Mode sombre

Le 23 décembre dernier, un français de 69 ans a tiré au pistolet semi-automatique à Paris, dans un centre communautaire kurde, un restaurant et un salon de coiffure, tuant trois personnes et en blessant trois autres, avant de se laisser interpeler très tranquillement par la police en expliquant clairement que son acte était raciste.

Il avait des antécédents inquiétants, puisqu’il avait déjà été condamné en 2016 pour tentative d’homicide avec arme sur personne vulnérable, pris pour détention illégale d’armes en 2019, et placé en détention provisoire pendant un an pour tentative d’homicide volontaire et violences aggravées après avoir attaqué un camp de migrants avec un sabre en décembre 2021. Il venait d’être relâché, le 12 décembre 2022, placé sous contrôle judiciaire avec obligation de soins psychiatriques.

Dommage qu’il n’ait pas été relâché dix jours plus tôt : il aurait pu rendre gentiment les armes dans le cadre de l’opération spéciale du gouvernement dont nous vous parlions le mois dernier.

Certains pourraient s’étonner du fait que l’individu soit inconnu du renseignement territorial, ou que ses actes ne soit pas qualifiés de terroristes (du moins, pas au moment où nous écrivons).

Heureusement, on peut essayer de mieux comprendre grâce à des entreprises privées passionnées d’information comme Europe 1 (propriété du groupe Lagardère, lui-même passé sous la coupe de Vincent Bolloré, propriétaire – entre autres – de CNews, de C8, de Cyril Hanouna et de la start-up politique d’extrême droite Éric Zemmour). Ainsi, le 27 décembre dernier, une équipe de journalistes-pédagogues tentait d’expliquer la chose :

« Pas question à ce stade de parler d’attentat […] la notion d’attaque terroriste concerne une qualification bien précise, celle de “meurtre commis intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur”, la commission d’un acte raciste ne suffit donc pas à caractériser cette infraction ».

Bon, d’accord, la « qualification bien précise » est tellement vague qu’on peut y faire rentrer à peu près tout et n’importe quoi (et c’est normal, c’est fait pour ratisser large : militants écolos, zadistes, etc.), et en particulier le cas de notre tireur du 23 décembre.

Évidemment, pour le non-spécialiste, ça peut sembler confus ces histoires de vrai terrorisme ou de vulgaire massacre raciste.

Pour mériter le titre de terroriste avec tout le battage médiatico-politique livré avec, il ne suffit pas d’être un fou dangereux qui attaque les gens avec un sabre ou une arme à feu pour les occire : encore faut-il pouvoir être assimilé à l’islam (voire à l’islamo-gauchisme pour les plus souples). Eh oui Jamy ! Sinon, on a juste droit au très banal qualificatif de «cas psychiatrique», bien moins valorisant sur le plan médiatique.

Bonus ludique :

Il y a un peu plus de deux ans, un cinglé amateur de grandes lames, a tué une personne en région parisienne ; saurais-tu retrouver (sans tricher) le nom de la victime ?

Il y a un peu moins de deux semaines, un autre cinglé amateur de grandes lames, a tué trois personnes en région parisienne ; saurais-tu retrouver (sans tricher) le nom d’au moins l’une des victimes ?


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Un radis noir

Être radical, ce n’est pas être extrémiste ni fanatique : c’est s’intéresser à la racine des choses… À la racine des mots, pour pouvoir aiguiser les idées et les concepts… À la racine des maux, pour pouvoir espérer y remédier.


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