Mode sombre

A l’instar de ce manifestant qui porte une pancarte autour du cou, les Français se posent de sérieuses questions sur l’état de santé mentale du président Macron. J’ai déjà écrit plusieurs articles à ce sujet dont les liens sont enfin en annexe. Je ne partage pas l’avis général sur le caractère pervers, manipulateur et sadique d’Emmanuel Macron. Certes il offre des symptômes qui peuvent laisser penser qu’il se plait à provoquer et à mécontenter son peuple, qu’il est volontairement sourd à notre colère ou qu’il a le vice incrusté en lui. On l’accuse d’être jusqu’au-boutiste et arrogant, menteur et méprisant, déconnecté et drogué à la cocaïne. Un portrait pas très reluisant pour un chef d’État. Il est loin en effet le temps du jeune président fringant, athlétique, moderne, supérieurement intelligent, brillant en société et ambitieux pour la France. Son image qui a pu faire illusion jusqu’à l’arrivée des Gilets jaunes est très sérieusement écornée car elle a pris de plein fouet le principe de réalité. Et le principe de réalité pour un dirigeant, ce sont les dirigés. 

J’ai déjà lancé l’idée il y a plus de trois ans qu’Emmanuel Macron souffre d’une pathologie sociologique assez singulière, peu connue du grand public, qu’on nomme la paraphrénie. Chacun d’entre nous possède la capacité à s’octroyer des compétences par opposition aux rôles des autres. Cette faculté permet la répartition des tâches dans la société en général, au-delà de celle qui s’opère sur le travail. Chacun se voit ainsi investi de fonctions sociales plus ou moins cumulables: chef(fe) de famille, conjoint(e), bassiste, chauffeur pour les enfants le mercredi, capitaine de soirée le samedi, comptable dans une association, graphiste, monteur d’étagère, conseiller (-ère) matrimonial(e), confident(e), ailier droit sur la plage, partenaire sexuel(le), compagnon de lutte, joueur (-euse) de Monopoly… Et tout cela au gré des circonstances. Pour chacun de ces postes sociaux, nous développons une certaine responsabilité par laquelle nous prenons en charge la fonction. Elle correspond à ce que nous sommes capable d’assumer dans un contexte donné. Si la charge est trop lourde à assumer et donc mal assurée, le collectif doit pouvoir prendre la relève avec l’accord de la personne relevée de sa fonction. En gros, si tu n’y arrives pas, je te file un coup de main ou je te remplace.

La paraphrénie enferme le malade dans sa fonction. Pire: sans traitement adéquat, l’évolution de la maladie renforce l’isolement du paraphrène qui aura tendance à monter les marches de sa tour d’ivoire, ce qui le condamne à être de plus en plus perché et inaccessible. Si l’occasion lui est donnée de réaliser une part de sa construction délirante dans la vraie vie comme c’est le cas d’Emmanuel Macron, il la prendra probablement. D’ailleurs, bon nombre de nos dirigeants ont sans doute une tendance paraphrénique : on appelle cela l’ambition sociale qui leur permet d’endosser de grosses responsabilités quand d’autres appréhendent ces fonctions et ne pensent pas avoir la carrure pour de tels costards.

Je vous donne un exemple: vous pouvez si l’occasion se présente, être un « sauveur » pour une personne en détresse mais passée cette circonstance, vous redeviendrez un agent social comme un autre. Si en revanche, vous vous prenez tous les jours pour le « Sauveur » dont l’humanité a besoin, il va falloir songer à consulter au plus vite.

Par un phénomène de diplopie, le malade parfois même très sérieusement touché peut malgré tout conserver un comportement social « acceptable » en ce qu’il ne présente pas obligatoirement un caractère dangereux pour autrui. Il peut même garder pour lui sa mission intérieure qui peut rester secrète et insoupçonnée. En revanche, le paraphrène peut se sentir persécuté si son entourage résiste à ses aspirations et se montre réfractaire à son projeeeeeet.

Je ne vais pas rentrer dans les détails ici: Macron a beau être un cas d’école, il me fatigue à la longue. J’avais pourtant salué à une époque une certaine inventivité pathologique, motivée par cette irrépressible envie d’être le premier partout où il passe. Or cette capacité à surprendre et à nous prendre à revers semble avoir disparu: Macron parait avoir perdu l’inspiration. Il ne surprend plus son monde, il est basiquement là où on l’attend. S’il était imaginatif, il renoncerait immédiatement à sa réforme des retraites, calmerait le jeu sur les expulsions de migrants et relancerait les négociations de paix avec la Russie. Ça prendrait tout le monde de court et il reprendrait une longueur d’avance. 

