Politique Société

Dans la série « la cancoillotte et le satellite », épisode 3, Le piège

Publié le 22 août 2025 à 05:51 | Écrit par
Jean-Luc Becquaert
| Temps de lecture : 03m52s

Dans nos épisodes précédents (voir ici et ), nous avons vu que, malgré l’acharnement d’une coterie de milliardaires et de leurs serviteurs aussi obtus que déterminés, nous disposons de deux armes puissantes : l’internationalisme et l’intelligence naturelle. Évidemment, ceux qui rêvent de nous faire payer jusqu’à l’air que nous respirons, se sont bien aperçus que ça résiste du côté des troupeaux que nous sommes. Leurs machines à penser tournent à plein régime pour réduire cette résistance à peau de balle mais peinent à comprendre ce que sont internationalisme et intelligence naturelle. Tant mieux.

Si cela nous donne une longueur d’avance, nous en avons plusieurs de retard notamment en ce qui concerne la consommation. Parce qu’il est difficile de se passer de leur business pour un grand nombre de choses comme une automobile, un meuble de cuisine, une petite culotte, un ordinateur ou une pizza surgelée, surtout si on vit en ville comme près de 60 % de la population mondiale et 75 % d’Européens. Et parce qu’ils ont fait main basse sur les services publics censés réguler la solidarité et le partage, comme les transports, la planification industrielle et agricole, l’habitat social, la santé et l’enseignement.

L’actualité nous offre une illustration lumineuse de cet état de fait. L’association britannique Farming UK qui défend l’agriculture paysanne a établi que la part de l’alimentation ultra transformée par rapport à l’ensemble des produits alimentaires se situe autour de 45 % en Belgique, Allemagne et Irlande et plus de 50 % en Grande-Bretagne mais seulement un peu plus de 14 % en France qui se trouve au niveau de la Grèce, du Portugal, de la Croatie et de l’Italie. On comprend mieux l’acharnement de l’industrie agroalimentaire à tuer les abeilles et nous faire bouffer des céréales ionisées ou de la viande anabolisée. Outre les très importantes parts de marché à gagner, il s’agit bien de contrôler notre alimentation et d’éliminer tout ce qui en fait la diversité, la créativité, la vitalité et le lien social. Il est de plus tout à fait étonnant de constater que cet acharnement coûte très cher en propagande, corruption et production de bidules inutiles, peut-être bien plus que ce que les nouveaux marchés rapporteraient. Preuve, s’il en est, que le dessein du capitalisme est avant tout de dominer le monde, l’accumulation de richesses matérielles n’étant qu’un moyen.

Ne nous trompons donc pas de combat. En nous amenant sur le terrain de l’écologie et de l’humanitaire qu’il est facile de reléguer à un plan secondaire en multipliant les guerres (réelles ou supposées) et les crises économiques, les autoproclamés maitres du monde jouent sur du velours, n’hésitant pas à envisager (à nous menacer de) mobilisations générales, confinements sanitaires ou pillages des fonds sociaux. C’est bien sur le terrain politique et économique qu’il nous faut déplacer la lutte. Puisque nous résistons sur notre alimentation, nous pouvons aussi faire la grève des votes tant que chaque scrutin n’aura pas été précédé par de réels débats contradictoires à tous les niveaux de la population, ou en exigeant qu’un élu puisse être révoqué s’il trahit son programme électoral. Coté légitimité, ce serait difficile de faire les marioles et on rigolerait bien d’une présidente de région qui trépigne pour sauver une autoroute inutile mais qui plait à un industriel avec qui elle partage des intérêts ou d’un président de la République qui aurait déclaré réindustrialiser la France et aurait piscine le jour où le numéro deux de l’acier ferme une usine qui a pourtant bénéficié de plusieurs centaines de millions d’aide. On pourrait aussi bouder Ikea, Conforama et Leroy Merlin et ne plus acheter qu’en commun entre voisins, ou des meubles et machines reconditionnés… Nous pourrions alors par exemple exiger des normes environnementales ou humanitaires, nous assurer des conditions de travail de celles et ceux qui ont produit ce qu’on nous vend, et prouver que c’est le travail qui est productif…

J’entends déjà les commentaires, que c’est complètement utopiste, qu’il ne se laisseront pas faire… Évidemment ils ne se laissent pas faire mais le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils ne sont plus sereins du tout : finies les fables sur le progrès des années 60 et 70. Aujourd’hui, ils passent directement aux menaces, au refus d’appliquer les lois qui les dérangent et à la répression policière. Ils ont oublié que les Vietnamiens ont vaincu la plus puissante armée du monde avec des bazookas et des pièges en bambou. Ou peut-être bien qu’ils se souviennent mais comme ils sont ignares, ils savent juste acheter des automitrailleuses blindées, des déguisements de robocop et des journalistes incultes.

La faiblesse, pour ne pas dire l’indigence, de leurs arguments leur interdit tout débat, toute confrontation. La démocratie ne leur convient que lorsqu’ils la contrôlent. Le capitaliste est une idéologie, et son fondement économique est une mystification. Et rien d’autre. Ils ne règnent que par la force et la duperie.

A bientôt pour le grand festival de la pensée magique, d’Adam Smith à Alain Minc.



À propos de l'auteur(e) :

Jean-Luc Becquaert

Né dans une famille aimante et néanmoins de droite, j'étais destiné à une (brillante) carrière de DRH ou de responsable qualité dans la grande distribution. Ma rencontre à 18 ans avec l’éducation populaire dans une cave du XVIIIème (siècle) transformée en théâtre m’a définitivement détourné du libéralisme. Aujourd’hui, mon seul point commun avec Jacques Chirac, c’est le goût de la bière et de la tête de veau.

Anarchiste touche à tout et promeneur solidaire.
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