Mode sombre

Le Brexit a été officialisé par le Parlement Européen. Ca devait être la joie (ou le champagne?) mais ça a donné une version plutôt réussie de la fameuse chanson de PMU « Ce n'est qu'un au revoir mes frères », d'habitude réservée à Robert qui décide de rentrer tant bien que mal plutôt que de payer la 12ème tournée.

Pour juger de la performance de la chorale :

https://www.youtube.com/watch?v=H3AP1raG7b8

Ça devient une habitude à Libres Commères, d'être critique musical quand nos politiciens poussent la chansonnette (https://librescommeres.fr/read/144), mais faut dire, ils cherchent !

Le Parlement Européen s'est donc transformé en vrai Kop de foot, avec les écharpes et les chants ! On sentait que le « You'll never walk alone » était pas loin. Il fallait au moins ça pour saluer la première (et dernière?) apparition soudaine et furtive de la démocratie dans l'enceinte de l'institution européenne.

Là, tu te dis, il débloque, on l'a perdu, il va bientôt parler des Illuminatis-reptiliens. Tu te dis aussi qu'un Parlement c'est élu, ça vote, et donc le Parlement Européen c'est la démocratie incarnée.

C'est se satisfaire de bien peu de démocratie.

Je ne te parlerai pas du fait que ce Parlement est vidé de sa substance par les Traités qui ne lui laissent qu'un rôle de subalterne puisqu'il n'a pas le droit de proposer de lois, qu'il doit se mettre en accord à la fois avec la Commission (non-élue) et les Ministres de nos gouvernements (non-élus) quand, et seulement quand les Traités prévoient qu'on lui demande son avis (donc évidemment pas sur la politique fiscale).

Je ne parlerai même pas du fait qu'il ne peut pas toucher à une ligne des Traités eux-mêmes qui imposent une politique monétaire, une politique commerciale, la convergence économique vers toujours plus de libéralisme et tant d'autres choses.

Non je ne te parlerai pas de tout cela maintenant. J'attendrai que l'actualité permette d'illustrer correctement le fait que la démocratie c'est pas le vote, c'est le choix. Que ce n'est pas l'élection de représentants sans pouvoirs, mais de décisionnaires mandatés par la majorité, ou même mieux, la décision prise directement par la majorité. Tu n'y est plus habitué en tant que citoyen français, mais sache, cher lecteur, qu'il fut un temps où ça arrivait. On appelait ça un référendum.

Je ne rappellerai que des pays et des années. Cette liste est celle des peuples qui ont donc utilisé cet outil pour refuser leur sort dans l'Union Européenne et qui n'ont pas été respectés.

  • Danemark, 1992

  • Irlande, 2001

  • France, 2005

  • Pays-Bas, 2005

  • Irlande, 2008

  • Grèce, 2015

  • Pays-Bas, 2016

 

Sept fois. Sept fois que des référendums légaux ont été invalidés par les représentants des peuples. Soit après « négociations » et un second vote jugé plus conforme aux attentes des politiciens. Soit après que les politiciens ont jugé les peuples incapables d'incarner la démocratie mieux qu'eux mêmes, seuls, et qu'ils prennent une décision contraire à leur choix, en leur nom.

A chaque fois, le Parlement Européen a applaudi les dénis de vote.

C'est donc émus et forcés que les eurodéputés ont finalement respecté un référendum qui n'allait pas dans leur sens.

 

Ça fait un choc pour un député européen de voir un référendum aboutir. Ça valait bien une chanson. Un au revoir à la démocratie qui a décidée de rester Outre-Manche. Sous les traits peu attirants de Boris Johnson, je te l'accorde cher lecteur. Mais comme Robert après la 12ème tournée, il est pas chouette, mais lui, il est parti avant la 13ème !


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À propos de l'auteur(e) :

Baptiste Longet

Issu du monde du Droit, destiné à rejoindre la masse des technocrates bruxellois "in", ma réflexion sur l'écologie, l'anthropologie et les institutions et les constats liés à mes 4 années de voyages me poussent vers un retour à la terre jurassienne et un activisme local.


Juriste en reconversion

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