Même si... on est là !

Samedi 22 juillet, il devait être dans les 17h00 sur la plage de Saint-Enogat, près de Dinard sur la côte nord-bretonne. La météo est bonne malgré un vent de sud-ouest assez fort. La mer est basse mais il y a la foule habituelle d'un week-end d'été. Les pieds dans le sable, personne ne commente la nomination des bons pions de la macronie. Cette France-là est au repos : on parle plus de la température de l'eau que de celle des quartiers. Quand soudain arrive de loin, ce son caractéristique que tous les anciens connaissent, le barouf aérien venu d'un autre âge, le vrombissement d'un zinc à moteur, un invraisemblable coucou qui peine dans sa trajectoire d'est en ouest. Tout le monde lève les yeux car depuis l'interdiction de la publicité aérienne il y a deux ans, on ne voit plus ces avions à hélices qui zézayaient dans le ciel, en longeant les côtes.

Et là, l'incroyable se produit sous des milliers d'yeux incrédules. Le zonzon traîne derrière lui une immense banderole où on lit très nettement le mot « DESTITUTION ». Ma femme et moi, on applaudit. Mais on est bien les seuls : si Saint-Enogat est un peu moins huppé que Dinard, le bunker de la famille Pineau est dans le quartier. Le petit avion peine un peu, fait demi-tour en direction de Saint-Malo, puis reprend à nouveau sa route vers le cap Fréhel. Mais la banderole se décroche et tombe dans l'eau avec un effet très théâtral. Le pilote tente de repérer le point de chute avant de repartir vers Pleurtuit, l'aérodrome le plus proche. La photo n'a sans doute pas été prise le jour J et je l'ai repiquée sur Lyon Révolté.

D'après mes renseignements, le pilote dissident avait survolé Dinard avant de se rendre sur la côte. Au vu de la banderole, c'est sans doute le même qui a déjà fait parler de lui en juin du côté de Millau. Ceux qui connaissent un peu le principe du tractage d'une banderole publicitaire par avion savent qu'il faut être un pilote chevronné pour réussir son coup et forcément des complices à terre. Toujours d'après mes renseignements, il semble qu'il faille une autorisation pour survoler la côte et que de toutes façons, la publicité par les airs, et encore plus la propagande, sont interdites. Il y a donc fort à parier qu'un comité d'accueil attendait notre pilote à qui nous souhaitons bon courage et un grand merci pour avoir égayé notre fin de journée et entretenu la conversation autour des barbecues vespéraux car la performance de ce militant est un exploit technique avec un caractère hautement spectaculaire et une visibilité maximale. On peut discuter de son efficacité politique véritable sur des cerveaux en jachère (voir notre édito de l'été toujours en kiosque) mais cette action a le mérite d'être là et de rappeler à l'opinion que le malfaiteur en chef est toujours au pouvoir, qu'il va continuer de nuire et que Gabriel Attal de Couriss (et non pas de coursive comme le disent les langues de putes d'Assas) va sauver l'Education nationale qui n'en demandait pas tant en moins de cinq semaines comme il l'avait avec la jeunesse grâce au SNU, le stage pour ados paumés en costume de policier municipal.

Saluons au passage les camarades dolois réfractaires dont la présence aura été notée par les observateurs du Tour de France dans l'étape jurassienne : on ne pouvait pas manquer l'estafette et ses banderoles dans la côte d'Ivory.

Bravo donc à ceux qui ne baissent pas les bras même si ces tours de force n'ont pas un impact de ouf sur un public malléable que la presse s'emploie à faire flipper avec les intempéries et les incendies.

Ah oui, une dernière chose. Pas un mot dans la PQR locale (ici, c'est Ouest-France, journal catho conservateur faussement progressiste et humaniste) sur l'effraction dans l'espace aérien de notre activiste des airs. Ce n'est qu'à moitié étonnant : cette presse-là n'a aucun intérêt à faire savoir qu'en bas, sur le plancher des vaches, on lâche rien !