Mode sombre

Elle est passée (formellement du moins), l’infâme loi qui nous condamne à deux ans supplémentaires de travail contraint – et donc à au moins deux ans de vie libre en moins.

On pourrait être découragés, résignés, dégoûtés, désespérés… Y voir la preuve ultime de notre impuissance collective, un échec terrible de l’un des plus importants mouvements sociaux depuis 1945.

Je ne m’abaisserai pas à dire que ce n’est pas un échec, mais que ça n’a pas marché : je laisse ça au roi des sacs à vent qui semble tant impressionner les demeurés du landerneau politico-médiatique bourgeois, ces imbéciles qui appellent «pensée complexe» le nihilisme sémantique, la destruction du sens même des mots et du langage.

Non, je constaterai plutôt que cet épique épisode de la guerre des classes en France nous aura permis d’enrichir notre jolie collection d’arguments factuels en faveur de la destruction du mythe hautement toxique selon lequel la Vème République serait une démocratie. Et donc de passer enfin à une revendication offensive fondamentale : la démocratie réelle ! Partout ! Même au taf ! On avance, donc. On progresse.

Détournement de véhicule législatif, réduction drastique du pouvoir parlementaire à coup de procédure accélérée et de 49-3 (et de 100 !), simagrées pseudo-juridiques des vieux politicards du Conseil constitutionnel (arrêtons d’appeler ça des sages !), rejet des demandes de référendum, pétition demandant la dissolution de la BRAV-M tuée dans l’œuf par la Commission des lois alors qu’elle avait atteint le record historique de 250 000 signataires en quelques jours, et bien sûr la désormais habituelle répression policière et judiciaire des contestataires : violences gratuites en tous genres, arrestations arbitraires, arrêtés préfectoraux abusifs pour interdire les manifs et même… les casseroles !

Bref… Cochons sur notre liste de choses à faire : démontrer qu’il faut sortir au plus vite de ce régime crypto-monarchique : fait. Car je pense qu’il est inutile d’attendre de voir le fou furieux élyséen (ou l’un(e) de ses successeurs) dégainer l’article 16 – alias la dictature pur porc – dont l’une des raisons d’être initiales était la peur gaullienne d’une révolution communiste, rappelons-le.

Et maintenant on fait quoi ? (C’est le titre… Suivez un peu !)

Alors initialement, j’étais parti dans l’idée de faire une sorte d’inventaire à la Prévert énumérant des idées pêle-mêle… Mais finalement, je me dis que ça ne sert pas à grand chose : la créativité populaire phosphore fort en ce moment. D’autant que les génies de la communication élyséenne ont eu la bonne idée de verser encore un peu d’essence sur le barbecue de la contestation avec le discours des 100 jours pour entretenir notre motivation et notre imagination (voyez par exemple l’Intervilles du Zbeul sur 100joursdezbeul.fr avec compte à rebours et classement des départements qui auront le plus emmerdé le pouvoir sur la période).

Mais le rédac’ chef m’a lourdement rappelé qu’un édito, ça devait être court, et moins chiant qu’une brochure lénino-académique. Ok, ok…

De toute façon, malgré une manif de premier mai exceptionnelle sur Dole (2060 personnes selon la police, au moins 2062 selon moi), je ne me sens pas la plume légère à cette heure (humeur de goéland mazouté).

Cet édito me prend la tête, alors bâclons (et si vous le trouvez merdique, faites comme chez les GAFAM, mettez-vous un pouce où je pense, et surtout plaignez-vous auprès de la rédac : ça m’évitera cette corvée à l’avenir, et puis accessoirement ça prouvera que quelqu’un l’a lu).

Alors, que chacun fasse bien ce qu’il veut pour apporter sa pierre à l’édifice révolutionnaire (non, ceci n’est pas un appel à caillasser la police : j’insiste)… En essayant juste d’avoir un minimum de vision stratégique de long terme et de recul critique par rapport à nos propres actions, et d’entretenir des relations fraternelles (ou adelphiques pour celleux qui sont à la pointe de la hype sociétale) et des échanges constructifs entre nous sans céder à la longue tradition folklorique gauchiste consistant à nous entredéchirer pour des conneries.

Et n’oublions pas que le temps nous est compté, et que comme nous le rappelle l’ami Frédo : il n’y a pas d’alternative, le capitalisme anthropocide doit être défait !

 

 


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À propos de l'auteur(e) :

Uhm

Noir comme la liberté des anarchistes. Rouge comme l’égalité des communistes. Vert comme la fraternité des humanistes. Énervé comme un homme de gauche dans un monde ravagé par le capitalisme. Misanthrope de désespoir.


Un humaniste misanthrope

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