Mode sombre

Oyez ! Oyez ! Peuple de Fraaance et de Navaaaarre ! La fiiiiin du mooooonde est proche !

Fort heureusement, notre député made in Jura est sur le qui vive à chercher comment nous sortir de la mouise. C'est pour cela qu'Il a souhaité de tout son cœur aller porter Sa Vision à la Commission Développement Durable (ça c'est de la planque). Il y a quelques jours dèjà, Il s'avançait à l'Assemblée Nationale, pour prêcher La Croissance Verte, à travers un discours fort, à faire rougir les plus grands panégyristes.

Bon, arrêtons les conneries deux minutes, mettons les pieds dans le plat.

Un député LR, ça défend quoi : l'emploi, l'entreprise, l'excellence industrielle française, le terroir. Alors voilà, c'est bien beau de passer la serpillière du green washing à la place des industriels, mais il faut bien rappeler que ces derniers sont des stratèges souhaitant continuer leur conquête même dans un monde en décroissance forcée ou organisée. C'est pour cela d'ailleurs qu'ils consultent de plus en plus des cabinets spécialisés en stratégie bas carbone, financent et écoutent des think tanks tels que The Shift Project : un collectif de scientifiques, politiquement libéral, proposant une vision physique et systémique de l'économie qui intègre la décroissance comme phénomène inévitable.

Les industriels ne sont d'ailleurs pas les seuls dans le milieu entrepreneurial à se soucier de leur futur. On retrouve ainsi le Shift Project marabouter la direction du Centre des Jeunes Dirigeants d'entreprises – le plus ancien des mouvements patronaux de France - qui représente quand même 5000 chefs d'entreprises, 80 000 entrepreneurs et plus de 600 000 emplois : faut voir la gueule du machin, les types se disent « libéraux responsables » et le Shift leur fait avaler qu'il est nécessaire d'avoir un état fort et planificateur, que le marché c'est pas la panacée, et que, de toute manière, les entreprises seront obligées de faire avec la décroissance. Résultat, le CJD et le Shift prévoient de collaborer ensemble sur le long terme, pour développer des outils de stratégie bas carbone pour PME.

En bref, notre député ne gratte même pas le vernis dans son intervention. En fait, il ne semble pas comprendre qu'une partie considérable des réseaux traditionnels de sa famille politique est en train de bouger. Cela vaut pour toute la bande à Mickey d'ailleurs, il n'y a qu'à voir la gueule du plan de relance proposé par LR. En tout cas, je fais confiance à notre député pour rester politicien, continuer son métier de tampon entre les entreprises et la société civile, puis changer son fusil d'épaule dans deux ou trois ans quand « son » discours sera devenu inaudible pour tout le monde.

Par ailleurs, il est utile de bien cerner les objets que nous traitons, au risque de nous ridiculiser en parlant de choses qui n'existent que dans notre petit monde. Lorsque notre député parle de croissance, il parle bel et bien de la croissance du PIB, qui n'est qu'une convention, et qui plus est, un indicateur des plus discutables. Il faut rappeler ici que le PIB est le résultat de notre consommation d'énergie et que l'Europe est justement en décrue énergétique depuis 2006. Simplement, le PIB n'est pas en mesure de nous en informer : cet indicateur ne prend pas en compte le pillage des ressources naturelles qui ont été nécessaires à son accroissement. Regarder le PIB, c'est en gros comme si une entreprise se contentait de regarder son chiffre d'affaire prendre quelques pourcents sans se soucier du réel bénéfice après les charges.

Et que dire de ceci... « La décroissance, c'est moins d'emplois ».

La décroissance physique de nos sociétés n'est pas un objet politique partisan: c'est un changement de paradigme économique et social complexe qui sera organisé ou subi, une métamorphose dans notre manière de produire et de distribuer, une reconfiguration radicale de notre être-au-monde. Cela se prépare, cela se pilote et si on a pas envie de s'en occuper, et bien tant pis, on crame (littéralement). D'ailleurs, ça commence à gigoter, à l'exemple de l'OCDE qui, fin 2019, lançait un meeting haut en couleurs intitulé « Advertising System Collapse », sortant des vieux cartons le modèle «World 3 » du Rapport au Club de Rome de 1972, « Les limites à la croissance ». C'est dire à quel point la croissance verte ne fait plus bander que les technoploucs.

Ainsi, concernant la question de l'emploi, ou plutôt de la division du travail, c'est tout à fait à la base d'une politique de la décroissance, avec tout ce que cela entraîne d'enjeux sur la formation, le choix des savoir-faire, le rapport social au travail... A l'exemple du bâtiment : oui, en décroissance, plus de travail de gros œuvre, plus de piscine à 25 briques, plus de Dole Expo... Par contre, c'est la requalification des ouvriers vers les filières de la rénovation énergétique des bâtiments, les filières bois... Ou même vers des métiers différents. Peut-être est-ce même la fin de la spécialisation des individus dans un seul métier.

Oui c'est un défi, on n'est pas dans de la mesurette... ni dans des courbettes de politiciens.

Finissons en parlant de nous. Lors de son passage, notre député nous parle d'une « croissance respectant l'Homme ». A cela, je lui réponds qu'un aller-simple pour le Congo, direction les mines de cobalt, lui ferait le plus grand bien, faute d'avoir pu se déplacer sur les ronds-points pour avoir en visu un exemple bien de chez nous de ce qu'est sa « croissance qui respecte l'Homme ». Le type est fort. On plonge la tête la première dans une récession économique sans précédent: le plan de relance ne fonctionnera pas, principalement à cause du goulot d'étranglement sur l'énergie en Europe à horizon 2030. Il faut bien voir ici une chose, les premières victimes de tout ce mic mac, seront en premier lieu les travailleurs précaires, ceux du primaire et du secondaire, les jeunes, les vieux. Le Jura compte tant d'ouvriers, d'agriculteurs, d'intérimaires... Mais non. Son député défend la croissance verte, persiste dans l'incompétence criminelle. Il y a dans cette obstination quelque chose d'épatant, il faut le dire.

Que je sois bien clair, notre député a la charge de la preuve derrière son discours. Nous attendons toujours ses références scientifiques concernant la pérennité de la croissance économique. Je ne m'aventurerai pas plus avant pour cette fois. Mais vous pouvez aller plus loin par vous même, il ne faut pas chercher loin pour trouver les ressources scientifiques suffisant à débunker les discours politiques de la croissance verte et du développement durable. De plus, je n'ai rien à prouver, moi, je ne me ridiculise pas en gesticulant à l'Assemblée Nationale.

E.B.A


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À propos de l'auteur(e) :

Elie Ben-Ahmed

Faux écologiste admis aux Gilets Jaunes sur liste d'attente, souffre d'hyperphagie informationnelle causant souvent des troubles de paraphrasite aigue. CAP "Technicien de Maintenance de l'Ascenseur Social - Option Scooter en Y" en cours.


Volontaire en sévices civiques

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