Santé

Mam’ et moi, ou la petite parenthèse d’une cinquantenaire

Publié le 22/07/2024 à 07:32 | Écrit par La Rédac' | Temps de lecture : 02m54s

Comme me l’a conseillé le docteur de ces dames (alors qu’à priori, « la personne la mieux placée pour me convaincre, c’est moi ! ») je me suis rendue à mon rencard mammographique, parce que « le cancer du sein parlons-en ! » Et bien oui, parlons-en. Je me souviens déjà de ma réaction quand l’adepte du canard glacé m’a suggéré l’examen. Face à mon scepticisme, il m’a rétorqué « mais t’inquiète, ce n’est rien du tout ! » Ah oui ? … J’aimerais bien le voir, lui, le mâle, le testicule écrasé entre deux plaques de métal glacée pour une couillographie : « cancer du testicule, parlons-en ! ». 

Bref, je me rends à mon super rendez-vous dans un hôpital privé plus communément appelé clinique parce que super doctolib ne m’a rien proposé d’autre... Bon, on savait déjà où allait l’argent public ! 

Bref, assise patiemment mais fébrilement dans la salle d’attente, j’entends, enfin mon nom. Une dame, déjà d’un certain âge me demande de rentrer dans l’anti-chambre : « donnez-moi votre ordonnance, enlevez le haut » puis s’en va. A peine voulu lui dire « et le s’il te plait, on te l’a pas appris ? » que la porte se referme. De toute façon, vu le ton et le sourire de la dame, j’aurais plus craint un steak de doigts dans ma face, plutôt qu’un « oh ! oui, quelle malotrue je fais, excusez-moi, pouvez-vous vous dévêtir, s’il vous plait ? » Torse-poil dans cette anti-chambre, j’attends. Elle revient : « mettez-vous debout là, décalez-vous à droite ». Je m’exécute. « Bougez plus ! ». Je suis agréablement surprise. La science a fait des progrès, à la place de deux plaques métalliques glacées qui compressaient le sein à te demander comment ils allaient ressortir, deux plaques en plastique…frais…mais moins compressifs. Nous avons, enfin été entendu par les concepteurs de ces machines de torture. Bon, je vous passe les détails du sein gauche, et des clichés de profil, les explications peu pédagogiques de sœur-sourire qui te fait passer pour une idiote parce que tu n’as rien compris à ses consignes erronées. Mais tu ne te rebelles pas, tu crains sérieusement le sidekick rotatif arrière dans ta face si tu oses un commentaire … Fin de l’examen … Belle des champs t’enjoint de te rendre sur le fauteuil pour attendre le médecin, puis se barre. Te voilà, les nibards à l’air, à attendre dans un fauteuil ! Même pas un petit drap ou un petit châle pour te couvrir un centimètre carré de peau, rien. Mains sur les seins pour ne pas choper une angine de poitrine, le temps est long, très long. Tes mains ne parviennent plus à réchauffer tes escalopes panées que tes épaules se frigorifient et le frisson transit ta colonne. La matrone se ramène « prenez vos affaires, passez à côté, allongez-vous, le médecin va vous faire une échographie » … Moi « pourquoi, il y a un souci ? », elle…déjà partie. Une petite balade de pièce en pièce les mamelons redressés. J’attends encore, la bedaine au frais, avec angoisse, mais allongée. Le dos est au moins enfin au chaud ! Quand soudain, « toc toc toc ! » entrée théâtrale digne d’un vaux-de –ville du médecin, large sourire, à propos de mes deux seins : « ahahah ! ne vous inquiétez pas, tout va bien ! » Après avoir essorée son pot de gel sur tout mon torse et mes dessous de bras, deux trois petits clichés rapides, un rouleau de sopalin et puis s’en va. Je décide, donc, de me nettoyer et de me rhabiller, en espérant ne pas me tromper et que Cruella ne me verra pas prendre tant d’initiatives. Puis, en attendant mes résultats, et la facturation surtout, je lis « nous condamnons toute violence auprès de notre personnel », ce avec quoi je suis entièrement d’accord. Pour autant, il serait peut-être bien, aussi, qu’ils condamnent toute inhumanité avec la patientèle... 

Li Pousse-Touflé




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