De la paraphrénie, il ne reste plus au président que l’enfermement dans la certitude d’avoir une mission (contraindre par tous les moyens une population réfractaire aux idées néolibérales) et d’être le meilleur (et même le seul) candidat pour l’accomplir. Mais les Français font de la résistance et le grand rêve du réformateur néolibéral se heurte à la colère de la rue. Mais alors qu’il devrait chercher le compromis, la paraphrénie le pousse à s’arc-bouter sur ses positions de grandeur et à s’obstiner dans ses choix. Sa majesté en a pris un coup dans l’aile à nos yeux mais dans son délire, il est toujours aussi certain d’être parfait dans son rôle. Non seulement il est au-dessus de tout le monde mais il est à la hauteur de la place qu’il occupe. Aucune remise en question n’est possible. Si le Conseil constitutionnel retoquait son projet de loi, il le prendrait comme un échec personnel avec toujours ce sentiment de ne pas être compris. Il vit la contestation comme une agression contre sa personne, non pas physique, mais morale. S’il ne part toutefois complètement en sucette, c’est parce que, par un phénomène de diplopie, les personnes qui développent un syndrome paraphrénique réussissent à conserver un semblant de sociabilité. Or on voit bien que Macron n’écoute « véritablement » personne, ni la population, ni les journalistes.

Qu’on nomme cela tour d’ivoire ou folie des grandeurs, l’adjectif qui correspond le mieux à cet homme, c’est « perché ». Macron est perché et ne redescendra pas tout seul. Mais comme la paraphrénie est évolutive et que le président est de toute évidence addict à des psychotropes stimulants qui accentuent le phénomène (la cocaïne dope la confiance en soi), il est de notre devoir de faire circuler l’info que le président n’est plus apte à assurer ses fonctions de représentant de la nation ou de dirigeant du pays, que les dérapages incontrôlés, les provocations « involontaires », les monologues interminables qui sonnent faux et qui sont bourrés de contre-vérités et l’isolement monarchique dont il s’entoure sont les manifestations de son mal qui ne pourra qu’empirer. 

Emmanuel Macron tient le rôle de la majesté mais il n’en a pas les moyens, ce qui actuellement rend l’exercice du pouvoir pathétique. Il n’a de toute évidence pas la carrure que requiert une telle fonction. Cette dernière exige d’ailleurs trop d’un simple être humain et doit donc être revue dans la prochaine constitution. L’ère des « fürhers » et des « duce » est révolue.

On peut encore attribuer la rigidité des postures de Macron à du mépris de classe comme le prétendent ceux qui refusent encore à psychologiser le problème ou à de la maladresse comme tentent de le faire ceux qui ne veulent pas voir la réalité en face. Olivier Paccaud, sénateur (rattaché LR, habitué aux filouteries et à l’entourloupe) de l'Oise déclare à propos d'Emmanuel Macron et de sa réforme des retraites : « Sur le fond, cette réforme il faut la faire mais Emmanuel Macron s'est comporté comme un mammouth dans un magasin de porcelaine. Il doit retrouver les voix du dialogue ». Jordan Bardella, un spécialiste RN de la question, parle de « plaisir malsain » de la part du président. Frédéric Lordon, quant à lui, préfère qualifie le patient de « forcené » qu’on devrait « déloger ».

En effet, il est suicidaire de confier notre avenir à un paraphrène qu’on n’arrive manifestement plus à raisonner et qui, plus est, se drogue. Si la dope est d’un usage assez commun dans les milieux politiques et financiers, il n‘en reste pas moins que, dans le cas d’Emmanuel Macron, la prise de psychotropes devrait être interdite: le sort de dizaines de millions de Français en dépend trop.

Un forcené, on le déloge. Un despote, ça se dépose. Pas forcément en douceur d’ailleurs. Ensuite viendra le temps de l’examen psychiatrique, de l’établissement de la responsabilité de ses actes et de l’éventuel procès pour haute-trahison. Et là, y a du lourd.

On peut aussi continuer à fermer les yeux et à se laisser conduire droit dans le mur.

 

Articles précédents sur le même sujet:

 

MACRON EST-IL INAPTE À GOUVERNER ?

 

H24 – Macron est-il psychopathe? Peut-être pas…

 

Plus technique mais au coeur du sujet: 

 

P37 – D’un président à l’autre

 


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À propos de l'auteur(e) :

Christophe Martin

Passionné de sciences humaines mais d'origine bretonne, je mets mes études en anthropologie et mon humour situationniste au service de mon action politique et sociale.


Formateur dans l'industrie et pigiste au Progrès

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