Casser le thermomètre

La meilleure façon de ne pas voir l’infection, c’est de casser le thermomètre. Le malade finira quand même par mourir, et probablement dans d’atroces souffrances, mais au moins il pourra feindre d’ignorer son état et le cacher à son entourage. Le docteur Macron a décidé d’agir de même avec le France. Dans son esprit en toute légitimité, puisqu’il est persuadé qu’être élu président le rend propriétaire des institutions, de la République, et sans doute de nos vies.

Notre président croit dur comme fer que la guerre contre le carbone sera gagnée grâce à nos centrales nucléaires. Seulement voilà un machin inventé par un président précédent, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire  (IRSN), emploie des chercheurs (oui, il en reste quelques uns…) qui trouvent que ces centrales sont trop vieilles, trop chères, trop vulnérables. Alors un matin de février, notre Manu décide de fondre l’IRSN dans l’ASN (autorité de sûreté nucléaire) bien plus fiable à son goût. Bon, on est maintenant en juillet et l’IRSN existe toujours, mais attention aux décrets du mois d’août signés sur un coin de table.

Le Conseil d’orientation des retraites peut compter ses jours, la révélation d’erreurs de comptabilité qui ont permis de justifier la loi retraite version 2023 n’a pas du tout plu à Manu qui a déjà émis le souhait de s’en débarrasser. Anticor a dénoncé les incartades de Dupond-Moretti, un juge s’est empressé de retirer à l’association son agrément à poursuivre en justice les affaires de corruption. La Ligue des Droits de l’Homme se mêle de ce qui la regarde ? On lui retire ses subventions. Les Soulèvements de la Terre dénoncent la collusion de l’Etat et de l’industrie agro-alimentaire qui détruit l’eau, l’air et la terre, on les dissout. Circulez, y’a rien à voir, aurait dit Coluche.

À croire que seuls les thermomètres institutionnels existent, notre président ne voit pas les multiples associations, blogs, sites web, journaux citoyens (comme les Commères héhé)… Nous sommes des millions à les lire et les écouter, et nous ne supportons plus la pommade du bon docteur Macron.

Jean-Luc Becquaert.