Mode sombre

Comme à son habitude, notre camarade Daniel Brémond a prononcé à l’occasion du 11 novembre un discours de libre penseur. En voici le texte.

Amis, camarades, merci à tous les présents, merci aux organisations amies qui ont appelé avec nous à ce 12ième   rassemblement pacifiste, le premier date de 2010, nous n’en avons pas tenu en 2020. Comme il est dit dans le tract d’appel, nous avons l’espoir de gagner enfin la réhabilitation des fusillés pour l’exemple, contre les bellicistes, les bourreaux du peuple ; Nous pouvons être fiers de ne pas avoir oublié leurs victimes, après plus d’un siècle. Nous proposons de recontacter les sénateurs avant leur vote. Au passage, il est bon de savoir que l’association actuellement la plus active contre la réhabilitation, c’est  « le souvenir français ».

Parce que nous sommes pacifistes, nous ne pouvons pas chasser de notre esprit la guerre en Ukraine. On l’a évoquée le 31 juillet (NDLR: date anniversaire de l’assassinat de Jaurès), depuis elle n’a pas cessé, et même s’amplifie. Nous exprimons notre solidarité aux populations en souffrance. Ne sont-elles  pas victimes d’un conflit entre les US et la Russie, exporté dans leur pays comme cela c’est déjà produit en Afghanistan ? 

Pour nous, en France, les conséquences sont comme un prolongement de la crise COVID. On retrouve la division entre les citoyens qui s’infiltre jusque dans les familles, l’anxiété, la peur de l’avenir pour nous et surtout pour nos enfants, une pauvreté grandissante, des fermetures d’entreprises de plus en plus nombreuses. Une récession qui ne serait pas due à la guerre elle-même, mais à « l'alignement français sur la position américaine via l'Union européenne ». dixit Arnaud Benedetti professeur associé à l'Université Paris-Sorbonne dans les colonnes du Figaro. Il qualifie la guerre en Ukraine de « MacGuffin », c'est-à-dire de prétexte permettant d’imposer des restrictions dans tous les domaines, tant sur les libertés, que les salaires et tous les acquis sociaux. 

Et en effet, on peut s’étonner que des causes complètement différentes, une pandémie et la guerre en Ukraine, produisent les mêmes effets ? À moins qu’elles ne soient pas les vraies causes de toutes ces restrictions ? Mais alors quelles sont ces causes ? Réponse : 

On est toujours encadré par l’Union européenne, cheval de Troie du capitalisme qui lui permet de s’infiltrer et finalement accaparer tous les secteurs, on est toujours dans l’OTAN à la botte des US, on n’est pas sorti de la 5ième République, et on a le même président ! 

L’ hypothèse d’Arnaud Benedetti rejoint celle de Naomi Klein qui a publié en 2007 « la stratégie du choc » . Dans cet ouvrage, elle soutient que tous les événements qui conduisent à des chocs psychologiques, permettent aux chantres du capitalisme d’imposer des réformes économiques ultra libérales telles que la privatisation de l'énergie ou de la Sécurité sociale, voire d’instaurer le chaos ? Je pense à l’Irak, à la Libye… Alors le COVID et la guerre en Ukraine ne seraient-ils que deux épisodes de cette « stratégie du choc » ?   

 Notre président n’entre t-il pas dans ce scénario quand il annonce : « la fin de l’abondance, de l’insouciance, des évidences » et qu’il répète « parce que nous sommes en guerre ». 

Et si l’on suit Arnaud Benedetti ou Naomi Klein, ne serait-il pas en guerre contre nous ?

Trois exemples dans ce sens : la gendarmerie vient de commander 90 véhicules CENTAURE. Un blindé 4x4, de 14,5 tonnes, à 650 000 euros pièce, équipé d’un lance-grenades 30 coups, d’une caméra longue portée, de diffuseurs lacrymogènes, d’une lame mobile pour déplacer des obstacles jusqu’à 3,5t . Il peut recevoir un canon mitrailleur, monter des marches de 40cm et gravir des pentes à 60%.  Pour quel usage ? Ce n’est qu’un simple VBMO véhicule blindé de maintien de l’ordre ! Je suppose que ses futurs pilotes iront faire des stages au centre d’entrainement aux actions en zone urbaine installé dans le camp de Sissonne dans le département de l’Aisne. (J’ai lu l’info qui est en fin de texte)

Le deuxième exemple concerne l’instruction publique. S’attaquer à l’instruction publique, c’est sacrifier les générations futures, c’est un crime contre nous tous. C’est ce dont a été coupable Macron dans son premier mandat en détruisant le bac national, en rendant les maths facultatives dès la seconde. Et il récidive : je vais donner la priorité à l’enseignement professionnel avait-il annoncé. Sa priorité consiste à transformer les LP en agence de placement de travailleurs gratuits en multipliant les périodes de stages. C’est pourquoi il y a en ce moment des banderoles sur le lycée Duhamel.

Troisième exemple. Les suspensions des personnels dans des secteurs vitaux : soignants, pompiers, travailleurs sociaux. Outre qu’ils sont déjà en sous-effectifs, ça va bien au-delà : c’est une pression exercée contre les personnels en place pour les contraindre à accepter des injections à perpétuité, c’est aussi une menace contre nous tous, jeunes, salariés, retraités car les mauvaises raisons ne vont pas manquer d’inventer de nouveaux pass, ou sanitaires, ou climatiques, ou énergétiques. Ce sont des suspensions « pour l’exemple » et c’est pourquoi le gouvernement les maintient avec l’objectif de s’attaquer au code du travail et au droit au travail inscrit dans la constitution. Honte à Macron : avec la Grèce et la Hongrie, nous sommes les seuls en Europe à ne pas avoir réintégré les personnels suspendus! 

J’ai introduit sur la paix qui s’éloigne en Ukraine. Il est bon de rappeler qu’en 1918, la paix c’est le peuple allemand qui l’a imposée en se révoltant, comme l’avait fait le peuple russe en 1917. Guillaume II a pris la fuite en train vers le Danemark le 9 novembre. L’armistice, qui n’est pas une capitulation, a hélas! redonné les moyens de la victoire aux forces réactionnaires. Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht en furent les premières victimes.

Je termine en citant trois article de la constitution de 1793, à vous de juger s’ils sont d’actualité : 

Article 33 : « La résistance à l’oppression est la conséquence des autres droits de l’homme. »

Article 34 : « Il y a oppression contre le corps social lorsqu’un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre, lorsque le corps social est opprimé. » 

Enfin, celui que je préfère… Article 35 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.»

Ni dieu ni maitre, à bas la calotte, et vive la sociale. Je vous remercie. 

Daniel Brémond.

Complément : je ne résiste pas au plaisir de  vous donner quelques précisions sur le camp de Sissonne :

Sur les 6 000 hectares du camp de Sissonne, on retrouve trois principaux sites d’instruction : 

  1.  Beauséjour, le village de combat dont l’environnement opérationnel est très réaliste. On y retrouve un bidonville, un hameau défensif.
  2.  Jeoffrécourt, la ville de combat d’une superficie de 1 km² et d’une capacité de 5 000 habitants. Sa construction a débuté en 2008 pour se terminer en 2012. Elle comprend deux zones pavillonnaires, un centre-ville, une zone moderne ainsi qu’une zone industrielle.
  3.  Le complexe de tir en zone urbaine, dit CT ZUB, où on effectue des tirs spécifiques à balles réelles allant du niveau individuel au niveau section de combat. Nous voilà rassurés sur le maintien de l’ordre ! 


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