Bon anniversaire Louis Pasteur

Le titre renvoie au témoignage d'un événement précédent qui avait aussi pour prétexte un anniversaire  : Bon anniversaire, Vache qui rit®  !. Le centenaire de la célèbre entreprise de fromage fondu a laissé place au bicentenaire du non moins célèbre savant. Un article paru dans l'édition papier de septembre.

Courant juin, j'ai reçu, en ma qualité de conseiller municipal, un carton d'invitation à « la réception donnée par la Ville de Dole en hommage à Louis-Pasteur  » et «   au cocktail dînatoire qui s'en suivra  ». Cette événement sur invitation s'intercalait entre les événements publics du 9 juillet 2022 : le départ d'une étape du Tour de France d'une part et la projection de films retraçant la vie de Pasteur (et qui se répéterait jusqu'à fin août) et des feux d'artifices d'autre part. L'invitation évoquait également ces événements de la soirée. 

Il ne serait effectivement pas très correct pour un maire de remettre dans le train les représentants de l'Institut Pasteur venus spécialement à Dole, surtout quand il viennent pour lui remettre une médaille commémorative, sans marquer le coup. Mais le protocole veut également que soit invités les élus municipaux, les membres du cabinet, les vice-présidents du Grand Dole, les élus régionaux de la région de Dole, la députée, les représentants de l'Etat, les membres d'association en lien avec l'événement, les représentants des financeurs quand il s’agit d’inaugurations, auxquels s'ajoutent parfois conjoints ou anciens maires. 70 convives est l'effectif minimum, et il peut facilement être beaucoup plus important selon l’événement. D’autant que les convives s’augmentent encore de ceux qu’on croise quel que soit le motif de la fête. 

Ce soir-là, aux discours du maire et du directeur de l'Institut Pasteur, succéda le cocktail, le tout en bordure du canal des Tanneurs. La scène fut scrutée, parfois photographiée, de haut, par les passants qui franchissaient la rue du Prélot, se penchant vers l'abîme aux allures d'arène mondaine. Les témoins qui n'ont pas vu ou reconnu les élus ont pu penser assister à un vin d'honneur de mariage. En effet, si la ville a communiqué rapidement sur la remise de médaille, il me semble que la seule communication officielle à cette «  réception  » n'était qu'après-coup, et provenait de l'Institut Pasteur.

Après les petits-fours salés, les brochettes de fruits marquaient le départ pour le «  mapping  » projeté sur l'hôtel-Dieu tout proche. Je pensais abandonner les mondanités et revenir à la normalité pour la première de cet événement public. Je n'avais pas saisi que le déplacement restait officiel, les élus et leurs invités accompagnés par les organisateurs de la soirée pour rejoindre une tribune VIP réservée par la police municipale. 

Quelques huées, un «  à bas les privilèges des élus  », bien audible, mais bien seul, m'ont fait sourire. Il n'y avait pas que des élus, et qu'une place soit réservée aux invités de passage ne me choquait pas. Seulement, une fois installés, la barrière aurait pu restée ouverte pour laisser s'avancer les familles, surtout qu’elles ont du attendre un petit quart d’heure de plus pour qu’arrive et s’installe les officiels. Mais ce ne fut pas le cas. La «  grande fête populaire  » ne l’était pas tant que ça.

À la fin de la projection, la foule se dirigea vers le port pour admirer les feux d'artifices, et je suivis pour rejoindre ma famille. Je ne sais donc pas si une autre destination attendait le groupe d'officiels pour y assister. Quelques semaines plus tard, un autre spectacle pyrotechnique donné lors du gala à la suite du critérium cycliste du Grand Dole a eu lieu. La population n'y fut pas conviée pour des raisons de sécurité. Surpris, les automobilistes de passage improvisèrent néanmoins des stationnements sur le rond-point de la Commanderie. Les Dolois se plaignirent de ne pas en avoir été informés. «  Fête privée en l'honneur des partenaires qui financent la course », répond l'organisateur. À Dole, les réceptions se suivent et se ressemblent.

Nicolas Gomet