici!

On a le résultat qu'on mérite, on aura le président qu'on mérite, le peuple qu'on mérite, un peuple de merde...

Nous sommes devenus des veaux indigestes sans envergure. Demain, les coqs chanteront sans savoir qu'ils se feront plumer dès le 25 avril. 

Alors arrêtons de dire qu'il y a des excuses au vote Le Pen. Il n'y a de raison que le fait que les gens sont des porcs abrutis. 

Ça fait une belle basse cour insultée à tout va, pardon pour la ferme mais je suis en colère.

L'espoir collectif de masse a disparu ce soir, c'était sa dernière chance. Il sera supplanté en général par l'espoir individuel, comme c'est déjà le cas, et en particulier par un espoir collectif isolé ou fédéré,  mais loin de lier toute la France.

C'est devenu impossible. 

La France est devenue impossible. Désormais, notre espoir passe par s'éloigner du contingent national et faire sécession. C'est ainsi que la révolution pourra vraiment exister.

Aussi j'appelle toutes les bonnes volontés dès ce soir. Planchons ensemble sur une nouvelle société. Proclamons notre république et laissons tomber ce pays qui n'est pas capable de se croire humain. Et tant pis si on n'a que 100 m2 de territoire : l'important se joue ailleurs, dans la fabrique des idées.

L'important se joue ailleurs que dans cette dépression sociétale que notre beau pays est devenu. 

L'espoir est dans l'ailleurs.

Dans cette beauté que la France n'a plus.

Benjamin Alison


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